Drame, écrit et réalisé par Ken Loach, Riff-Raff est un joli film empli d'humanité. L'histoire se déroule dans le Londres des années 1980, à la fin du règne de Margaret Thatcher, et nous fait suivre Steevie, un jeune Ecossais tout juste sorti de prison qui travail au noir sur un chantier de construction. Avec ses collègues ouvriers, il se heurte à leur chef peu regardant sur les conditions de travail. Un jour, il rencontre Susan, une jeune femme paumée qui rêve de devenir chanteuse, avec qui il entame une relation amoureuse tumultueuse. Ce scénario nous immerge pendant une heure et demie dans un récit prenant. On assiste pendant tout ce temps à une intrigue à l'aspect social mettant en avant la classe ouvrière et proposant une belle romance pleine d'embûches. Ces deux aspects ainsi mêlées donnent lieux à des scènes riches en émotions à la faveur de personnages simples mais hautement sympathiques, interprétés par une distribution grandement appréciable comportant Robert Carlyle et Emer McCourt qui forment ce couple s'aimant et se déchirant. Ils sont entourés par de nombreux travailleurs souriants malgré leur dur labeur campés par Richard Belgrave, Jim R. Coleman, David Finch, Garrie J. Lammin, Dean Perry, George Moss, Willie Ross, Ade Sapara, Ricky Tomlinson, Derek Youg et Peter Mullan. La liste est longue mais chacun d'eux mérite d'être cité tant ils apportent tous leur pierre à l'édifice, y compris le chef et son second. Tous ces individus entretiennent des relations basées sur la solidarité, la camaraderie et la taquinerie afin de pouvoir supporter leur condition. Des rapports procurant beaucoup de sentiments, passant du rire à la tristesse. Des échanges soutenus par des dialogues naturels délicieux, tantôt profonds, tantôt amusants. Sur la forme, la réalisation du cinéaste britannique s'avère bonne. Sa mise en scène évolue dans un environnement miséreux entre appartements miteux, squats délabrés et chantier poussiéreux. Ce visuel pas très attirant est accompagné par une b.o. étonnante car ses notes enjouées tranchent avec les drames qui se jouent. Ses compositions sont appréciables même si elles sont loin d'être mémorables. Reste une fin satisfaisante venant mettre un terme à Riff-Raff, qui, en conclusion, est un film méritant d'être découvert.