Luc Besson est un réalisateur qui, au travers les âges, aura marqué le cinéma français, et ce malgré une filmographie assez inégale, attirant une multitude de fans grâce à des oeuvres incontournables telles que "Léon" en 1994 (pour moi son chef d'oeuvre), "Le grand bleu" (1988), "Le cinquième élément" (1997) ou même le quelque peu surestimé "Nikita" (1990), mais aussi énormément de détracteurs avec des films un peu moins profonds mais tout de même intéressants à découvrir comme la trilogie "Arthur et les Minimoys" (2006, 2009 et 2010) ou "Adèle Blanc-Sec" (2011) (je n'ai à l'heure actuelle pas encore vu "Subway", "Lucy" et "Valérian, la cité des mille planètes"). "Jeanne d'Arc", sorti en 1999, a énormément divisé le public à sa sortie, entre les spectateurs enchantés par le dernier film made in Besson au sein de la société Gaumont, et les vrais connaisseurs de l'Histoire de France s'attendant à une adaptation plus fidèle de la vie de la Pucelle d'Orléans. Je ne suis pas grand connaisseur de l'Histoire de France ni de la vraie histoire de Jeanne d'Arc par ailleurs, donc la fidélité du film ne sera pas ici remise en question. Le récit prend donc place au début du XVème siècle, en Lorraine. Jeanne (Milla Jovovitch), à peine âgée d'une dizaine d'années, est fille de paysans heureuse qui se rend régulièrement à l'Eglise afin de se confesser et ainsi éloigner quelconque menance qui toucherait elle ou son entourage. Sa courte vie est chamboulée le jour ou un groupe d'anglais réduit son village à néant, violant et tuant en même temps Catherine, sa grande soeur qu'elle aimait tant. Depuis ce jour, elle ressent une haine profonde envers les Anglais. Des années plus tard, profondément croyante mais moins fidèle à l'Eglise depuis l'événement, elle reçoit un message à la provenance de saintes lui dictant de délivrer la France des envahisseurs Anglais qui, à cette période de l'histoire, envisageaient d'occuper la plus grande partie de la France. Ainsi, elle intègre les troupes françaises sous le règne de Charles VII (John Malkovitch) et réussit à livrer bataille contre l'armée anglaise, dans la ville d'Orléans. Voilà pour le pitch et les grandes parties de l'histoire. Que pense-je de ce film? "Jeanne d'Arc" fait partie de ces nombreux films qui sont passés plus d'une fois sous ma pupille durant ma jeunesse, dans laquelle j'étais déjà à la recherche de multitudes horizons cinématographiques toujours plus grands et aussi très éloignés parce qu'en plus de ce film, "Blade Runner", "La Môme" et "Cloclo" (tiens, trois biopics d'un coup, même si j'ai découvert ce dernier directement à sa sortie), pour ne citer qu'eux, faisant partie des films qui tournaient sans arrêt dans le lecteur, même si je ne les comprenais qu'à moitié... Mais malgré tout, ce qui doit mon 9/10 à ce film, c'est surtout la fascination que je ressentais devant ce film étant jeune, qui est aujourd'hui encore intacte. Excellent ! Franchement, "Jeanne d'Arc" est un Besson sous-estimé, oublié et mal aimé. D'abord, je trouve que le film présente un très beau portrait du personnage qui est réellement, au final, assez méconnu de tous. Milla Jovovitch ("Le cinquième élément", "Resident Evil", "Zoolander") campe une Jeanne -"d'Arc, du Coeur et de Dieu"- énergique, émouvante et ma foi très convaincante. Elle hurle, s'agite dans tous les sens, prend la parole fermement,
même quand elle est seule (voire toutes les scènes ou elle est en présence de sa conscience (Dustin Hoffmann), qu'elle seule peut voir puisqu'il provient de son esprit)...
Le film présente, par tous les engagements de l'héroïne, pour la plupart religieux, une image aussi bien mystérieuse qu'intrigante de l'héroïne moyenâgeuse, parce que cette mise en valeur du personnage nous rappelle avant tout que même le héros des héros n'est pas dénué de défauts et qu'il est humain avant tout, parce que
au début du film, on découvre qu'enfant elle était omniprésente à l'église, donc contre le péché, mais vers la fin, elle oublie complètement cet engagement pour l'Eglise et nie complètement le fait qu'elle ait commis des péchés durant toute la bataille d'Orléans, comme tuer, l'orgueil, la rébellion... Avant de s'en rendre compte en prison, croupissant dans la terre et les chiffons.
Donc, un personnage évoluant offrant une vision de la femme du Moyen-Âge bien différente de celle que le public obtient habituellement. Sinon, c'est normal qu'elle cabotine beaucoup puisque Jovovitch met les points sur les i sur l'aveuglement du personnage. Sinon, les autres acteurs reportent aussi la victoire: il est en effet intéressant de développer une partie cachée de Jeanne d'Arc en mettant en scène sa Conscience, personnifiée sous les traits de Dustin Hoffman ("Le lauréat", "Rain Man", "Marathon Man"). On ne sait qui il représente aux premiers abords mais petit à petit, on apprend de qui il s'agit
(selon mon interprétation, celui qui va faire prendre conscience, c'est le cas de le dire, à Jeanne que son rôle patriotique lui a totalement fait négliger son autre rôle, être fidèle à l'Eglise)
Les personnages campés par Vincent Cassel ("La haine", "Mesrine"), Tchéky Karyo ("L'ours", "Un long dimanche de fiançailles") et Faye Dunaway ("Bonnie & Clyde", "Chinatown") se suivent d'une manière intéressante même si au final je trouve ces personnages assez peu développés au final. Par ailleurs, je trouve qu'il aurait été aussi intéressant de traiter plus approfondissement la famille de Jeanne d'Arc, par exemple en montrant qui étaient ses parents. Puis, le film possède de très bonnes scènes de combats, ainsi qu'une superbe reconstitution de la France telle qu'elle était il y a cinq siècles. On se retrouve vraiment dans un somptueux environnement de campagne ou rien ne dépasse. Par contre, même si le film comporte des scènes de bataille bien orchestrées, je trouve qu'elles manquent parfois un peu de punch, les gestes des acteurs paraissent un peu trop linéaires. Sinon, sont parfois ajoutées des touches d'humour noir à l'air Rabelaisque, avec lesquelles je suis assez perplexe... Mais c'est à peu près tout ce que j'ai à reprocher au film qui est bien-sûr non dénué de défauts, puisque je sais que la nostalgie joue beaucoup sur mon avis sur le film. Enfin, l'une des plus grosses forces majeures de ce film, pour moi, c'est sa musique. Eric Serra a coutume de composer pour Besson et signe ici sa meilleure BO! Elle offre au métrage la persuasion au spectateur d'être rentré dans le film et d'avoir été projeté quelques siècles en arrière, comme dans une autre certaine production Gaumont que nous connaissons tous... "My heart calling" (le morceau final interprété par Noa) est un morceau magnifique résumant très bien ce que montre le film sur le personnage, et encore aujourd'hui ce morceau me rend profondément nostalgique. Pour conclure, "Jeanne d'Arc" est un vrai coup de folie pour une Milla Jovovitch très investie, une très bonne restitution du contexte historique et en même temps très personnelle. C'est l'âge d'or du cinéma de Besson, incontestablement.