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Un visiteur
4,5
Publiée le 20 avril 2012
Dans ce film sur le couple, l'amour, la sexualité, Antonioni semble particulièrement inspiré. La beauté des plans, l'intelligence du mouvement et la pertinence du son témoignent du fait énoncé précédemment. Le scénario également brille par sa beauté et sa complexité. Un grand film dont la fin anoblit encore l'ensemble.
Avec La Notte Antonioni érotise sa mise en scène à un point d'aboutissement tout sauf ordinaire. Retraçant le parcours d'un couple au bord de la rupture le réalisateur nous entraîne dans un film aux nuances sidérantes, riche en symbolique ainsi qu'en perpétuel renouvellement stylistique. L'extrême précision des cadrages, la splendeur de la photographie Noir et Blanc, l'excellence du jeu de Marcello Mastroianni et de celui de Jeanne Moreau, la reconstitution foisonnante de la fête bourgeoise et l'inventivité générale du cinéaste font de La Notte l'un de ses films les plus impressionnants. Puissamment érotique donc, par ses signes vestimentaires, ses gestes feutrés et sa pluie torrentielle, presque orgasmique, La Notte s'impose comme un chef d'oeuvre de sensualité et de modernité. Rarement l'inconsistance intellectuelle de la haute bourgeoisie aura été aussi bien retranscrite que dans ce grand film du cinéma italien : ludique, cynique et vulgaire sa sophistication n'apparaît en fin de compte que comme un écran de fumée, impression renforcée par les images fortement contrastées. Bien que je préfère L'Eclipse et Le Désert Rouge sur le plan du ressenti La Notte m'apparaît peut-être comme le meilleur film de Michelangelo Antonioni. Remarquable.
Vu par hasard quelques jours après le "8 et demi " de Fellini. Deux ans séparent les deux films. Même topo : Mastroïanni, auteur en panne d'inspiration avec pour cause ou conséquence une crise existentielle. Si Fellini va fouiller dans les tréfonds des fantasmes pour y chercher les amours et la mort tandis qu'Antonioni reste collé avec force au réel, les deux italiens se rejoignent, en l'exprimant différemment (tape à l'oeil chez Fellini, subtil chez Antonioni), sur le thème d'une certaine désincarnation de la réalité. Dans "La notte" les scènes de vie brutes (bagarre des jeunes, pulsion érotique de la patiente à l'hôpital, l'enlèvement amoureux de Lidia....) côtoient avec choc les instants de mort (leur ami en fin de vie, l'ennui, le chat fixant une tête de statue....). Jeanne Moreau m'a particulièrement émue dans ses errances, sa façon de toucher le réel (les textures des murs moisis, les objets ici et là...) et de tenir à distance les êtres. Le personnage de Mastroïanni, quant à lui, reste indécis , inconsistant et ennuyeux à mourir. Toutes les longueurs du film, et il y en a beaucoup, ont pour origine cette présence sans substance de l'écrivain jusqu'à son élan final qui frise le grotesque . Si Antonioni a voulu faire un portrait peu flatteur de l'Intellectuel, c'est réussi. Un film sur l'intangibilité du temps qui passe où la nuit est avant celle de Lidia la vivante.
Milan en N&B - genre nouvelle vague à l'italienne, cadrages soignés, un rythme lent, u peu trop à mon gout. Un couple joue à je t'aime plus, moi aussi. Dans une atmosphère nouveaux riches datés années 60. Deux grands acteurs tout en retenue. Après une première partie, un peu intello, le film prend plus d'épaisseur et de sens à fur et à mesure que l'on approche du dénouement, à l'aube dans un bunker de golf!!! TV 1 mai 10
Très beau film, très bien réalisé, un sujet intéressant, superbement interprêté par deux grands acteurs, une musique bien choisie, mais seulement il y a quelques petites longueurs qui nuisent au récit.
Je dois avouer que je suis extrêmement déçue. J'aime bien les vieux films en général et là premier film du réalisateur que je vois et je dois avouer que je n'y ai pas trouvé mon compte, je me suis ennuyée à de nombreuses reprises. Il y a un bon fond mais je n'ai pas vraiment trouvé l'intérêt. Je compte voir d'autres films de lui et j'espère ne pas être autant déçue car le réalisateur est quand même supposé être un très bon réalisateur.
A nouveau un film lent,mais qui sait aborder les lenteurs en dévoilant toutes les beautés de ce qui y est filmé.Du Antonioni comme on aime,comme on adore,comme on le vénère même.Dire que Moreau,Vitti et Mastroianni sont magistraux serait surement redondant ou même pléonasmique,mais de tels sensations ne doivent pas être laissées au dépourvue.
