Icône du bestiaire de monstres des Studios Universal, le Loup-Garou a un peu plus subi les affres du temps que le classieux Dracula et l’intemporel Frankenstein. Pour autant, "The Wolf Man" restera comme la première apparition marquante du légendaire monstre à l’écran ("Le Monstre de Londres", sorti quelques années avant, ne bénéficiant pas de la même place de la culture populaire aujourd’hui) et se regarde, aujourd’hui avec un plaisir certain… pour peu qu’on ne soit pas réfractaires aux films d’horreur des années 30 (voir 40, le film étant sorti en 1941). Car, le film réunit tous les ingrédients qui raviront les nostalgiques de l’horreur à l’ancienne avec sa légende ancestrale que tout le monde connaît mais à laquelle personne ne veut croire, sa musique d’autrefois venant accentuer l’ambiance, ses forêts brumeuses… Mais le film dispose de quelques atouts par rapport à ses concurrents de l’époque à commencer par le talent du réalisateur George Waggner qui est parvenu à donner à son film un rythme qui reste acceptable aujourd’hui encore (même si on peut regretter quelques baisse de rythme par moment) mais, surtout, à ancrer son intrigue dans une époque difficilement cernable, ce qui offre à "The Wolf Man" un caractère intemporel plein de charme. Mais, l’atout principal du film reste, selon moi, son scénario qui fait la part belle à la tragédie vécu par son héros, Lawrence Talbot (Lon Chaney Jr, formidable d’humanité), qui est, avant tout, une victime et qui souffre du mal qu’il fait aux autres. Les tourments de cet homme qui se sait coupable, sans pour autant être responsable de ses crimes, confère au récit une dimension à laquelle peu d’autres films d’horreur de l’époque peuvent prétendre (à part, peut-être, "Frankenstein" avec un monstre moins humain). A ce titre, le final, bien qu’attendu (pourquoi donner la canne au père ou priver la belle de son talisman si ce n’est pour arriver à cette conclusion ?), parvient à émouvoir, notamment grâce à l’empathie immédiate que suscite l’interprétation de Lon Chaney Jr. Il serait injuste d’oublier la prestation de Claude Rains en père dubitatif, de Maria Ouspenskaya en vieille gitane ou encore du furtif Bela Lugosi en gitan. J’ai moins été convaincu par Evelyn Ankers, peu marquante dans le rôle de la belle du héros, ou encore par Ralph Bellamy en enquêteur un peu transparent. Enfin, difficile de ne pas évoquer le maquillage du loup-garou, confectionné par l’artiste Jack Pierce, qui, certes, est moins impressionnant que les autres créations marquantes du génie (à commencer par Frankenstein et la Momie) mais pas forcément moins iconoclaste. On s’amusera, d’ailleurs, des scènes où ce pauvre Talbot se transforme en loup-garou, ces scènes paraissant franchement datées aujourd’hui mais étant filmés avec assez de retenu pour ne pas sombrer dans le ridicule. "The Wolf Man" est donc l’un des meilleurs films d’horreur classiques des studios Universal et est parvenu à marquer durablement le cinéma en posant les bases d’un univers qui valent encore aujourd’hui (la pleine lune, les transformations progressives, la brume, l’argent comme moyen de défense…).