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Estonius
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4,0
Publiée le 21 janvier 2017
Non ce n'est pas un film sur l'hérésie, (même si la documentation sur le sujet est impressionnante) mais bien un film anticlérical très subtil puisqu'en confrontant le dogme catholique officiel et celui des hérétiques on en arrive à conclure que c'est charabia contre charabia. La scène du duel est à ce propos assez savoureuse, Il est dommage que le film n'ait cependant pas davantage de rigueur : ainsi la scène avec Priscilien et ses disciples est trop longue, la scène de la restitution du chapelet n'est pas claire… Terzieff et Frankeur sont très bons, si les petits rôles masculins sont inégaux, côté féminin, Edith Scob en Vierge Marie et Delphine Seyrig en prostituée vienne éclairer ce film déroutant, dont le message ne sert à rien (un film n'a jamais converti personne), mais qui fera passer un bon moment à ceux qui sont déjà convaincus !
«La Voie lactée» (France, 1969) est le deuxième film de Luis Bunuel depuis son retour en France, suivant «Belle de jour» (France, 1967). Et quel retour ! Ayant pour titre le nom de notre galaxie, le film parle de ce qui nous concerne, de chez nous, de notre rapport au ciel donc au divin. La force majeur et inébranlable du film c'est que ses dialogues s'inspirent directement de textes du Dogme chrétien ou en rapport. Information qui ne nous est donné qu'a posteriori, nous assenant un coup inévitable, alors que le public ne croyait qu'assister à une fable bunuelienne. Certes si l'agencement judicieux des scènes appuient l'anticléricalisme du cinéaste, ce sont les situations (véridiques tant dans les écrits de Sade que dans la Bible) qui donnent à elles seules au film toute sa dérision et son humour délicieux et délectable. «La Voie lactée» est en fin de compte un road-movie initiatique, ou plutôt ré-initiatique où le bout du chemin demeure le message virulent du : débrouille toi seul et ne t'entache pas de la foi. Les situations sont drôles à souhait et porte dans leur humour toute l'affrosité du Dogme chrétien. La scène de clôture où le Christ clame que quiconque aime une chose plus que lui n'est pas digne de lui incarne l'opposition suprême quant au pacifisme chrétien. En conclusion, ce film de Luis Bunuel est à l'apogée de l'anticléricalisme, déjà perçu par «Viridiana» (Espagne, 1961) et «Nazarin» (Mexique, 1958). Le montage démantibulé du film, où les flash-backs s'imbriquent sur la même lignée temporelle que le voyage présent, confère à «La Voie lactée» l'onirisme ironique de Bunuel. Assurément chef d'oeuvre du cinéma de Luis Bunuel.
Forcément, si vous êtes versaillais, que le défunt Jean-Paul II est votre idée de l'humaniste ultime, que vous rendez grâce au seigneur pour les si jolis terre-plein fleuris que votre mairie vient d'installer au milieu du sens giratoire à la sortie de la nationale la plus proche, ce film n'est pas pour vous. Blasphématoire et érudit, ce Bunuel ne prétend pas faire dans la dentelle. Il revendique haut et fort son anti-cléricalisme, et si l'approche menace à tout moment de tomber dans la caricature, le réalisateur retombe toujours sur ses pattes. L'humour serait-il la forme la plus aboutie de la charité?