«La Notte» (1961) est le volet central de la trilogie d'Antonioni sur la crise du couple moderne. Et, à ce titre, il assume une fonction de transition entre le lyrisme de «L'Avventura» et l'abstraction de «L'Eclisse». Le premier film nous montrait des représentants de la haute bourgeoisie italienne en rupture avec les repères traditionnels du monde ancien. Ils étaient comme étrangers sur le site superbe de l'île de Lisca Bianca ou encore dans les décors fastueux de la ville sicilienne de Noto, qui les submergeaient par une beauté à l'harmonie de laquelle ils ne pouvaient plus participer. «La Notte» nous les présente cette fois dans le décor moderniste de la Milan capitaliste en plein expansion économique, et qui devient comme le symbole de leur aliénation. Milan signifie en effet ici une modernité à l'expansion de laquelle ils travaillent et qui leur renvoie, comme un miroir, l'image de leur déshumanisation. Ils sont devenus incapables d'assumer leurs relations amoureuses dans un univers futile, cynique, sans finalité, où tout est gouverné par le paraître, l'avoir et le pouvoir. «L'Eclisse», le plus terrible et pessimiste des trois, mais leur aboutissement logique, nous montrera le triomphe ultime des choses inertes sur les hommes (le lampadaire) dans un monde déshumanisé livré aux seules forces matérielles (la bourse), et qui a tué l'amour. Intermédiaire, «La Notte» n'a plus la beauté lyrique de «L'Avventura» mais prends le chemin du constructivisme abstrait de «L'Eclisse», sans pour autant encore vider, comme le fera ce dernier, les géométries urbaines de leur présence humaine. Je ne m'étendrai pas sur la perfection de la mise en scène ni sur la beauté des images: le film appartient en effet à la période créatrice la plus puissante du réalisateur et, s'il n'a pas encore la radicalité du dernier membre de la trilogie, il n'en constitue pas moins une étape nécessaire vers celui-ci. Indispensable donc!
Certes, on ne pourra que reconnaitre le talent d'Antonioni d'un point de vue formel tant l'oeuvre est soignée de bout en bout, sans néanmois arriver à l'esthétique d'un Resnais ou d'un Bresson. Cela dit, est-ce suffisant pour nous 110 minutes d'un ennuie plus ou moins pesant? Incontestablement non. Néanmoins le film peut garder un certain intérêt par quelques scènes particulièrement brillantes et mélancoliques (la magnifique dans du restaurant) et la rencontre de certains personnages... Mais après? Tout le monde s'accorde d'ailleurs à le dire : "La Nuit" est un film ou il ne se passe rien. Certains trouveront alors toujours le moyen de trouver cela génial, mais il faut pourtant reconnaitre qu'Antonioni a la plupart du temps bien du mal à combler le vide qui semble entourer l'ensemble. Alors c'est vrai il y a parfois quelques sursauts, mais sont-ils suffisants comparés à ces longues plages vides, que ce soit Jeanne Moreau se promenant dans la rue ou des discussions sans fin dont on a bien du mal à comprendre la pertinence. Même les deux grandes vedettes ont du mal à faire exister leurs personnages, et c'est pourtant peu dire qu'ils ne manquent pas de talent. Bref, voila un film d'une "beauté formelle" comme on a pu le dire auparavant, mais qui hélas s'avère beaucoup trop ennuyeux et vide dans son ensemble et sur ses intentions pour qu'il puisse d'une quelconque manière nous marquer.
Un film ennuyeux et mou, où les silences interminables se mêlent à une lumière quasi inexistante (d'où le titre), en plus Jeanne Moreau fait la gueule du début à la fin pas très agréable...
Une nouvelle fois, Antonioni nous livre un film magnifique, à la réalisation extrêmement soignée et porté par des acteurs sublime. Le thème principal de "La Nuit" est, comme dans "Blow-up", l'incommunicabilité entre les humains (et notamment entre les bourgeois, dont Antonioni a une vision très féroce dans le film). Second thème de "La Nuit" : la lassitude qui gagne un couple au film des années. Dommage que cette lassitude atteigne le spectateur à certains moments, le film aurait pu frôler la perfection.
Six ans avant de remporter la Palme d’Or pour Blow Up (1967) et avant d’enchaîner tout de suite après avec le remarquable Zabriskie Point (1970), Michelangelo Antonioni réalisait le déroutant La Nuit (1961), un drame social se déroulant en deux parties, le premier, avec son style très définit et très urbain, où Antonioni nous transporte dans un univers aseptisé, dans une ville dit « du futur », entièrement fait de métal, de ciment et de verre. Ensuite, changement radical puisque l’on se retrouve dans une luxueuse villa, le style d’urbanisme est à l’opposé de ce que le film nous avait habitué jusque là, c’est ici même que tout se joue, la déchirure entre ce couple pourtant si anodin. Ils prennent tout deux conscience au final que leur vie de couple ne les mènera à rien. Une œuvre nonchalante, portée par un très beau duo : Jeanne Moreau & Marcello Mastroianni, ainsi qu’une qualité photo superbe, un noir & blanc collant parfaitement à l’univers du film.
