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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 30 novembre 2017
Longtemps considéré comme perdu à l'instar de "Quatre diables" le deuxième film hollywoodien de Murnau, "Le Fantôme" a été retrouvé en 2002 puis restauré pour être désormais visible par les amoureux du cinéma du grand réalisateur allemand. Tourné à la suite de "Nosferatu le vampire", "Le fantôme" n'est pas de facture expressionniste mais plutôt inspiré par le "kammerspiel" (cinéma de chambre) berlinois de Max Reinhardt. "Le fantôme" laisse pourtant croire par son titre que Murnau prolonge la veine fantastique de "Nosferatu". Il n'en est rien, le scénario de Thea von Harbou (ex-scénariste et ex-femme de Fritz Lang) proposant de suivre deux heures durant la déchéance puis la rédemption de Lorenz (Alfred Abel), un petit fonctionnaire s'accrochant à un rêve trop grand pour lui. Epouser une fille de notable (Lil Dagover) dont il a subrepticement croisé le regard après qu'elle l'a renversé avec son fiacre. Une dramaturgie très classique dont aucun des rebondissements n'est laissé à l'écart, le jeune homme issu d'une fratrie modeste tombant dans tous les pièges qui se présentent à lui. L'ensemble est cousu de fil blanc et ne permet donc pas à ce film longtemps disparu de rejoindre les chefs d'œuvre du maître comme le fit "City Girl" (1928) lui aussi longtemps invisible dans une version d'époque. Pourtant Murnau comme toujours virtuose n'a pas besoin de recourir à de nombreux intertitres, sa direction d'acteurs sobre et sa mise en image où quelquefois affleure son inclinaison expressionniste, suffisent pour exprimer les enjeux du film. C'est le fantôme de lui-même que Lorenz est devenu en se mettant bien malgré elle sous la dominance d'une grande bourgeoise qui après avoir failli le tuer ignore jusqu'à son nom. Sans avoir été mordu, Lorenz en quête d'identité s'inocule lui-même le venin en s'amourachant d'un sosie qui le conduira jusqu'à sa perte. On peut voir dans cette analogie la transposition du thème de "Nosferatu" dans un monde réel départi de tout le décorum dont Bram Stoker avait paré son roman. Un décorum qui fera la joie des productions Universal des années 30 puis de celles de la Hammer à partir du mitan des années 50. A voir pour constater que Murnau pouvait aussi se réclamer d'une approche plus dépouillée de son art.
Murnau nous dresse ici une autre conception de l'Expresionnisme : hors du champs surnaturel explicite hormis une scène mythique, il nous peint un portrait de l'homme, perdu entre le vice et la vertu. C'est alors que naît la folie nourrie de l'intérieure, et c'est de là que naît le fantastique. On pourrai même penser que Murnau s'inspire de Maupassant tellement les ressemblances se rapprochent et se complètent. Fantome est une oeuvre éblouissante, qui se perd peut-être quelque peu dans son propre, mais qui illustre avec personnalité un portrait noir de l'homme, de sa société et de son obsession pour l'argent. Pertinent et unique.
En tournant ce mélodrame, Murnau y a déjà vu une manière d'aborder les thèmes du fantastique qu'il déeloppe surtotu dans son superbe "Nosferatu". Une belle curiosité, si le scénario est convenu et sans surprise, la mise en scène est inventive.
S'il a été tourné à la même époque que le célèbre «Nosferatu», «Phantom» est bien moins expressionniste que son illustre prédécesseur, du moins à première vue, puisque Murnau se réfère tout de même à des artistes tels qu'Edvard Munch ou Käthe Kollwitz pour composer ses plans. «Phantom» vaut surtout le coup d'oeil pour l'excellente interprétation d'Alfred Abel, davantage connu pour sa participation à «Metropolis» ou au premier «Docteur Mabuse» de Fritz Lang. Bien qu'il joue le rôle d'un quelconque aspirant poète, romantique voire pathétique, sa prestation nuancée à la perfection et déchirante d'un moins que rien amoureux d'une femme bien trop riche et bien trop belle pour lui est terriblement touchante. C'est surtout lui qui porte le film, car pour le reste les autres interprètes ou la mise en scène plus sobre qu'à l'accoutumée de Murnau ne sont pas vraiment inoubliables malgré leur indéniable qualité. Il faut dire que l'intrigue, ressemblant étrangement à une version édulcorée de «Crime et Châtiment», est linéaire et assez prévisible... Ce qui ne l'empêche pas d'être relativement digne d'intérêt : l'éternel conflit intérieur entre vice et vertu trouve une belle expression sous la caméra de Murnau. Et la sobriété de style adoptée permet de faire ressortir d'autant plus les quelques moments d'onirisme pur, comme à l'accoutumée magnifiques. Tout aussi marquante que ce portrait d'homme esseulé et désespéré, la peinture d'une société cupide, hypocrite et décadente que brosse Murnau est saisissante, heureusement qu'il laisse entrevoir l'espoir d'une possible rédemption, sans quoi «Phantom» serait étouffant par sa noirceur. La récente réédition de ce long métrage supposé perdu est donc une bonne nouvelle, surtout que la musique d'accompagnement signée Robert Israel est excellente et sied tout à fait au film bien qu'elle ne soit pas d'origine. Au final «Phantom» est un joli long métrage, mais plutôt mineur pour un Murnau : s'il s'adresse à tous je le recommanderais plus particulièrement aux amateurs du cinéaste allemand. [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Synopsis:Un employé municipal, poète à ses heures est renversé un jour devant chez lui par une calèche. Il tombe amoureux de la jeune fille qui était à l'intérieur, spectre qui le poursuivra toujours. Il sombrera dans une folie amoureuse qui le conduira à la débauche. Critique: Certainement pas le meilleur Murnau, mais les images sont particulièrement pénétrantes, la descente dans cette folie est très bien rendue par les plans et les effets caméra ainsi que cette musique troublante et répétitive. Proche du Cabinet du Dr Caligari de Wiene.