Une comédie satirique sur le christianisme et la religion en sens large du therme. C'est avec un humour plaisant que Luis Bunuel tente de bousculer quelques croyances en tirant de longs monologues à la fois instructifs et drôles dont le but est de provoquer gentillements les plus pieux. A première vu cela peut paraitre rébarbatif (surtout si l'on ne rie pas) mais il s'avère que la mise en image de cette (ou ces) histoire(s) est trés originale. Peuplés de personnages en tout genrez "La voie lactée" nous propose différentes entrées et sorties, des jeux d'apparitions, de disparitions, on cotoye le fantastique, cela donne du rythme et une marque unique. Le film suit le pelerinage de 2 protagonistes et biffurque de temps en temps vers d'autre récits sans s'en méler les pinceaux, de part cette originalité le film se démarque tout naturellement des comédies qui lui sont semblables. De plus on assiste à de sacrés numéros d'acteurs (les monologues) magnifié par des longs plan-séquences sobres (pas de larges mouvements de caméras). La plupart des scènes sont représentatives d'une idée et non d'un fait, d'où des passages irréalistes. Une oeuvre intelligente, légerement provocante mais qui souffre des ses propres qualités : l'humour ne peut pas convenir à tout le monde, les monologues peuvent vites tomber dans l'ennui si l'on décroche des propos tenues et le côté rustique de la mise en scène peut être déplaisante si la légèreté fantastique n'est pas au rendez-vous. A voir si l'on est motivé ET intéréssé par la religion (en tant que critique ou croyant) car les avis de Bunuel sont à écouter et voir.
Un film absolument exceptionnel de Luis Bunuel, assurément un de ses meilleurs ! "La Voie Lactée" est une remise en question de la religion, une analyse rationnelle de celle-ci, un film parlant du Christ en mettant de coté tout mythe, toute légende, et montrant celui-ci simplement comme un homme... Bunuel fait preuve une fois de plus d'une audace inouïe et d'un génie inimitable, s'attaquant une fois de plus aux mœurs bourgeoises et a la religion catholique sans la moindre retenue, et faisant plus dans la critique pertinente que dans la provocation, sans pour autant l'éviter totalement, et c'est ce qui fait le charme particulier de ce grand film.
“Dieu merci, je suis athée” répétait Buñuel. En se fondant sur le « Dictionnaire des hérésies » de l’Abbé Pluquet il réalise un film à sketchs (6). Par construction, la démarche hérésie contre dogme officiel est à la fois décousue et inintéressante pour ceux que le sujet théologique n’intéresse pas. Visuellement banal, le film est sauvé par quelques séquences amusantes et un casting dirigé de manière très précise, illuminé par Edith Scob et Delphine Seyrig. Seul le traitement de l’anathème qui commence habilement avec la douceur des petites filles, mais débouche sur la mort, offre en réaction à la haine un message de tolérance en creux parfaitement construit. De nos jours, cette tolérance a disparue, les revendications militantes agressives et antagonistes de toutes sortes ne cessant de progresser, rangeant quelque peu au placard “La voie Lacté” dont les préoccupations à sa sortie en 1969 semblaient hors sujet face à la fureur pas vraiment éteinte de mai 1968. Pas sur que l’intérêt se soit ravivé, sauf pour inconditionnels.
Vraiment d'un ennui profond, illustration du dogme catholique au travers des scènes plus soporifiques les unes que les autres. Du bla-bla religieux et des touches surréalistes habituelles dans le cinéma de Buñuel, laborieux comme résultat.
Ce que j'aime dans le cinéma de Luis Bunuel c'est qu'il n'y va pas de main morte. Certains peuvent trouver ça trop grossier, mais j'apprécie ce style chez le réalisateur car ce n'est jamais gratuit ou facile, il n y a pas de manichéisme, tout le monde ou presque est condamné, et du coup ça passe bien. Dans La Voie Lactée, on voit très rapidement que le film va être anti-clérical (thème cher au réalisateur). C'est une sorte de pamphlet complètement fou mais aux idées scénaristiques que j'ai trouvé très bonnes et au récit fluide et agréable à suivre. Un film qui sort du lot, captivant et intriguant. Un Bunuel un peu oublié, mais qui fait parti de mes préférés du réalisateur.
La voie Lactée est avant tout un cours de théologie de haut niveau sur l’absence la plus importante de tous les temps. Au cours d’un pèlerinage, les doctrines de Dieu sont expliquées, commentées, contestées, imposées à travers des temps porteurs d’analyses dans des parcelles de vérités menant certains protagonistes enflammés jusqu’au duel.
