D'abord ce film c'est un casting, Moreau - Mastroianni. Rien que pour ce que ça représentait à l'époque et représenterai plus tard, vous vous devez de faire l'effort de le voir si le cinéma fait encore partit de vos passions. Ils y ont magnifique comme souvent et rendent passionnant un film qui pourtant aurait put être complètement plat ! Ensuite pour l'univers d'Antonioni atteignant peut être son paroxysme ici, son dernier film ayant fait scandale à Cannes du fait d'une incompréhension collective malgré des qualités visuelles et narratives évidentes ! Et évidemment on retrouve beaucoup de "L'Avventura" dans "La Notte" : Architecture urbaine différemment filmé, nihilisme et oisiveté, bourgeoisie blasé à la Dolce Vita, étude discrète de l'élite italienne, légère intrigue (ou pas), crise existentielle sur fond de mondanité et de jolies filles. Une fois ce cahier des charges rempli vous obtenez "La Notte" d'Antonioni. Vous obtiendrez d'ailleurs la filmographie de l'auteur, tous ses films se ressemblant, si vous n'adhérez pas a son style sur ce film pas la peine d'en voir un autre.
Ici on suit la lente agonie d'un couple ne se comprenant sûrement plus, lui écrivain, elle on ne sait pas, blasé par leur situation. Ils rendent visite à un ami malade à l'hôpital dès le début. Ce qui nous plonges d'entrée dans l'ambiance désespéré d'un film d'Antonioni. Mais plus qu'ailleurs son film se révèle formellement magnifique, certaines scènes sont d'une beauté incroyable, font office de tableau de maître. Beaucoup font référence à la magnifique scène finale mais même si le film est très lent et bourré de longueurs, bien d'autres scènes sur 2 heures vous réveillerons ou vous émerveillerons.
Sans faire dans le masochisme, les plus courageux auront la chance d'apprécier un second visionnage, la plupart de ses films s'appréciant davantage après une analyse complète permettant réellement de "vivre" le film. Car généralement Antonioni filme la vie, et même si c'est souvent celle de la bourgeoisie italienne, tout le monde peut s'y retrouver grâce aux sincères émotions dégagé par ses acteurs. Et sa mise en scène actrice à part entière, une constante invitation au voyage, à l'abandon, certaines images marquant durablement. Jeanne et Marcello nous inondes de leur talent, leurs visages pouvant remplacer des dialogues. Et Monica Vitti, la muse officielle d'Antonioni et accessoirement l'une des plus belles femmes du monde, nous interpelles par son jeu dans la dernière heure du film. Le seule idée d'avoir teint en brune corbeau Monica Vitti et Jeanne Moreau, a pu contribuer a renforcer cette dépression, cette incapacité à voir la lumière. L'ennuie ressenti durant le film joue aussi sur cette noirceur. C'est un film d'esthète, un enchantement. Si c'était une peinture on crierai au chef d'oeuvre. Mais comme c'est un film on dira juste qu'on est passé tout près ! . Le meilleur film de sa trilogie, son meilleur film tout court peut être. Respect