Richard Pottier réalisateur de 39 films en 30 ans de carrière était en réalité né à Graz, située à l'époque dans l'empire austro-hongrois (aujourd'hui en Autriche), sous le nom d'Ernst Deutsch. Il s'oriente très jeune vers le cinéma et devient assistant de Josef von Sternberg sur « L'ange bleu » (1930). Appelé en France pour diriger les versions françaises de productions multilingues, il s'y installe définitivement et adopte le patronyme de Richard Pottier qui ne laisse en rien deviner ses origines germaniques. Sa carrière hétéroclite le voit opérer dans la comédie, le drame, le film d'opérettes (pour Tino Rossi et Luis Mariano) et même le péplum en fin de carrière (« L'enlèvement des sabines » avec Roger Moore en 1961). Mais c'est dans le genre policier qu'il réalise ses meilleurs films. Au début des années 1940, il met en scène deux Maigret avec Albert Préjean qui sera l'un des plus improbables héros de l'oeuvre de Simenon. Après « Picpus » en 1943, ce sera « Les caves du Majestic » une année plus tard. Pour l'occasion Charles Spaak remplace Jean-Paul Le Chanois pour l'adaptation du roman éponyme de Simenon qui demeure l'une des enquêtes mettant le plus à l'épreuve l'humanité de Maigret. Dans les caves de l'hôtel Majestic est retrouvé le cadavre de la femme (Suzy Prim) d'un riche industriel suédois (Jean Marchat),
resté seul avec son fils. Se pose alors la douloureuse question du devenir du jeune enfant. Dans les coulisses de l'hôtel, notamment du côté des cuisines, Maigret va découvrir que l'éventail des suspects est bien plus large qu'il l'imaginait
. Les enjeux autour du sort de l'enfant, prennent quelquefois le pas sur l'enquête notamment à cause du pathos que place dans son jeu le mièvre Albert Préjean qui n'a visiblement rien retenu de l'aspect bourru du personnage qui sera la marque de fabrique de tous ceux qui ont tenu le rôle d'Harry Baur à Bruno Cremer en passant par Gino Cervi, Charles Laughton et bien sûr l'ncontournable Jean Gabin. Un réalisateur sans personnalité affirmée face à un acteur en roue libre, ce mariage boiteux ne pouvait guère prétendre à la réussite. La présence du grandiloquent et benêt André Gabriello n'arrange rien à l'affaire. Seul le toujours impeccable Fernand Charpin, échappé de chez Pagnol parvient à donner un peu de couleur à cette production bien terne où une Gina Manès sur le déclin fait une courte apparition.