Un beau film, touchant, social, avec des acteurs incroyables ! On lui regrettera juste son ton un peu trop léger et légèrement trop drôle pour une cause si dramatique ...
Comédie dramatique, coécrite et réalisée par Gérard Jugnot, Une Époque Formidable... est un film plutôt pas mal. L'histoire nous fait suivre Michel Berthier, un cadre moyen dans une société spécialisée dans la vente de matelas, qui vient de se faire licencier. Voulant à tout prix un enfant de sa femme Juliette, qui en a déjà deux d'un premier mariage, il ment sur sa situation professionnelle. Seulement, il va se faire virer du foyer familial lorsque sa moitié apprend la nouvelle. Commence alors une nouvelle vie dans la rue où il fait la rencontre de Crayon, Mimosa et Toubib, trois sans domiciles fixes qui deviennent ses compagnons d'infortunes. Ce scénario est globalement plaisant à visionner pendant sa durée d'une heure et demie. En effet, ce petit groupe de rejetés va vivre de nombreuses mésaventures faites d'errance, de petites magouilles et de débrouilles en tout genre pour tenter de subsister dans ces conditions de vie misérables. Le sujet traite de la chute sociale et met en avant cette extrême précarité avec bienveillance malgré quelques clichés. Le ton est lui plutôt bien équilibré entre l'aspect comique et celui dramatique. Les scènes alternent donc entre moments amusants et séquences plus tristes. L'ensemble est bien porté par une distribution comportant de beaux noms avec en tête d'affiche principale Gérard Jugnot lui-même. Il est entouré par Richard Borhinger, Ticky Holgado et Chick Ortega qui campent les sans-logis et Victoria Abril qui joue sa femme. À noter également quelques apparitions sympathiques de visages bien connus comme ceux de Charlotte de Turckheim, Zabou, Michèle Laroque, Chantal Ladesou ou encore Patrick Timsit. Tous ces rôles sont très différents mais tous appréciables, notamment les trois comparses du nouveau pauvre qui ont chacun une personnalité bien distincte et complémentaire. Résultat, leurs échanges procurent quelques émotions entre drôlerie et peine. Des échanges soutenus par des dialogues de bonne facture. Sur la forme, la réalisation de l'homme au multiples casquettes s'avère bonne. Sa mise en scène est assez classique et évolue dans des décors urbains servant de terrain de jeu à cette bande de joyeux lurons. Ce visuel assez quelconque est accompagné par une b.o. aux compositions agréables, bien qu'ayant peu d'impact sur les images et l'action. On retiendra tout de même la chanson signée Francis Cabrel. Cette descente dans la précarité s'achève sur une fin correcte, venant mettre un terme à Une Époque Formidable... qui, en conclusion, est un long-métrage méritant le coup d'œil, sans pour autant être indispensable.
Comment glisser petit à petit vers la misère ? Comment passer de son statut de cadre à SDF ? La démonstration de Gérard Jugnot aurait pu être édifiante, seulement son personnage ne fait que précipiter les choses. J’avais vu le film à sa sortie et n’avais pas apprécié la façon dont Jugnot avait conduit son personnage dans la rue. Que Michel Berthier ne veuille pas annoncer son licenciement à sa femme, qu’il fasse semblant de travailler, faire croire qu’il a une promotion, je veux bien. Qu’il dépense somptueusement comme si de rien n’était n’est pas responsable et par voie de conséquences précipite sa chute. A cela s’ajoutent des propos désobligeants envers sa femme. Il fait tout pour être éjecté ; il donne le bâton pour se faire battre. Michel Berthier est un personnage irresponsable !
Cela dit, content d’avoir revu « Une époque formidable » ; c’est bien écrit, tout fonctionne bien avec ses compagnons Crayon, Le Toubib et Mimosa ; ce sont de bons portraits. J’ai toujours bien aimé la gouaille de Ticky Holgado et salue la prestation de Richard Bohringer qui joue un personnage à l’oeil perspicace avec une discrète et non moins piquante bienveillance. spoiler: Sans lui, Michel Berthier n’aurait ni retrouvé courage, ni confiance ni sa femme.
