Bon, ben au moins j’ai le plaisir de terminer la filmo de Claude Miller par une belle réussite, ça fait du bien, sachant que L’Accompagnatrice est son dernier véritable bon film avant une véritable descente aux enfers qui ne le verra qu’exceptionnellement revenir à son meilleur niveau !
L’Accompagnatrice a cela de bien, d’avoir une histoire à la fois riche et simple. Les personnages ont de la consistance, et forcément, avec une narration fluide, un contexte historique prometteur, un sujet original avec l’existence de cette employée un peu particulière à la place imprécise, et un rythme très correct, c’est plus facile de susciter l’adhésion du spectateur ! Le métrage est accrocheur, il y a de l’émotion et des moments forts, un peu d’humour et beaucoup de gravité, le tout servi sans pathos excessif et sans facilité scénaristiques trop évidentes. Sans abandonner totalement quelques ficelles un peu simples (notamment sur la dernière partie), pour autant L’Accompagnatrice est un beau film, avec du souffle, et un intimisme que sait très bien filmé Miller.
Le réalisateur livre en effet un travail très soigné. Il suit à merveille ses acteurs, et, pour une fois, il parvient à faire de l’implicite une réussite, grâce à un travail de réalisation minutieux et bien pensé (grosse maitrise des hors-champs ici). Cette belle mise en scène s’accompagne d’une photographie qui respire, avec de belles couleurs, une élégance des lumières et des contrastes, tandis que la reconstitution est très propre, avec un soin du détail évident, quoiqu’on sente aussi un certain manque de budget. Les extérieurs restent assez peu nombreux, et si les gros plans sont aussi justifiés par la mise en scène intimiste et proche de ses personnages du réalisateur, ils le sont aussi parce que la reconstitution se limite à l’évidence à quelques plans ! A noter une belle musique, d’opéra il va de soi puisqu’on suit une cantatrice.
Reste que l’atout du film, atout principal j’entends, c’est le casting ! Entre une Romane Bohringer un peu timorée mais doté d’un personnage intéressant et évoluant bien au fil du film, et un Richard Bohringer très convaincant dans un rôle qui lui sied à merveille, Elena Safonova est exceptionnelle ! Elle était toute indiquée pour ce rôle tant elle le porte avec force, subtilité, rigueur, et son jeu d’une grande finesse est parfois hypnotisant. En plus elle illumine l’écran d’une classe rare, bref, elle est pour beaucoup dans l’attrait de ce film, héritant d’un personnage en plus assez complexe.
L’Accompagnatrice est donc un très bon Miller, sûrement son meilleur film avec Garde à vue. Ce n’est pas parfait, mais c’est un film fort, touchant, et qui fonctionne, porté par une belle interprétation. Un moment de cinéma délicat que je recommande aux amateurs de drame cependant. 4.