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chrischambers86
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3,0
Publiée le 12 juin 2015
Ecrivain le plus adaptè pendant l'Occupation, neuf Simenon sortent sur les ècrans entre 1942 et 1945! Parmi cela, "Les Caves du Majestic" de Richard Pottier, le dernier film entrepris par la « Continental » , cette firme de droit français mais de capitaux allemands dirigèe par Alfred Greven! On sait que la « Continental » avait surtout à coeur de montrer des films bien faits pour le plus grand public possible, sans dèmonstration particulière nèanmoins en faveur du règime de l'occupant! C'est donc le troisième Maigret de la « Continental » après le bon "Picpus" de Pottier et l'excellent "Cècile est morte" de Maurice Tourneur! C'est l'acteur Albert Prèjean qui incarne une fois de plus le commissaire Jules Maigret, avec aussi la grande Suzy Prim, Denise Grey et l'inèvitable Gabriello, dans une mise en scène certes un peu terne mais toutefois très agrèable à regarder! Même si Simenon avait ècrit son roman de même titre juste avant-guerre, en 1939, et même si l'affaire criminelle qui convoque Maigret dans les Caves du dit Hôtel n'a rien à voir avec la pèriode, l'ènigme tout à la fois policière et sentimentale qui s'y dèroule avait de quoi repousser quelque peu le public à l'èpoque! Un classique...
Richard Pottier réalisateur de 39 films en 30 ans de carrière était en réalité né à Graz, située à l'époque dans l'empire austro-hongrois (aujourd'hui en Autriche), sous le nom d'Ernst Deutsch. Il s'oriente très jeune vers le cinéma et devient assistant de Josef von Sternberg sur « L'ange bleu » (1930). Appelé en France pour diriger les versions françaises de productions multilingues, il s'y installe définitivement et adopte le patronyme de Richard Pottier qui ne laisse en rien deviner ses origines germaniques. Sa carrière hétéroclite le voit opérer dans la comédie, le drame, le film d'opérettes (pour Tino Rossi et Luis Mariano) et même le péplum en fin de carrière (« L'enlèvement des sabines » avec Roger Moore en 1961). Mais c'est dans le genre policier qu'il réalise ses meilleurs films. Au début des années 1940, il met en scène deux Maigret avec Albert Préjean qui sera l'un des plus improbables héros de l'oeuvre de Simenon. Après « Picpus » en 1943, ce sera « Les caves du Majestic » une année plus tard. Pour l'occasion Charles Spaak remplace Jean-Paul Le Chanois pour l'adaptation du roman éponyme de Simenon qui demeure l'une des enquêtes mettant le plus à l'épreuve l'humanité de Maigret. Dans les caves de l'hôtel Majestic est retrouvé le cadavre de la femme (Suzy Prim) d'un riche industriel suédois (Jean Marchat),spoiler: resté seul avec son fils. Se pose alors la douloureuse question du devenir du jeune enfant. Dans les coulisses de l'hôtel, notamment du côté des cuisines, Maigret va découvrir que l'éventail des suspects est bien plus large qu'il l'imaginait . Les enjeux autour du sort de l'enfant, prennent quelquefois le pas sur l'enquête notamment à cause du pathos que place dans son jeu le mièvre Albert Préjean qui n'a visiblement rien retenu de l'aspect bourru du personnage qui sera la marque de fabrique de tous ceux qui ont tenu le rôle d'Harry Baur à Bruno Cremer en passant par Gino Cervi, Charles Laughton et bien sûr l'ncontournable Jean Gabin. Un réalisateur sans personnalité affirmée face à un acteur en roue libre, ce mariage boiteux ne pouvait guère prétendre à la réussite. La présence du grandiloquent et benêt André Gabriello n'arrange rien à l'affaire. Seul le toujours impeccable Fernand Charpin, échappé de chez Pagnol parvient à donner un peu de couleur à cette production bien terne où une Gina Manès sur le déclin fait une courte apparition.
