"Docteur Folamour ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe" arrive, dans la filmographie de Stanley Kubrick, sept ans après "Les Sentiers de la Gloire", qui marqua le début de la gloire du cinéaste, et dans lequel il exprimait déjà avec brio le rejet des dirigeants, politiciens ou généraux, souvent amenés à prendre les mauvaises décisions. C'est exactement le même discours que l'on retrouve dans "Docteur Folamour", mais sur un tout autre style, avec un décor historique également différent. La Guerre Froide prend ici la place de la Première Guerre mondiale, le burlesque et l'humour noir remplacent le film de guerre. Pourquoi pas ? Néanmoins, force est de constater que le résultat est légèrement en-deçà de l'autre film du cinéaste. Venons-en aux détails. Soulignons d'abord l'excellente prestation de Peter Sellers que l'on retrouve dans pas moins de trois rôles, mais aussi George C. Scott, qui ajoute également sa propre touche comique assez subtilement. On remarque également le talent du Kubrick dans le choix des musiques pour son film, que ce soit lors des scènes d'aviation, ou à fortiori dans la scène finale ou l'on reconnait "We'll Meet Again" de Vera Lynn. Le film joue la carte de l'humour avec un certain succès, même si les séquences sont assez inégales et quelques-unes un petit peu moins efficaces. Globalement, Kubrick parvient à rendre son message très clair, peut-être trop lorsqu'on découvre que le Docteur Folamour n'est autre qu'un étrange nazi convulsif. Toutefois, l'ironie est utilisée habilement, la satire est efficace. Le plus gros problème du film est la simplicité de l'intrigue, qui s'allonge indéfiniment jusqu'à la résolution finale, qui, malgré le fait qu'elle soit assez inattendue, ne surprend pas outre mesure. "Docteur Folamour" fait, certes, partie des nombreux films cultes signés par Stanley Kubrick, il n'est certainement pas son meilleur, même si l'on trouve de très bonnes choses expliquant pourquoi ce film est toujours un incontournable.