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Sans conteste un film majeur du néoralisme italien, "La Terre tremble" est une oeuvre pessismiste où le réalisateur a mis un arrière-fond de son communiste et où il expose à la fin que si les facistes ne sont plus au pouvoir, les méthodes du facisme sont elles toujours présentes. Le plus étonnant dans ce film, ce n'est pas la description très réaliste que fait Luchino Visconti du labeur de la vie quotidienne des pêcheurs siciliens mais la très grande justesse de l'interprétation qu'il a su tirer du casting composé uniquement d'habitants locaux. Un grand film.
"Les misérables" transposés dans l'Italie de l'après-guerre. Les héros se débattent comme ils peuvent dans la fange, ne parvenant pas à s'extraire de leur condition sociale. Noirceur du propos donc, why not. En revanche, l'extrême longueur de l'intrigue (2h30) est pesante. D'autant que les personnages semblent se complaire dans leur misère, telle la fille qui envoie bouler un prétendant sous prétexte que socialement ce serait incorrect. Grosse cruche, tu mérites amplement ton sort. Ce fatalisme affiché et assumé lasse rapidement. Même rejet à l'égard de du personnage de Toni, véritable roquet aboyant sans relâche. Les scènes de bagarre sont elles-aussi mythiques, relevant plus de la dispute d'écolier que du vrai règlement de comptes entre adultes consentants. Un film qui passe donc mal aujourd'hui, même s'il s'agit d'un monument du cinéma italien.
Visconti prouve avec La terra trema qu'on peut filmer le peuple tout en faisant une oeuvre magnifique sur le plan esthétique. Je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle avec l'horreur des Sweetheart de Mike Leigh ou des gros plans télévisuels d'un Ken Loach.
Le cinéma est un art visuel est c'est avant tout la beauté d'un film qui sera sa qualité première. Il y a certes une part de subjectivité dans la notion de beauté; mais comment ici ne pas s'émerveiller devant la composition des plans, le sens du cadre, et ces paysages transcendés par les regards ou la présence des protagonistes?
Certes, les comédiens amateurs sont de talents assez inégaux, mais ils rendent avec naturel, sans doute fort bien dirigés, les sentiments de leurs personnages. Ils sont nombreux, ces personnages; c'est une fresque familiale en Sicile. Après une première heure (j'ai vu la version de 2h42) un peu (trop peut-être) didactique, nous sommes plongés avec passion dans leurs destinées.
Les thèmes philosophiques du film sans doute surlignés avec trop de lourdeur (la lutte des classes, le fascisme figure du mal), et quelques ellipses ou digressions scénaristiques sont les seuls bémols de mon appréciation. C'est un film poignant qu'il faut voir.
Le cinéma est un art visuel est c'est avant tout la beauté d'un film qui sera sa qualité première. Il y a certes une part de subjectivité dans la notion de beauté; mais comment ici ne pas s'émerveiller devant la composition des plans, le sens du cadre, et ces paysages transcendés par les regards ou la présence des protagonistes?
Certes, les comédiens amateurs sont de talents assez inégaux, mais ils rendent avec naturel, sans doute fort bien dirigés, les sentiments de leurs personnages. Ils sont nombreux, ces personnages; c'est une fresque familiale en Sicile. Après une première heure (j'ai vu la version de 2h42) un peu (trop peut-être) didactique, nous sommes plongés avec passion dans leurs destinées.
Les thèmes philosophiques du film sans doute surlignés avec trop de lourdeur (la lutte des classes, le fascisme figure du mal), et quelques ellipses ou digressions scénaristiques sont les seuls bémols de mon appréciation. C'est un film poignant qu'il faut voir.
Un de mes films préférés de Luchino Visconti que je trouve plus à l'aise dans l'empathie envers les pauvres gens que dans la description quasi cliniques de la bourgeoisie italienne. Ici, le maître fait parler à la fois son lyrisme, sa poésie et son âme sociale à travers une œuvre ultra-réaliste et cependant universelle dans le drame qu'elle déroule. Les années passent et "La terre tremble" demeure. Un film merveilleux pour celui qui veut bien se laisser bercer par le lyrisme de son auteur.
