Amadeus, c'est un grand film qui ne s'oublie pas aussitôt vu. Racontant la vie de Mozzart en retraçant des faits réels, Amadeus n'a rien d'un documentaire historique et fait partie de ces films à oscar qui ont marqué le 7e art. Dès les premières images choquantes de Salieri se blessant lui même, tombé dans le gouffre de la folie, on sent que le film va être d'une richesse émotionnelle intense. Et c'est tout à fait le cas. Amadeus monte très doucement crescendo dans les émotions pour arriver à une condensation magistrale de peur, folie, beauté, rire, drame et noirceur. La première partie nous montre à quel point Salieri a son importance dans l'histoire, et nous fait découvrir Mozzart et ses excentricité, ainsi que les dangers et les nombreuses restrictions de la cour de l'empereur de Vienne. Les acteurs nous offrent des énormes performances monstres qui resserrent l'étau que cette œuvre cinématographique exerce sur nous. Le film, au début, se « contente » de nous arracher de grands éclats de rire devant les gloussement du héros ou devant les situations comiques qu'il crée autour de lui. L'empereur est presque le bouffon de service mais ses manières si nobles et distinguées rend cela crédible et subtil. On observe également que la narration est des plus soignée, avec des ralentissement et des accélérations dans l'histoire tout à fait calculés, tout comme l'alternance présent (le témoignage) et passé. Puis, le film, qui ne cesse de gagner en ampleur de la même façon que le succès de Mozzart et l'admiration involontaire que lui voue Salieri augmentent, prend un autre ton dès que le père du héros meurt. Des scènes sombres commence à apparaître (comme la fantastique conversation avec l'homme au masque noir) ou la reconstitution de Don Juan qui nous impose un commandeur plus terrifiant que jamais. Mozzart sombre peu à peu dans la folie due à cette fatigue excessive (conséquence directe de son entier dévouement à son œuvre qui prend de plus en plus d'importance pour lui, au détriment des femmes). Sa lente « agonie » est d'une cruauté froide, de plus, le réalisateur surenchéri avec la vision de Salieri qui, avec du recul, en ricane avec méchanceté face au prêtre. La dimension que prend le film, sublimée par les musiques toujours aussi touchantes que riches de ce fameux compositeur, devient vraiment imposante dans la dernière partie, qui s'achève avec un passionnant tête à tête avec Salieri et un enterrement mélangeant dure réalité des choses et tristesse d'âme en peine. Les dernières minutes nous font brusquement revenir à la réalité, au présent, mais on finit par un petit moment ironique et complètement paradoxal : « je vous absous! ». Amadeus est un chef d'œuvre en son genre, un grand film sur la musique et surtout sur les hommes face à Dieu.