A bien y réfléchir, il y a mille et une raisons qui mènent des gens à la rue comme l’alcoolisme, la drogue etc… La démonstration de Gérard Jugnot, que je boudais à tort il y a trente ans, est tout à fait recevable. J’admets très volontiers qu’une longue et lente descente vers l’enfer de la rue peut être consécutive à une simple honte d’un échec professionnel ; dévalorisée (à tort ?) la victime s’enfonce dans le déni, dans le mensonge qui finit par l’éjecter du home sweet home… Mea culpa Gérard Jugnot.
Le Gérard Jugnot acteur a fait de très belles choses dans sa carrière mais le Jugnot réalisateur est assez sous-estimé. "Une époque formidable" est un petit bijou d'intelligence car il allie à merveille un sujet lourd, grave (et qui sera toujours d'actualité) avec un ton très léger où les moments drôles sont légions ce qui rend le film très plaisant à regarder. Tous les personnages sont terriblement attachants, la musique magnifique de Cabrel est très bien utilisé. Le film a plus de 30 ans mais il reste indémodable.
C'est un film sympa, tourné quand j'avais vingt ans. C'était une époque pas forcément formidable. L'histoire d'un homme qui tombe, tout à fait réaliste. Maintenant je m'approche de cinquante ans et je peux très bien en arriver là. D'ailleurs si je regarde ou j'en suis, je n'en suis pas loin. Quand on est pauvre, on doit se débrouiller, et quitte à outre passer les droits et la loi. C'est un bon petit film français à la Jugnot.
Le film "Une époque formidale" est une belle satire sur le chômage, la vie "joyeuse" et la solidarité des clochards ... Gérard Jugnot, réalisateur et comédien de ce film a voulu nous faire comprendre que le chômage suite à un licenciement économique est un sujet tabou en France! Il est difficile d'annoncer le chomage à l 'entourage et on préfère mentir pour se protéger mais aussi protéger les autres. Du coup, bonjour l'escalade des mésaventures : dépenses inutiles, gros achats ! Gérard Jugnot salue le courage et la générosité des clochards ...Chaleureux et humain, ce film ! Le scénario est simple mais le message est fort ! Richard Bohinger est excellent dans le rôle d'un clochard, il est charismatique ... Beau film !
Les points de suspension ont leur importance. Ils indiquent l'ironie, le désabusement de Gérard Jugnot sur la société minée par le chômage, la misère, l'égoïsme. Quiconque ayant cherché du boulot aura affronté des recruteurs avec leurs questions stupides ignorant qu'ils ont l'avenir des candidats devant eux dans leurs mains. Non, l'essentiel étant qu'ils fassent leur petit numéro. Cette solidarité, cette fraternité, cet art du système D, cet ex-cadre ira les trouver dans la rue avec les autres clochards. Je ne suis pas persuadé que ce soit franchement la voie à choisir. Car il passe sous silence toute la violence que l'on peut y trouver : la perte de la dignité, la honte, l'alcool, les maladies, la saleté. Que sais-je encore ? Et la fin n'est pas forcément heureuse à chaque fois avec bobonne qui t'attend sagement à la maison comme si rien ne s'était passé. Par contre, ça peut être une expérience pour se rendre compte que le vrai bonheur est auprès des siens, que le mensonge est ridicule et ne mène à rien. Jugnot réalisateur, c'est ça. Outre qu'il n'a pas l'air de s'assumer plus qu'au temps de Pinot simple flic, c'est un comique humain, maladroit, qui interroge les défauts de la société de l'époque bien avant la récession de 1993 et la crise de 2008. Avec un message. Son diagnostic sombre oubliait de dire qu'on avait pas encore tout vu.
Un film intéressant car il réunit un groupe de comédiens qui jouent justes et à l'unisson ces marginaux de la rue qui commençaient à se multiplier. Un sujet malheureusement très actuel après toutes les crises (1993,2008,2020...) que Gérard Jugnot a bien maîtrisé comme réalisateur.
