Je ne connais pas vraiment Varda, je sais juste que c’était la femme de Demy mais à part ça, je ne connais rien à son cinéma. J’ai juste pas mal entendu parler des Plages d’Agnès qui n’est pas super ancien, le cercle en avait parlé et ça avait l’air bien. Après Jacquot de Nantes c’est peut-être aussi un des plus connus. Du coup, ça peut être un bon test pour découvrir si j’aime ce qu’elle fait ou pas. Je dirais que le test est à moitié concluant.
Le film raconte la jeunesse de Demy et prend la forme d’une fiction avec des éléments documentaires, où on voit Demy âgé et prêt à mourir. Manque de bol (ou pas d’ailleurs), si je connais à peu près la réputation du bonhomme, je n’ai pas encore vu un de ses films. Alors ce n’est peut-être pas le réalisateur qui m’intéresse le plus mais les extraits qu’il y a dans le film me plaisent plutôt bien, et j’ai envie de voir ses films, alors pourquoi pas ? Est-ce que le film a une portée uniquement pédagogique ? Plus ou moins. Il utilise pas mal de procédés différents, notamment le passage du noir et blanc à la couleur, les allers et retours entre passé fictionnel et présent avec le vieux Demy, l’incursion d’extraits de ses films etc. Tout ça marche plutôt bien, j’ai remarqué que la photo, que ce soit en noir et blanc ou en couleur, se rapproche beaucoup des films de Demy, c’est assez émouvant de voir ça. Il y a aussi ces très gros plans sur le corps de Demy affaibli, mais bien vivant, dont l’âme est capté sur pellicule. C’est franchement beau de voir ça. Après la réserve, c’est que le film se veut un hommage à Demy et ne va pas forcément plus loin. Si ces parties « documentaires » sont assez émouvantes, la fiction est bien foutue mais plus pragmatique, plus pédagogique presque. On est pas si loin du biopic classique informatif. Pour comparer avec le Scorsese que j’ai vu récemment, il y avait ce côté histoire vraie mais le personnage était humain, égoïste, attachant. Là j’ai appris des choses sur Demy, ses origines, ce qu’il lui a donné envie de filmer etc, mais le personnage ne m’a pas ému outre mesure. Si on aime le cinéma, on se reconnaît forcément dans ce personnage cinéphile, qui va au cinéma souvent comme nous tous, qui fait des petits films bancals mais touchants dans son grenier, des films comme Attaque Nocturne qu’on a tous vu et qui nous rappelle forcément des souvenirs (oui, je le connaissais celui-là). J’ai aimé plein de trucs, la mise en scène, les acteurs, les scènes avec Demy âgé ; appris plein de trucs, mais ça ne m’a pas transporté. Il y avait aussi cette voisine, très belle, peut-être aurais-je voulu la voir plus elle aussi mais bon, j’en demande peut-être trop.
J’ai donc aimé mais pas adoré. Je voudrais aussi dire qu’il y a des idées qui ne marchent pas forcément très bien, comme les extraits de films. Alors oui, c’est marrant de voir ces images, mais bon, on nous en sort dès qu’il y a un parallèle à faire avec ce qu’on vient de voir dans la fiction, je ne trouve pas ça toujours très subtile, et surtout répétitif. Pour moi ça n’apporte rien au film, si ce n’est encore une fois rendre hommage à Demy. Franchement le film est sympa, il se laisse suivre, n’ennuie pas, même s’il est peut-être un peu long. Seulement, quand Cavalier prend sa caméra et nous parle de sa défunte femme je trouve ça passionnant et bouleversant, là c’est juste la première vie d’un cinéaste important. Je retiendrai malgré tout du film ces beaux plans sur le corps et la peau de Demy. Et ça ne m’a pas ôté l’envie de voir ses films (ni d’autres de Varda, ce n’est qu’un coup d’essai).