Pour son deuxième film, devenu un grand classique car l’un des premiers films représentatifs du néo-réalisme italien, Luchino Visconti choisit d’exposer la vie misérable de pêcheurs dans une petite ville de Sicile. Après un timide essai de révolte, les pauvres gens sont pliés par la puissance des grossistes qui les exploitent et les affament… Premier choix discutable : il introduit une voix off (la sienne propre) qui commente tous les événements à la manière d’un documentaire. Cette voix est emphatique, ridicule, à la limite du supportable et apporte une distanciation incompréhensible par rapport au contenu. Deuxième choix tout aussi discutable : celui de faire interpréter les rôles par des acteurs amateurs, qui sont exécrables à force de vouloir faire vrai. Par ailleurs, Visconti expose déjà son défaut rédhibitoire, celui d’une lenteur exaspérante, qui affadit le propos. En fait, tout est dit en une demi heure dans ce qui aurait pu être un excellent court métrage mais qui devient ainsi un film presque creux et redondant Il est à signaler enfin qu’à la sortie du film, les communistes italiens, qui le financèrent partiellement, reprochèrent à Visconti d'avoir trop esthétisé leur contestation, reproche que je partage totalement. On l'aura compris, je n'aime pas beaucoup Visconti lorsqu'il se penche avec ses gants blancs d'aristocrate sur la misère du peuple. La terre tremble constitue une première déception chronologiquement parlant dans une œuvre très surestimée… il y en aura d’autres, hélas.
Luchino Visconti est certes l'un des plus grands cinéastes italiens , mais son deuxième film pourtant récompensé à Venise est assez déconcertant. La faute peut être à un sujet un peu faiblard qui n'aurait pas tant mérité d'être développé pendant 2h40 , et qui se finit comme on l'aurait pensé. Visconti pose son intrigue , ses personnages , et puis il brode , il brode et il brode encore mais dans le vide , donc au bout d'un moment on se demande ce qu'il veut raconter et quel est l'intérêt de ce qu'on voit c'est à dire des grands silences et des scènes incongrues. Je ne suis pas non plus un expert de ce genre de cinéma donc si c'est Visconti et que cela était récompensé , c'est bien qu'il y a quelque chose de fort mais au premier abord je ne trouve pas c'est pour ça que j'ai quand même mis une étoile car je n'ai pas assez de recul pour savoir ce que Visconti sait faire.
Yves G.
Dans le petit port d’Aci Trezza, près de Catane, sur la côte Est de la Sicile, les Valestro vivent misérablement. Non que la pêche soit mauvaise, mais les mareyeurs captent la quasi-totalité de la marge.
Toni, le fils aîné de la famille, en charge de sa nombreuse fratrie depuis la disparition en mer de son père, revient du service militaire avec l’assurance et l’autorité qui lui permettent de prendre la tête de la révolte. Il décide de devenir propriétaire de sa barque et de commercialiser lui-même le produit de sa pêche. Le destin semble lui sourire quand il remonte un immense banc d’anchois. Mais, le jour suivant, l’équipage est pris dans une tempête qui détruit son embarcation.
Sans instrument de travail, Toni ne peut plus rembourser l’hypothèque qu’il avait contractée. La famille est expulsée. Sa fiancée se détourne de lui. Sa sœur n’a de solution que de se donner au brigadier.
"La terre tremble" est une œuvre phare dans le néo-réalisme italien. Luchino Visconti, qui s’était formé en France auprès de Jean Renoir, exploitait la même veine que Rossellini ou De Sica : raconter sans fard la vie du peuple et ses luttes. Compagnon de route du communisme, cet aristocrate milanais souhaitait adapter la grande saga du romancier vériste Giovanni Varga. Le projet comptait trois ou quatre volets – comme en porte la trace le sous-titre de "La terre tremble" : « Épisode de la mer ». Il s’agissait de montrer les travailleurs de la mer, des champs et de l’usine – en attendant un quatrième volet sur les habitants de la ville. L’insuccès de "La terre tremble" ne permit pas de mener à bien ce projet ambitieux.
Visconti a tourné sur les lieux mêmes de l’action à Aci Trezza. Le tournage fut long et difficile, comme en témoignent les carnets de ses deux assistants, Francesco Rosi et Franco Zeffirelli. Visconti employa des acteurs amateurs recrutés sur place pour assurer la crédibilité de son film. Mais, loin de se fier à leur spontanéité, il leur demandait, comme à de vrais acteurs, une parfaite maîtrise de leur texte. Le résultat est calamiteux : on sent chacun des personnages, à l’exception du héros Toni qui acquit sans doute au fil des prises une maîtrise que ses partenaires n’eurent pas le temps d’atteindre, engoncés dans leur rôle, ânonner leur texte. Par souci d’authenticité les acteurs s’expriment en dialecte sicilien, ce qui réduisit l’audience du film à sa sortie.
