Voilà un film qui, sur le papier, avait absolument tout pour ennuyer celui ou celle qui le regarde. Et pourtant, ça n'est jamais le cas. Beaucoup de personnes aujourd'hui constatent que notre Éducation Nationale (du moins, le secteur public) est malade et pensent que ce problème est vieux d'une vingtaine d'années. Or, on voit très clairement ici que ça n'est pas le cas. Le mal trouve ses racines à la fin des années 70. Même si ça n'est jamais évoqué ici (puisque l'on suit une jeune professeure de Français travaillant dans un CES (en 1980, ça n'existait déjà plus)), le système éducatif français a été mis à mort (il n'y a pas d'autres mots) en 1977 par la mise en place du collège unique. En résultent des problèmes toujours actuels et qui n'ont fait que s'aggraver depuis : classes surchargées, professeurs dépassés, programmes scolaires affaiblis et j'en passe. Quant aux élèves, ils furent les premières victimes. Ceux qui étaient en galère ont été condamnés à rester sur le bord de la route. Il y a d'ailleurs un passage intéressant pour illustrer ça. On entend Laurence Cuers dire, en substance, que, depuis 3 ou 4 ans, plus le temps avance, plus les élèves sont nuls, ce à quoi il lui est répondu : "ça n'est peut-être pas eux, peut-être pas vous, mais peut-être ce qu'il y a autour". Bingo ! En 1980, la France était déjà au bord du gouffre, socialement parlant mais surtout économiquement parlant. Le tissu industriel se désagrégeait inéxorablement et le chômage de masse était bien implanté. Pensez donc : en 1979, il y avait déjà plus d'un million de chômeurs. Cuers se retrouven donc face à des élèves qui n'ont absolument aucune confiance en l'avenir, qui, avant même d'entrer dans la vie active n'ont aucun espoir, ou si peu. Plus qu'un film portant sur les questions et doutes d'une femme, cette "Semaine de vacances" est un pur film social. Brossant le portrait (très alarmant) d'un pays et de sa société au bors du gouffre et qui depuis plus de 40 ans, n'a fait que tomber dedans chaque jours un peu plus. Selon moi, une seule chose ici ne va pas : les motivations de Laurence (jouée par Nathalie Baye) restent très floues. On a du mal à s'attacher à elle. Ce qui serait suffisant pour justifier une note plus basse mais, la toile de fond sociale est si effrayant et surtout si actuelle qu'on en oublie cet accroc.