Second volet de la trilogie qui consacra Antonioni, "La Notte" se situe entre "L'Avventura" et "L'Eclisse" et, soyons dès ces premiers mots tout à fait clairs, est de très loin le plus abouti des trois. Oeuvre majeure de son auteur, elle emploie une métaphore classique dans les codes du cinéma d'auteur Européen des sixties. L'écrivain qu'interprète Mastroianni n'est autre que la représentation à peine voilée de l'artiste en général et par extension du cinéaste qui d'une certaine manière s'implique personnellement dans ce qui pourrait bien être son alter-ego. Survient une crise de couple posant un cruel dilemme car l'écrivain ne peut créer que lorsque sa femme est là (elle le stimule autant sexuellement qu'artistiquement) tandis que celle-ci ne parvient pas à se sentir libre lors de tels instants. Alors, à la sortie de son dernier ouvrage, elle décide de s'en aller. Déboussolé, il va tenter de la retrouver sans se douter que l'un et l'autre bien que proches physiquement vivront une nuit peu prévisible. S'enfonçant dans une soirée sans fin, le couple se cherche, se perd, se retrouve... Cette réflexion sur le sens de la relation amoureuse et la place que celui-ci peut occuper dans les activités créatrices évoque en outre la question de l'intégrité pour Antonioni dans une époque pourrie par le fric. Critiquant cyniquement la bourgeoisie, il se situe dans la vague contestataire des normes sociales alors en place. Sur la forme, il rompt avec les schémas traditionnels : l'intrigue ne comprend pas les 3 actes significatifs, la musique jazzy est décalée, le rythme ralenti à l'extrême afin d'illustrer l'errance d'hommes perdus... Les plans longs et léchés en contact direct avec la faune contemporaine servent un trio d'acteurs géniaux interprétant des protagonistes complexes et tourmentés. Profond et novateur, "La Notte" souffre néanmoins de dialogues trop explicites sortant les sentiments de leur contexte pour ensuite les renfermer dans la banalité, voire la caricature.
Sur les traces d’un ménage en passe de rompre, Michelangelo Antonioni décrit dans «La Notte» (Italie, 1961) les afféteries d’une bourgeoisie précieuse, repliée sur ses richesses financières et intellectuelles. Tout commence dans un hôpital où agonise dans un lit un des amis du couple. Ouvert sur le ton de la mort, le film perdurera dans cette intonation et contiendra dans chacun des plans une absence délétère ou une présence étouffante, dans tous les cas une représentation moribonde des lieux. Toute une journée durant, période sur lequel s’étale le film, le couple ne cessera de se fissurer davantage pour atteindre in fine un état de crise tel qu’il ne reste plus pour seule réunion qu’une étreinte étrange et réprouvée. Cette discordance qui met à mal l’alliance de Giovanni (Mastroianni) et de Lidia (Moreau) provient de la différence qui les divise. Tandis que l’un est un écrivain intellectuel enchanté parmi la foule bourgeoise, l’une ne cesse de chercher son identité parmi le vide, au sein des terrains vagues où des ouvriers se ruent de coups. Le couple n’a de cesse d’être menacé par une rupture directe tout au long de l’œuvre. L’idée de leur crise s’étale jusque dans la vision du monde qui les entoure. A plusieurs reprises, Antonioni fait d’un lieu plein, où s’agglutine un aréopage de bourgeois, un endroit vide d’où se sont dispersées hors-champ les têtes en smoking. Dans un monde froid, délaissé de vie, hanté par une mort perpétuelle, vestige d’une seconde guerre mondiale destructrice, le monde de l’intelligence et de l’industrie qui se félicite de ses gloires n’apparaît que comme l’ultime illusion. Aux yeux de Lidia, l’alentour n’est qu’un lointain mirage débordant de maniérisme ou anéanti de toute vie. En opposant son visage las en premier-plan et des paysages délaissés en arrière-plan, Antonioni reformule l’image de la femme au cinéma comme celle d’un être dénué de charme et pétri du chagrin d’un monde bouleversé.
Un film magnifique. La réflexion sur la lassitude d'un couple de la bourgeoisie italienne des années 50-60 est très intéressante. De plus, l'interprétation du duo Moreau-Mastroianni est irréprochable. Incontournable!