Pas hyper-tenté à la base, j'ai finalement été plutôt séduit par ce récit d'apprentissage certes assez « littéraire », mais souvent mené avec intelligence et sensibilité. Je n'y avais pas forcément pensé mais c'est vrai qu'il y a du François Truffaut dans cette manière de raconter une histoire (le recours à la voix-off, notamment), dans l'approche des personnages, cette quête de liberté permanente, ces interrogations, auxquelles s'ajoutent le contexte de la guerre d'Indochine. Même l'interprétation de Grégoire Colin évoque celle de la Nouvelle Vague, sans que cela soit vraiment gênant, ce qui est moins le cas des comédiens autour de lui. Il manque peut-être un peu de souffle, certains personnages sont clairement sous-exploités voire caricaturaux (celui de Martin Lamotte est concerné dans les deux cas) et j'avoue avoir eu beaucoup de mal à croire à cette histoire d'amour manquant de ferveur, malgré les efforts de Gérard Corbiau pour offrir quelques jolies scènes. Enfin, peut-être était-ce la copie mais la photographie m'a paru bien terne, peu en phase avec la relative ambition de l'entreprise. Reste une œuvre souvent délicate, abordant avec compassion le difficile passage à l'âge adulte tout en rendant un bel hommage à l'écriture, l'occasion, également, d'observer le talent de Laurent Grévill, acteur trop rare doté d'une vraie présence, et ce même si le caractère du protagoniste aurait gagné à être plus nuancé. Quelques faiblesses, donc, mais plutôt convaincant.