Sacré Zulawski, toujours bien pété du casque, il ne peut pas s'empêcher de s'empêtrer, même pour ce qui devrait être simple et délicat, dans une orgie de portnawak où tous les acteurs se sentent obligés de concourir à celui qui aura la meilleure big émocheune vraie non simulée à-fleur-de-peau-d'zob... à celui qui jouera le plus mal donc !
Vous êtes vous déjà retrouvé dans une soirée bien arrosée, où tous le monde est raide torché mais PAS vous ?
Pour une raison X ou Y, vous avez décidé de rester sobre, alors vous regardez vos amis sombrer dans le ridicule d'un œil consterné, affligé, désespéré, tandis qu'eux semblent s'éclater à dire et faire que des conneries...
Et bien, regarder La Note Bleue, c'est exactement la même expérience !
Vous voyez des acteurs qui passent leur temps à courir dans tous les sens, à s'agiter, éclater de rire, crier, pleurer, sans aucune raison valable. Et tout ça avec une grande retenue évidemment.
Sans arrêt, les personnages nous sortent leur petit drame personnel qui est, j'imagine, censé être super émouvant, grave bouleversifiant et tout et tout..., sauf que ça ne dure que 30 secondes alors le spectateur n'a même pas le temps de comprendre le pourquouâÂâ du comment du kess'kiss'pass' en vrai.
Puis ils redeviennent tout guillerets et se remettent à courir dans tous les sens super jouasses, en se comportant comme de gros attardés.
En fait, d'années en années, Andrzej Zulawski fait à peu près toujours le même film.
Des scènes d’accouplements hystériques, des dingues qui galopent en hurlant dans des couloirs, la caméra qui en fait autant. Du Doillon amphétaminé. De l'émocheune à Césars pur jus.
Très fatigant... et vain !
Si encore les personnages étaient touchants, ça pourrait passer, mais ici, ils sont tellement INSUPPORTABLES que l'on ne ressent que du mépris pour eux.
Je vous donne quelques exemples:
. La Comtesse de Hongrie:
Dès sa première ligne de texte et à chaque qu'elle ouvre la bouche, c'est pour gueuler comme une groupie que tous les autres sont extraordinaires, magnifiques. Elle ne fait que s'extasier démesurément sur absolument tout ce qu'elle voit. De Comtesse, elle est surtout la première syllabe.
. L'espagnole chanteuse d'opéra:
Alors elle, c'est clairement une bête de compétition !
Quasi un plan sur deux, elle se promène au milieu des autres gens qui parlent, en beuglant super fort, histoire de bien couvrir les dialogues.
Dès que la diva se ramène à l'écran, elle se sent obligée de montrer qu'elle sait chanter, alors elle braille sans arrêt ses foutus airs d'opéra tout pourraves, et on entend que dalle de ce que les autres disent. Imaginons sans mal qu'on ne perd rien en fait... Doit-on la remercier finalement ?
. Sophie Marceau:
Une scène sur deux, elle nous fait une crise existentielle "youltimaite émocheune with no simulaicheune" bien ridicule qui rendrait Adjani folle de jalousie, pleurant pendant trois plombes pour des raisons absurdes comme c'est pas permis ("Maman, tes amis donnent de l'amour, mais ce n'est pas cet amour que je veux, j'en veux du vrai !"). Émocheune...
Les acteurs sont horriblement mauvais, alors j'en suis venu à me dire que c'est peut-être volontaire, ce gros foutoir où tout le monde fait n'importe quoi et se comporte comme un abruti fini.
Si c'est le cas, sur plus de deux heures de chef-d'oeuvre à-deux-balles, c'est un poil pesant et ça fait bobo la tête, Andrzej !
Si j'ai tenu tout ce temps, c'est pour deux raisons:
Premièrement, par amour pour la musique de Chopin (en l’occurrence très bien interprétée par Janus Ole-Bidule-Truc, sauf les moments où il s'excite et joue 4 fois trop vite).
La seconde, ce sont les 40 dernières minutes du film.
En effet, si les 2 premiers tiers de cette bouze à Césars nous accable de ridicule affligeant, le dernier nous offre du ridicule amusant.
Les acteurs semblent y avoir passé un stade de débilité tellement profond que ça en devient (enfin !) drôle. Ça sent la floppée de Césars ça, ou j'n'm'y connais pas !
A nouveau, de puissants exemples tout plein d'inekrédibeule émocheune:
. Un des personnages, (apparemment le fils de George Sand), est ici interprété comme une énorme tata encore plus atteinte que les autres.
Outre le fait qu'il se comporte comme la plus affligeante caricature des ados rebelles dans la première partie du film, il passe son temps à jouer avec des poupées à l’effigie des différents protagonistes. Oui, oui, des poupées à qui il fait répéter les phrases prononcées par les vrais personnes quelques scènes plus tôt. Il y a d'ailleurs un passage très perturbant à la toute fin où ils vont tous chercher leur poupée associée et se mettent tous à jouer avec !
Pauvre pauvre Chopin... tu dois te retourner dans ta tombe...
. Sophie Marceau, quant à elle, total émocheunée, roule des pelles à tout le monde et décide même d'épouser une espèce de sculpteur clochard qui est entré dans la maison 10 minutes avant (je n’exagère pas, ils se fiancent réellement au bout de 10 minutes !).
D'ailleurs le réalisateur semble lui aussi bien avoir craqué du slip lors de ce dernier tiers du film, puisqu'il s'amuse à insérer des espèces de Nazgûl rouges et blancs qui se promènent un peu partout dans la maison sans que personne ne les remarque.
Rajoutez à cela les amis imaginaires de deux ou trois protagonistes qui bavardent...Gageons qu'il y a là plein de symboles et autres significations pouêt-pouêt que même si t'as pas vu et apprécié c'est que tu fais pas partie de l'élite branloïde intellectuelle que j'em****e passionnément, car je m'en tape sévère de toutes ces foutaises qui sortent en diarrhées d'un esprit plus perturbé que réfléchi.
Au final, il n'y a que le personnage de Chopin qui semble à peu près normal dans tout ce bordel.
En fait, le spectateur se retrouve un peu dans la même situation, à savoir qu'il est entouré de demeurés qui ne cessent de parler et de hurler en même temps que les autres pour leur couper la paroles.
Le pauvre homme malade subit, comme nous, cet entourage insupportable avec passivité. Nous avec résignation.
En réalité, le problème majeur dans La Note Bleue, n'est pas tant ce ridicule constant, mais plutôt le fait que celui-ci se prenne au sérieux, avec cette prétention intellectuelle hyper démonstrative digne des meilleures bouleversifications, et tente vainement d'être émouvant.
Cela donne au final l'un des plus gros échecs qu'il m'ait été donné de voir.
Je met tout de même 1.5/5 parce que le pétage de plomb général à la fin est assez amusant (au second degré, bien sûr), et m'a tout bouleversifié !