Prix international à la Mostra de Venise, "La terre tremble" ne sortit que quatre ans plus tard en France. À le voir près de soixante-dix ans plus tard, on comprend les raisons de l’insuccès de ce pesant manifeste de deux heures quarante (encore comptait-il vingt minutes de plus à l’origine). Tout y est sursignifiant, depuis la misère des Valestro jusqu’au sort qui s’acharne sur eux (on reconnaît le noir pessimisme qui inspira toute l’œuvre de Visconti que rien ne fascinait plus, de "Senso" à "Ludwig", que l’implosion d’une famille). On est loin de l’authenticité, du charme, de l’émotion que font naître "Allemagne année zéro", "Le Voleur de bicyclette" ou "Riz amer".
Toni, le fils aîné de la famille, en charge de sa nombreuse fratrie depuis la disparition en mer de son père, revient du service militaire avec l’assurance et l’autorité qui lui permettent de prendre la tête de la révolte. Il décide de devenir propriétaire de sa barque et de commercialiser lui-même le produit de sa pêche. Le destin semble lui sourire quand il remonte un immense banc d’anchois. Mais, le jour suivant, l’équipage est pris dans une tempête qui détruit son embarcation.
Sans instrument de travail, Toni ne peut plus rembourser l’hypothèque qu’il avait contractée. La famille est expulsée. Sa fiancée se détourne de lui. Sa sœur n’a de solution que de se donner au brigadier.
"La terre tremble" est une œuvre phare dans le néo-réalisme italien. Luchino Visconti, qui s’était formé en France auprès de Jean Renoir, exploitait la même veine que Rossellini ou De Sica : raconter sans fard la vie du peuple et ses luttes. Compagnon de route du communisme, cet aristocrate milanais souhaitait adapter la grande saga du romancier vériste Giovanni Varga. Le projet comptait trois ou quatre volets – comme en porte la trace le sous-titre de "La terre tremble" : « Épisode de la mer ». Il s’agissait de montrer les travailleurs de la mer, des champs et de l’usine – en attendant un quatrième volet sur les habitants de la ville. L’insuccès de "La terre tremble" ne permit pas de mener à bien ce projet ambitieux.
Visconti a tourné sur les lieux mêmes de l’action à Aci Trezza. Le tournage fut long et difficile, comme en témoignent les carnets de ses deux assistants, Francesco Rosi et Franco Zeffirelli. Visconti employa des acteurs amateurs recrutés sur place pour assurer la crédibilité de son film. Mais, loin de se fier à leur spontanéité, il leur demandait, comme à de vrais acteurs, une parfaite maîtrise de leur texte. Le résultat est calamiteux : on sent chacun des personnages, à l’exception du héros Toni qui acquit sans doute au fil des prises une maîtrise que ses partenaires n’eurent pas le temps d’atteindre, engoncés dans leur rôle, ânonner leur texte. Par souci d’authenticité les acteurs s’expriment en dialecte sicilien, ce qui réduisit l’audience du film à sa sortie.
Prix international à la Mostra de Venise, "La terre tremble" ne sortit que quatre ans plus tard en France. À le voir près de soixante-dix ans plus tard, on comprend les raisons de l’insuccès de ce pesant manifeste de deux heures quarante (encore comptait-il vingt minutes de plus à l’origine). Tout y est sursignifiant, depuis la misère des Valestro jusqu’au sort qui s’acharne sur eux (on reconnaît le noir pessimisme qui inspira toute l’œuvre de Visconti que rien ne fascinait plus, de "Senso" à "Ludwig", que l’implosion d’une famille). On est loin de l’authenticité, du charme, de l’émotion que font naître "Allemagne année zéro", "Le Voleur de bicyclette" ou "Riz amer".
Une oeuvre forte, un portrait de famille et d'une société italienne sans concession. Le propos social sur la misère et l'exploitation est prenant et d'une modernité folle. Bon on peut reproché à Visconti de vouloir trop faire pleurer dans les chaumières mais la crédibilité de cette histoire fait peur à voir. J'ai vu la version de plus de 2h40 et c'est pas du tout ennuyant malgré la lenteur.