Je ne savais pas que Gérard Jugnot avait été/est réalisateur et c’est avec Une Époque Formidable que je le découvre. Je suis agréablement surpris. Visionner un film 30 ans après cela peut être fatale, mais ce ne l’a pas été dans ce cas. La première chose qui me vient en tête c’est qu’au sujet des sans-abris, de la précarité de l’emploi et de la considération sociale, la France ne semble pas avoir beaucoup évolué. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse d’un film profondément revendicatif. Gérard Jugnot porte un regard très tendre sur la société et cela se sent à travers sa réalisation et notamment les personnages. On s’attache rapidement à cette bande de casse-cous un peu loufoque grâce à des scènes ou des dialogues comiques réussis. Bonus : la chanson du générique de fin de Francis Cabrel qui vient clôturer les aventures de Michel Berthier avec une note un peu plus sérieuse, mais toujours empreinte d’une certaine douceur.
Du pur Gérard Jugnot, avec une histoire dramatique , celle d'un homme ordinaire se retrouvant subitement à la rue, racontée sur le ton d'une comédie jusqu'à sa spoiler: fin heureuse . Le monde des SDF parait bien loin de la réalité mais c'est du cinéma, pas un documentaire. Aussi nous suivons avec bienveillance les tribulations de ces bras-cassés (dont Ticky Holdago le roi des seconds rôles), avec de ci et delà un petit sourire et bien entendu avec toujours en arrière plan cet optimisme inscrit dans la filmographie du réalisateur Jugnot. Peut être pas formidable mais tout au moins sympathique.
Traitant d'un sujet malheureusement plus que jamais d'actualité avec humour et dureté, "Une époque Formidable" présente les conditions de vie des Sans Domicile Fixe avec leurs soucis et leurs craintes mais aussi leurs espoirs. Gerard Jugnot interprète un chômeur sans maison attachant et auquel on se reconnait à travers son éternel bouille de français moyen. Au delà, il délivre aussi un message fort qui touche beaucoup étant donné la véracité des scènes qu'il propose, traitées il est vrai avec facilité mais se révèle tout de même être nécessaire. Un divertissement plaisant qui nous pousse à sortir aider les personnes qui dorment dehors ce soir. A voir, juste par devoir civique et parce que la pauvreté est un fléau qui peut nous surprendre du jour au lendemain.
Inquiétant tout en essayant de surnager par l’humour une époque formidable collecte sa force dans la seule conception possible et supportable, le groupe même si celui-ci est corvéable ou marginalisé.
Berthier curieusement acquiert un équilibre au contact de la rue en s’intégrant à une meute combinatoire adaptée à la sphère de l’exclusion.
L’épreuve du froid est bénéfique, initiatrice pour un homme épuisé par le rendement, pensant naïvement que l’accumulation de biens artificiels est un passeport pour conserver l’être aimée.
Ce châtiment temporaire recadre un dispersé dans des valeurs simples ou la conquête d’une simple paire de chaussures est presque une extase.
Dehors on n’est plus rien, il faut être débrouillard en espérant tomber sur de bonnes ressources d’accompagnements. Berthier s’adapte aux viandes avinées et aux crises de démences dans un environnement devenu presque acceptable.
En ce début d’années quatre vingt dix la crainte majeure est la limite d’âge. Celle qui vous balaie de l’entreprise à quarante ans dans l’indifférence générale.
De nos jours un remake d’une époque formidable serait insoutenable. Tellement d’ingrédients nouveaux sont apparus que le forage d’un nouvel opus s’avère presque impossible.
Une époque formidable malgré son sujet détient un parfum de liberté. La rue à temps complet est perçue comme conviviale, un terrain de jeux délirant sans hiérarchies ni règlements foulé par une troupe acclimatée à sa conjoncture.
Tout ceci est presque Darwinien. Le banni de plus en plus jeune s’accommode aux désagréments naturels par une carapace renforcée.