Film le plus connu concernant Mozart, celui qui tient lieu de référence en tout cas. Que l’on soit adepte ou pas il faut reconnaitre qu’un biopic d’un tel homme est forcément intéressant, donc c’est parti.
Si d’emblée on est frappé par la reconstitution fidèle de l’époque (costumes, décors, mœurs), ainsi que par le souci du détail dans les anecdotes narrées sur le compositeur autrichien, on ne peut s’affranchir du côté hollywoodien assumé de l’œuvre. En effet, Foreman s’est senti obligé de rajouter du sensationnalisme, sous forme de complot mystérieux, avec la mort de Wolfgang. Certes en 1984 il demeurait des doutes, mais peu solides, sur la culpabilité de Salieri. On sait depuis que le décès, à 35 ans, d’Amadeus serait plutôt dû à un empoisonnement involontaire de sa part par une mixture censée le guérir de ses maux. Or en se renseignant plus sérieusement Milos aurait écarté cette hypothèse rapidement et facilement. L’appât de révélations sordides sur fond de jalousie artistique, procédé infiniment plus glauque et vendeur qu’un simple récit sur la fin misérable d’un artiste hors normes, a fini de convaincre le réalisateur de clore son long métrage par cette pirouette qui détruit l’intérêt historique qu’on aurait pu lui adjoindre (et ce n’est pas le seul écart).
En parlant de longueurs on peut remarquer qu’il y en a beaucoup. Certes la vie de Mozart est mouvementée et riche en rebondissements mais Foreman s’appesantit plus que de raison sur certains points, peut-être pour faire plus sérieux. Le rythme est souvent cassé, ce qui correspond tout à fait à ce qu’on sait du pianiste autrichien. Les images sont magnifiques, la musique sublime, l’histoire superbe (hormis la fin donc), les anecdotes truculentes, la trame géniale, l’acting est top (Oscar pour Salieri notamment) avec des figures trop peu connues mais qui ne prennent pas le pas sur les personnages, ces derniers sont travaillés de par leurs sentiments et leur psychologie… bref c’est très bien fait, et l’écueil soulevé plus haut n’écorne pas si énormément un ensemble solide.
En fait, on voit ici le désavantage que l’on subit à voir un film réalisé par un Salieri plutôt que par son rival virtuose. Là où un Spielberg se renseigne énormément et colle à la réalité (Schindler), Milos cède aux sirènes qui permettent d’amplifier artificiellement l’intérêt de son ouvrage, quitte à se départir des travaux de recherches (au demeurant très fouillés, fait rare pour les Américains). On a donc un documentaire intéressant, qui peut servir de base sérieuse pour connaitre Mozart et ainsi mieux appréhender sa musique, mais pour ça il faut omettre son côté thriller.