TTNOUGAT
Admirable,il n'y a rien d'autre à dire. Bien sur les jeunes seulement passionnés des super héros étasuniens risquent de trouver ce film effroyablement long et ennuyeux au possible mais peut-être qu'avec le temps...En attendant,il me répondront la même chose que Brassens a fait dire à la Marquise que courtisait Corneille. J'en suis conscient. N'empêche que le temps n'a fait et ne fera jamais aucun affront à ce magnifique document sur les pécheurs siciliens des années 1930.C'est filmé avec une sobriété d'un classicisme parfait d'autant que les pécheurs n'avaient qu'à répéter leurs gestes quotidiens. C'est rempli d'émotions naturelles que nous ressentons d'autant mieux que nous nous pensons protégés de cette misère. C'est à la fois d'un pessimisme sans appel et plein de bonheurs simples quand le soleil brille et que les soucis s'estompent, ne serait-ce que pour de brefs instants. Cela grouille de vie,comme le rassemblement du début ,à l'arrivée plus que matinale des barques pourtant peu remplies de poissons. Visconti est sans conteste à mes yeux le plus grand cinéaste italien,il n'a pas son pareil pour faire de l'art avec sa caméra quelques soient les propos qu'il fasse tenir aux gens qu'il filme. Il ne croit pas au bonheur et s'attarde trop à mon goût à montrer le plaisir éprouvé par les plus forts lorsqu'ils humilient ceux qui ont tout perdu et surtout qui ont osé protester. C'est dur ,très dur mais quand l'ensemble de son oeuvre est fait de cette manière cela rejoint et même dépasse les oeuvres des grands peintres classiques qui créaient du sublime avec le malheur des hommes.
Rèalisè en 1948, "La terra trema" est une oeuvre typique du nèo-rèalisme, dans laquelle Luchino Visconti fait jouer leur propre rôles à des pêcheurs siciliens! C'est une constante du cinèma nèo-rèalisme de refuser le culte des vedettes et de montrer directement sur l'ècran, autant que faire se peut, les gens du peuple eux-mêmes! "La terra trema" raconte la lutte d'une famille de pêcheurs qui veut èchapper aux mareyeurs qui les rançonnent! ils essaient alors de fonder une coopèrative; mais, au moment où celle ci va être couronnèe de succès, une catastrophe naturelle leur fait perdre le bènèfice de leur effort! Visconti, c'est èvident, ne s'intèresse pas seulement à la vie quotidienne du village, mais aussi à la situation morale et sociale des habitants...La mèthode qui consiste à permettre aux actions de se dèvelopper selon leur rythme naturel, plutôt qu'à les fractionner pour les reconstruire en intèrieur, montre combien le rèalisateur italien contrôle solidement les sentiments qu'il veut exprimer! il ne permet jamais à l'èmotion de se donner libre cours; il rejette les trucs grâce auxquels le cinèma rend habituellement l'intensitè de l'èmotion et la prècision technique prèparatoire qui les sous-entend! Notre sentimentalitè est rigoureusement exclue, et le film s'adresse sans cesse à l'esprit plutôt qu'au coeur! Un vèritable documentaire, multipliant les recherches plastiques, où les habitants de Aci Trezza, petit port sur la mer Ionienne, près de Catane, sont inoubliables...
Une fresque épique et chronique qui élève en puissance l'histoire d'apparence banale d'une famille de pêcheur. "La Terra trema" est une oeuvre aboutie maitrisée à la perfection par un Visconti aux allures slaves. L'esthétique incomparable du noir et blanc en plus. Cette oeuvre est l'apogée du néo-réalisme. Les acteurs dans une interprétation frappante de naturel donnent au film toute son authenticité et sa véracité. Les décors sont un personnage entier. Ils installent à eux seuls la plus grand partie de l'atmosphère du film : une atmosphère mélancoliquement slave. "La Terra trema" est d'un pessimisme déconcertant. Si l'on tendait l'oreille dans le creux du film, on entendrait le clappement des rames qui nous apprendrais que la condition humaine est inébranlable et purement injuste. C'est dans "La Terra trema" le message de Visconti qui atteint ici un niveau d'art digne des plus grandes peintures contemporaines.
Chronique néoréaliste percutante de la misère sociale, à travers le destin cruel d’un pêcheur sicilien révolté qui essaye de passer à travers les mailles du filet, portée par une interprétation inégale.
Roub E.
A part dire que c est formidable je ne développerais pas beaucoup sur « la terre tremble » un des grands films de Visconti. Mis à part la voix off trop explicative et le fait que la distribution composée de personnes dénichés sur place n’est pas au niveau dans certains rares cas; je ne vois pas quoi lui reprocher. C est du cinéma vérité, très recherché et fouillé, c est écrit de manière remarquable, cela touche parfaitement son but à savoir donner un sentiment de révolte et d injustice; c’est tout simplement remarquable et cruellement intemporel.
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