Evidemment Albert Préjean nous campe un drôle de Maigret, disons même carrément que ce n'est pas Maigret, mais on peut en faire abstraction et il ne se débrouille pas si mal. La réalisation est banale mais correcte, la direction d'acteurs est bonne sauf le personnage du juge d'instruction à la limite du grotesque, et celle de Petersen trop caricaturale. On a droit sinon à des personnages haut en couleur comme l'argentin, ou Gabriello qui nous fait l'adjoint de Maigret, ces dames sont charmantes, et on a la surprise de voir Denise Grey qui n'avait pas encore 50 ans, quant à Jacques Baumer il se révèle excellent. L'intrigue est bien menée avec quelques scènes excellentes comme le dialogue avec Ginette, en revanche la scène des deux papas est aussi lourde que ridicule. Quant à la résolution elle est astucieuse et ne nous arrive pas comme un cheveu sur la soupe comme trop souvent dans les polars à énigmes.
Maigret et son adjoint Lucas (le truculent Gabriello) enquêtent sur le meutre d'une bourgeoise résidente de l'hôtel Majestic. Beaucoup de suspects et de possibles mobiles brouillent les pistes. Après "Cécile est morte" et "Picpus", Albert Préjean confirme qu'il est un bon commissaire Maigret. Déterminé mais surtout impertinent, voire roublard, et irrévérencieux, l'acteur impose une figure policière plutôt savoureuse. Elle est la meilleure part d'une intrigue incertaine mais pas très originale, succession d'entrevues brèves et variées avec les suspects dont le spectateur ne saurait tirer aucune conclusion. La dimension psychologique attachée à certains des protagonistes, conformément à l'oeuvre en général de Simenon, n'est pas déterminante. C'est une faiblesse de l'adaptation. L'absence de style de la réalisation et les seconds rôles un peu ternes en sont deux autres. Il reste que le film de Richard Pottier et les comédiens cultivent un certain esprit du cinéma policier de l'époque et que ce n'est pas désagréable.
Préjean n'est sans doute pas le comédien qui correspond le mieux à la personnalité de Maigret. Néanmoins, il n'est pas mauvais. Quant à l'intrigue, elle se tient, même si elle dérive vers des considérations assez bizarres et hors sujet sur la paternité. Ce film vaut surtout par sa galerie de personnages et les dialogues incisifs de Spaak. Ca se laisse donc regarder assez agréablement et c'est très représentatif du cinéma des années quarante et en particulier des films tournés sous l'occupation d'où sont absentes toutes considération sur le contexte, comme si la société française continuait à vivre de la même façon qu'avant-guerre. Du cinéma d'évasion donc, mais celui-ci comporte tout de même une touche sociale : dans le Majestic, il y a ceux d'en haut, les clients, et ceux d'en bas, les soutiers des cuisines. Un petit côté Gosford Park, même s'il aurait gagné à être mieux développé, par exemple en nous montrant l'impitoyable hiérarchie des cuisines et des grands hôtels.
Policier de facture classique qui permet de retrouver le celebre commissaire Maigret sous les traits de l'excellent Prejean flanqué de son fidele adjoint Lucas (drolissime Gabriello) .En + de l'intéressante enquete qui se termine par une memorable confrontation dans le bureau du juge (Charpin et son inoubliable accent chantant) ,ce film possede une originale dimension humano-psychologique dans le sens ou Maigret doit en + trouver quel sera le meilleur pere pour l'enfant de la victime : le biologique qui vit modestement ou le richissime qui l'a elevé depuis sa naissance.Ceci renforce l'aspect humain de 2 des principaux suspects qui se verront finalement innocentés.La realisation soigné et l'intelligence des dialogues de Spaak confere au personnage de Maigret cette stature particuliere et impressionnante (serenité et perspicacité) qu'il degage lors de l'enquete ,avec pour resultat des temoins partagés entre admiration et crainte.
Une très belle galerie de personnages dans cette enquête de Maigret. Malgré un rythme un peu lent, quelques longueurs, j'ai pris un vrai plaisir sur le jeu des comédiens servis par des dialogues justes.