Sur le chemin de Compostelle, l’aumône est bizarrement offerte au nanti possédant quelques pièces. La fonction de l’hostie succède aux messages cryptés. Certains propos imposent un fantôme crée par l’homme afin de le dresser à vie contre ses congénères dans des luttes entretenant une sauvagerie.
« Le christ est né de sa mère sans rompre sa virginité ».
Il y a de quoi deviser éternellement sur de telles affirmations. Sur le pré, le champ de bataille, la taverne, le procès. L’immaculée conception est expliquée derrière une porte close représentant le dernier rempart d’une réticent.
Les envolées théologiennes pondérées ou musclées se succèdent alimentées par le cafetier, le gendarme, l’homme d’église, le paysan, et le mendiant. Chacun essaie de comprendre le message des écritures dans une diction différente mais concise commune gommant par sa rhétorique toutes les différences. La compréhension d’un tel concept à l’avantage de réunir tout le monde.
L’esprit se triture par la foi. L’acceptation ou la contestation envers des textes sont les seuls ingrédients entretenant la continuité ou le refus d’une croyance. La nature ayant horreur du vide, ses hotes alimentent un sujet extensible par des exposés contradictoires perpétuels sans arbitre.
« La voie Lactée est une sorte d’Agora, une tribune à l’air libre ou au fil de rencontres plus ou moins métaphysiques deux mendiants en route vers Compostelle emmagasinent des informations sur un silence céleste interminable. Chacun d’eux en fonction des exemples se débat entre affirmations, différences et athéismes.
Le regard et l’écoute s’adaptent à un cas par cas représentant toujours une évolution. La base de données du créateur s’alimente par l’accumulation des expériences d’esprits sur le terrain. L’affirmation et la contestation se livrent un combat sans fin à l’intérieur de procédures divines ambiguës.
Finalement c’est l’homme qui parle le mieux de Dieu
La Voie lactée est une parodie dans tous les sens du christianisme, mais il ne tombe jamais dans la méchanceté. Certes, Luis Buñuel règle une fois de plus ses comptes haineux avec la religion, mais il aurait faire bien pire que cette bouffonnerie. Il se sert d'un germe d'intrigue (deux hommes font le chemin de Compostelle) pour développer de puissants tableaux sur des personnages et des situations hypocrites et ridicules : le prêtre-fou, la fête de l'école, l'inquisition... toutes ces scènes présentent des personnages bornés, imbéciles, intégristes : tous ces aspects de la religion (plus ou moins contestables) que Buñuel exècre. La mise en scène Buñuel a faibli dans la dernière partie de son œuvre, mais le surréalisme est toujours présent : des tableaux anachroniques se mêlent au cadre principal : un tribunal d'inquisition, un duel du XVIIIème, et l'histoire du Christ lui-même. On pourrait reprocher à Buñuel d'exagérer certains traits qu'il dénonce, mais le plus décevant dans ce film est le manque d'unité et de cohérence. Ce n'est pas le fait de tourner outrancièrement la religion en ridicule qui pose problème, car cela il le fait très bien, mais c'est qu'on a le sentiment d'être face à un film à sketchs, avec des dialogues empruntés au théâtre absurde, des personnages qui partent à la recherche d'un Godot, et encore on n'est jamais sûr. Le spectateur n'est pas convaincu, puisque les personnages eux-mêmes ne le sont pas.
Doté d'une histoire qui n'est pas forcément très cinématographique à la base, car cela parle de deux hommes qui suivent "La Voie Lactée" qui au Moyen Age menait les pèlerins à Saint-Jacques de Compostelle. Mais au final, ce long-métrage de Luis Buñuel est vraiment captivant à visionner grâce à la présence d'une mise en scène raffinée, d'une superbe interprétation de son casting et aussi pour sa très belle photographie. A noter, par ailleurs, la présence de quelques passages bien marquants, dont toutes celles où apparaît Jésus-Christ.
Une complète analyse de la religion par le biais du voyage et des rencontres des deux clochards. C’est complexe et savant. On pourrait regarder ce film comme préambule aux « rois maudits »