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Backpacker
77 abonnés
780 critiques
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1,0
Publiée le 21 novembre 2006
Une histoire sympathique mais pas passionnante non plus... Heureusement que Catherine Breillat se montrera moins conventionnelle mais beaucoup plus provocante par la suite... A voir essentiellement pour ce couple inédit composé de Claude Brasseur et Lio... Pour le reste, on reste un peu sur sa faim...
Jusqu’à « Sale comme un ange » Catherine Breillat tournait autour du pot. Ici c’est clair, Barbara réticente se fait d’abord forcer, avant de jouir puis de se dégouter, avant de… (Je ne vais pas tout vous dire quand même !). Lio à la fois torride et glaciale, interprète magistralement cette femme à l’horizon d’abord limité dans le paraître au travers de ses tenues, puis affirmée au fur et à mesure des décès qui impactent indirectement ou directement sa vie. Face à elle, Claude Brasseur, tellement fatigué, qui ne copule plus que pour honorer son tableau de chasse vis à vis des collègues, est perturbé par cette improbable renaissance physique à laquelle il a du mal à croire. La dernière scène atteint les sommets et le sourire de Lio après la gifle est un grand moment. En abandonnant sa grossièreté habituelle et en se concentrant sur l’essentiel, l’amour physique qui ne peut cohabiter avec l’amour sentimental, Catherine Breillat réalise un film tendu et crispant dans le bon sens du terme, prouvant que la romancière peut avoir un vrai talent de cinéaste. Snobé par une certaine critique, « Sale comme un ange » connaît l’opprobre d’un scénario à la fois refusé par Maurice Pialat, considéré comme un maître par l’intelligencia cinématographique française qui bande presque exclusivement à gauche, et par les féministes jugeant le discours un peu trop tendre de leur point de vue. C’est injuste surtout vis à vis d’un couple central (Lio/Brasseur) épatant et une vraie maîtrise de l’écriture. Dommage que les mouvements de caméra soient plombés par des travellings inutiles et que les seconds rôles soient approximatifs pour la plupart.
5 ans après "Police", dont elle avait co-écrit le scénario, Breillat réalise un film où l'on retrouve beaucoup de l'ambiance de celui de Pialat : scènes de commissariat, rapports entre le flic et la femme sur laquelle il a jeté son dévolu, relations des policiers entre eux, des condés avec les voyous. Tout cela, vu sous un angle naturaliste, n'a évidemment rien en commun avec les films noirs hexagonaux de cette époque, qui trônaient en haut du box-office, de "La balance" aux navets de Deray et d'Arcady. Si "Sale comme un ange" (superbe titre) n'est pas aussi réussi que "Police", c'est qu'il pâtit d'une erreur de casting monumentale : Claude Brasseur, morne comédien, incapable de porter un long-métrage sur ses épaules, est loin d'être à la hauteur. Son personnage, qui est quasiment de tous les plans, n'est pas défendu par l'acteur, incapable d'incarner la fêlure que l'on entrevoit chez ce solitaire.
On découvre déjà que Catherine Breillat déteste les hommes. Elle montre dans ce film des femmes aux prises avec des hommes médiocres, assez violents et méprisants. Un peu caricatural c'est évident mais le traitement cinématographique est assez bon. L'histoire est soutenue par un décor de Paris glauque sous la pluie. Les dialogues sont très réalistes et le jeu des acteurs est excellent. A commencer par Claude Brasseur (césarisable) et la jeune Lio pleine de justesse.
Breillat revisite un genre alors à bout de souffle en ce début des années quatre-vingt dix : alors que Navarro brille sur TF1, le policier ne se relève pas des années super fliquées où planent encore les ombres de Delon et Belmondo. Ici les flics ordinaires s'emmerdent dans leurs petites vies minables. Heureusement Lio éveille un désir indécent chez Brasseur, flic misogyne et peu loyal. Pour ce duo (duel) inattendu et pour son audace, Sale comme un ange mérite quelques étoiles.