Amadeus, film de Milos Forman, a obtenu 8 Oscars lors de la cérémonie de 1985. Meilleur film, meilleur acteur pour F. Murray Abraham,(malheureusement oublié aujourd'hui) meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur maquillage, meilleurs costumes, meilleur direction artistique et bien évidemment meilleur musique. Nommé pour dix récompenses, au vu du chef d’œuvre de Forman Amadeus, on se demande comment ses deux derniers trophées ont pu lui échapper. Cette oeuvre n’est pas un documentaire mais bien une fiction. Tout droit sorti de l’imagerie romantique, ce film se permet de nombreux écarts avec ce que nous savons de la réalité. Par exemple, si on voit à plusieurs reprises Mozart en chef d’orchestre de ses propres opéras, il semble ne l’avoir jamais fait. De plus, les succès et les échecs présentés dans le film n’ont pas forcément eu lieu. Exemple flagrant : l’opéra Don Giovanni présenté comme un fiasco dans ce film fut en réalité un succès grandiose. Amadeus est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Peter Shaffer et par conséquent l’intensité dramatique n’est pas non plus en adéquation avec la vérité . Ce film ne dévoile pas Mozart mais finalement sa musique !!! Ce virtuose nous accompagne tout au long du film et elle est tellement belle et variée que le cinéaste peut s’en servir pour exprimer n’importe quelle émotion. C’est une joie intense et profondément merveilleuse que de redécouvrir cette harmonie des sons que nous connaissons tous. Le paroxysme est atteint lors d’une scène finale de toute beauté où l’on assiste à l’écriture de son requiem et où l’on saisit toute l’ingéniosité de cet être si singulier. On comprend alors que il entendait parfaitement la musique au plus profond de lui même . Une fois le film terminé, on veut tout entendre de lui, symphonie, concerto, sonate, opéra, on voudrait se noyer dans sa musique et s’en bercer pour l’éternité, car les morceaux de ce compositeur émérite sont incontestablement immortels.
Le film joue également sur une intensité dramatique forte , le duo d’acteurs, formé par F. Murray Abraham et Tom Hulce, est tout simplement époustouflant. Le premier joue un Salieri stupéfiant, retenant ses émotions avec une habilité rare et pourtant habité d’une noirceur profonde. Le second, quant à lui, joue un Mozart démentiel, de l’insolence à la folie en passant par l’égoïsme tout est maitrisé. La reconstitution historique est brillante et les costumes comme le maquillage sont impeccables, du grand art. L’histoire nous est contée par un Saliéri Vieillissant, qui se remémore ses souvenirs. Les scènes où il apparaît sont réalisées à la perfection et la relation que le metteur en scène entretient avec la religion est développée de la plus belle des façons, c’est à la fois profond et étonnant.
A l’instar de sa musique, ce film est un chef d’œuvre.