Avis : Jacquot de Nantes - Page 2

un chef d'oeuvre. Un très bel hommage à son mari Jacques Demy . Agnès Varda est une réalistrice engagée .

Dans ce film terriblement émouvant, Agnès Varda rend un vibrant hommage à l’homme de sa vie, le réalisateur Jacques Demy, en mêlant fiction pure inspirée de l’enfance du cinéaste à Nantes, images de lui au moment du tournage, et extraits de ses plus grandes créations (Lola, La baie des anges, Les parapluies de Cherbourg, Les demoiselles de Rochefort, Peau d’âne, Une chambre en ville,...). Jacquot de Nantes est d’autant plus bouleversant qu’il fut tourné quelques mois avant la mort de Jacques Demy, en 1990, alors qu’il se savait malade et condamné. Le long-métrage est aussi un très beau témoignage sur la France populaire des années 40 et 50, et sur le parcours exceptionnel d’un jeune garçon obsédé par l’idée de devenir cinéaste. Tendre, touchant et mélancolique.

Si on connaît Demy et qu on aime le cinéma minimaliste à l interprétation declamee alors pourquoi pas. Si on est novice, essayer d'autres démystifier ou varda car ils sont tellement plus que ça.

Je ne connais pas vraiment Varda, je sais juste que c’était la femme de Demy mais à part ça, je ne connais rien à son cinéma. J’ai juste pas mal entendu parler des Plages d’Agnès qui n’est pas super ancien, le cercle en avait parlé et ça avait l’air bien. Après Jacquot de Nantes c’est peut-être aussi un des plus connus. Du coup, ça peut être un bon test pour découvrir si j’aime ce qu’elle fait ou pas. Je dirais que le test est à moitié concluant.
Le film raconte la jeunesse de Demy et prend la forme d’une fiction avec des éléments documentaires, où on voit Demy âgé et prêt à mourir. Manque de bol (ou pas d’ailleurs), si je connais à peu près la réputation du bonhomme, je n’ai pas encore vu un de ses films. Alors ce n’est peut-être pas le réalisateur qui m’intéresse le plus mais les extraits qu’il y a dans le film me plaisent plutôt bien, et j’ai envie de voir ses films, alors pourquoi pas ? Est-ce que le film a une portée uniquement pédagogique ? Plus ou moins. Il utilise pas mal de procédés différents, notamment le passage du noir et blanc à la couleur, les allers et retours entre passé fictionnel et présent avec le vieux Demy, l’incursion d’extraits de ses films etc. Tout ça marche plutôt bien, j’ai remarqué que la photo, que ce soit en noir et blanc ou en couleur, se rapproche beaucoup des films de Demy, c’est assez émouvant de voir ça. Il y a aussi ces très gros plans sur le corps de Demy affaibli, mais bien vivant, dont l’âme est capté sur pellicule. C’est franchement beau de voir ça. Après la réserve, c’est que le film se veut un hommage à Demy et ne va pas forcément plus loin. Si ces parties « documentaires » sont assez émouvantes, la fiction est bien foutue mais plus pragmatique, plus pédagogique presque. On est pas si loin du biopic classique informatif. Pour comparer avec le Scorsese que j’ai vu récemment, il y avait ce côté histoire vraie mais le personnage était humain, égoïste, attachant. Là j’ai appris des choses sur Demy, ses origines, ce qu’il lui a donné envie de filmer etc, mais le personnage ne m’a pas ému outre mesure. Si on aime le cinéma, on se reconnaît forcément dans ce personnage cinéphile, qui va au cinéma souvent comme nous tous, qui fait des petits films bancals mais touchants dans son grenier, des films comme Attaque Nocturne qu’on a tous vu et qui nous rappelle forcément des souvenirs (oui, je le connaissais celui-là). J’ai aimé plein de trucs, la mise en scène, les acteurs, les scènes avec Demy âgé ; appris plein de trucs, mais ça ne m’a pas transporté. Il y avait aussi cette voisine, très belle, peut-être aurais-je voulu la voir plus elle aussi mais bon, j’en demande peut-être trop.
J’ai donc aimé mais pas adoré. Je voudrais aussi dire qu’il y a des idées qui ne marchent pas forcément très bien, comme les extraits de films. Alors oui, c’est marrant de voir ces images, mais bon, on nous en sort dès qu’il y a un parallèle à faire avec ce qu’on vient de voir dans la fiction, je ne trouve pas ça toujours très subtile, et surtout répétitif. Pour moi ça n’apporte rien au film, si ce n’est encore une fois rendre hommage à Demy. Franchement le film est sympa, il se laisse suivre, n’ennuie pas, même s’il est peut-être un peu long. Seulement, quand Cavalier prend sa caméra et nous parle de sa défunte femme je trouve ça passionnant et bouleversant, là c’est juste la première vie d’un cinéaste important. Je retiendrai malgré tout du film ces beaux plans sur le corps et la peau de Demy. Et ça ne m’a pas ôté l’envie de voir ses films (ni d’autres de Varda, ce n’est qu’un coup d’essai).

Avec son "Jacquot de Nantes" Agnès Varda rend un émouvant hommage à son époux chéri et à l'un des plus grands réalisateur du cinéma français, en plus de nous offrir une belle évocation de la vie du papa des "Demoiselles de Rochefort" et des "Parapluies de Cherbourg" qui nous en dit plus sur son mystère. A réserver à tous les inconditionnels du cinéaste français.

La fiction est source de gaîté, c'est ce que raconte cette opposition entre la couleur et le noir et blanc. C'est ce que je reproche au cinéma de Demy, d'y porter la gaité jusqu'à la niaiserie.. Jacques Demy en donne la raison en gros plan face caméra : il haït la violence. Ce qui est louable..

Agnès Varda rend un hommage émouvant et saisissant à son Jacquot regretté.. Le film fiction documentaire raconte langoureusement la naissance de la passion du cinéma chez Jacques Demy, qui le mènera au succès mais aussi et surtout, à Arlette.. La passion du cinéma de Jacques comme d'Arlette est bel et bien animée par un sentiment amoureux sur presque l'ensemble de leur filmographie, il est fort à parier que la source soit en grande partie naissante de leur union.

Agnès Varda parvient à nous transmettre son admiration, mais surtout son émotion douloureuse et mélancolique qui me traverse et me pince le cœur, comme une vague d'amour et de peine qui va et vient par la force du passé. Dans ce dernier plan le navigateur regarde tendrement l'horizon de sa vie face caméra, avant de détourner le regard vers la croisée du ciel et de la mer, pour y contempler inquiet, l'horizon de son trépas.