Et le réalisateur George Miller remet le couvert pour la troisième fois, nous resservant après le succès sans faille du second opus une nouvelle aventure de « Mad » Max Rockatansky. Allant même jusqu’à s’offrir un budget encore plus conséquent que les précédents, l’aide de productions américaines et une célébrité internationale à son casting en la personne de la chanteuse Tina Turner. Autant dire que Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre se présentait avec les meilleures conditions possibles pour concurrencer Mad Max 2. Mais le destin en a voulu autrement. En effet, il aura fallu d’une tragédie pour que ce troisième volet devienne le moins apprécié de la franchise, et non sans raison.
Alors que le tournage commence, Byron Kennedy décède dans un accident d’hélicoptère. S’il n’est pas spécialement connu du grand public, sachez qu’il s’agit du producteur des deux premiers longs-métrages de la saga et surtout un grand ami de Geroge Miller. Celui qui lui permit d’entrer dans le monde du cinéma et de concrétiser son projet de Mad Max en apportant sa collaboration au scénario. Une énorme perte pour le réalisateur qui, n’ayant pas le courage de poursuivre pleinement les prises de vue de Mad Max 3, demande à un ancien complice, George Ogilvie (avec qui il avait déjà travaillé sur une mini-série intitulée The Dismissal), de venir le seconder à la réalisation. Du coup, nous nous retrouvons en face d’un film dirigé par deux personnes différentes, n’ayant pas forcément la même vision des choses (ni le talent) et qui a toute les chances d’avoir une allure un brin bancale. Cela n’a malheureusement pas loupé…
La première chose qui frappe dans ce troisième volet est la suivante : s’agit-il bien d’un Mad Max ? En effet, il faudra attendre les 15-20 dernières minutes pour reconnaître l’univers créé par George Miller, via une course-poursuite certes moins efficace que dans le 2 mais tout aussi divertissante. Quelques détails scénaristiques, comme l’ancien job de Max (flic de la route), répondent également présents sans se montrer abondants. Sinon, le reste préfère laisser de côté les moteurs vrombissants pour s’intéresser à une histoire post-apocalyptique des plus banales sans chercher à se renouveler : des gens se battant pour une ressource/énergie vitale, d’autres à la recherche d’un paradis perdu dans un monde désolé… Même, ce Mad Max 3 oublie le côté délirant et rock’n roll des opus précédents et se prend bizarrement au sérieux, présentant ainsi des personnages moins excentriques qu’auparavant qui ne font que parler et parler (étonnant de la part d’un Mad Max, justement !). Pire, le scénario fait côtoyer notre anti-héros avec une communauté spécialement faite d’enfants, qui rappelle le Hook de Steven Spielberg. En faisant cela, le script perd ainsi l’essence même de la franchise ainsi que ses thématiques (la violence, l’humour noir, la folie humaine…) et se révèle être bien trop hollywoodien avec ses clichés, sa mise en scène et son montage classiques ainsi que son comique gentillet.
Attention, je ne dis pas que le film est mauvais, au contraire ! Il suffit de voir les moyens qui ont été mis à disposition afin de faire perdurer la franchise. Cela se voit notamment dans les décors, accessoires, costumes, maquillages et effets spéciaux, d’excellentes factures. Et puis, l’ensemble se montre suffisamment divertissant pour ne pas ennuyer un seul instant, proposant quelques séquences amusantes (comme le duel dans le Dôme du tonnerre), une histoire principale attrayante et quelques idées scénaristiques fortes sympathiques (comme ce carré au bout d’un bâton pour simuler un écran de télévision). Sans oublier le plaisir qu’ont les comédiens à faire partie du projet ni la musique de Maurice Jarre qui parachève le tout avec la cultissime chanson We Don’t Need Another Hero. Mais encore une fois, rien dans ce film n’appartient à l’univers Mad Max et c’est cela qui déçoit le plus. Aussi bien ses airs de péplum de série B (dus aux costumes et au manque de véhicules) que son ton léger et son ambiance quasi messianique qui casse littéralement l’image même du personnage principal.
Bien loin du délire des premiers films qui mettaient en scène un anti-héros ultra badass qui se déshumanisait, Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre se révèle être un divertissement bien mené et amusant, mais qui n’a nullement sa place dans la saga, car étant trop différent sur bien des points, voire même aseptisé au possible. Si George Miller s’était plus impliqué dans son projet (ce n’est pas un reproche, juste une supposition), sans doute que le long-métrage aurait eu une toute autre allure et aurait pu détrôner Mad Max 2 sans mal. Qui sait !