Après un premier opus surprenant (malgré son manque de moyen criant) et une suite transcendantale qui a marqué durablement les esprits des cinéphiles, la saga "Mad Max" s’offre un troisième opus… et achève, donc, le règne de Mel Gibson dans le rôle titre par un film décevant. Dès les premières secondes du générique, qui s’ouvre sur le "One of the living" de Tina Turner (qui fait tellement productions bas de gamme des 80’s), on a l’impression de s’être trompé de film. Comment une saga post-apocalyptique, fondée sur une ambiance poisseuse où la mort rôde, peut-il s’autoriser un tel score, en ouverture qui plus est ? Ce raté aurait pu n’être qu’un faux départ… il sera symptomatique du film ! On sait, depuis la sortie de ce "Mad Max 3", que George Miller ne s’est que très peu impliqué dans la mise en scène… qui a été quasi-exclusivement assurée par George Ogilvie (crédité comme co-réalisateur). Faut-il y voir la lassitude d’un réalisateur souhaitant passer à autre chose (surtout après la mort accidentelle de son producteur habituel) ou une réaction à la pression des producteurs souhaitant rentabiliser la saga sans en saisir l’essence ? Difficile à dire… Mais, une chose est sure : ce "Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre" est raté, et ce quasiment à tous les niveaux. Première erreur (et non des moindre !), la présence de Tina Turner comme co-vedette du film ! Comme si Mel Gibson (et le personnage de Mad Max) ne suffisait pas à rameuter les fans alors qu’il porte à lui seul les deux premiers films sur ses épaules ! Ce n’est, d’ailleurs, pas que la chanteuse soit mauvaise actrice (encore que sa prestation est loin d’être mémorable) mais l’importance disproportionnée qui lui est accordée (son nom et son visage apparaissent sur l’affiche, elle s’offre deux titres sur la bande originale qui ouvrent et ferment le film, dont le fameux "We don’t need another hero" !) m’a profondément gonflé. On a vraiment l’impression d’être devant un film à vocation purement commerciale, censé lancer la carrière cinématographique d’une pop star ! Autant ce genre de productions est acceptable lorsqu’il s’agit d’une romance (qui a dit "Bogygard" ?) mais surement pas avec une saga comme "Mad Max" !!! Son rôle frôle, d’ailleurs, le risible puisque, outre un costume qu’on qualifiera poliment de "discutable", ses répliques ne sont pas d’une grande force dramatique et se fourvoient ,parfois, dans le grotesque (ah, le "rends le moi" beuglé sur le train). Il serait, cependant, injuste de réduire l’échec artistique de ce troisième "Mad Max" à la seule présence de cette pauvre Tina Turner (qui, une fois, encore ne démérite pas plus que ça). En effet, les défauts se cumulent. Le scénario, tout d’abord, est un grand modèle de déstructuration poussive qui peine à trouver un sujet à défendre, Tout est poussif dans le film : l
es raisons de l’arrivée du héros à Bartertown, son embauche comme exécutant d’un putsch, les raisons de sa disgrâce quasi-immédiate (alors qu’il est censé être un survivant sans scrupules), la légende qu’il se voit attribuer quand il débarque dans la colonie de gamins (sorte d’ersatz soûlant des "Enfants Perdus de Peter Pan) ou, encore, la mission suicide dans laquelle il se lance pour rattraper les inconscients désireux de découvrir la Terre Promise malgré ses avertissements.
Non content d’être un grand foutoir, "Mad Max 3" se plait à cumuler les incohérences scénaristiques. Difficile, ainsi, de comprendre pourquoi le scénariste a considéré comme logique de
faire quitter aux Enfants perdus leur paradis terrestre pour aller se vautrer dans un enfer urbain (y compris à la fin du film, qui prend place dans les ruines des anciennes villes)
. Difficile, également, de comprendre pourquoi il a été jugé malin de faire revenir le pilote fou jour par Bruce Spence et d’en faire la cause initiale des malheurs de Max… pour, finalement, en faire un personnage différent du second opus si on en croit sa rencontre avec Max où ni l’un ni l’autre ne se reconnaissent ! Ces retrouvailles auraient, pourtant, pu être l’occasion d’enrichir un peu l’intrigue et de faire le lien avec les opus précédents… Il faut croire que chaque épisode se veut comme indépendant des autres avec, tout au plus, quelques thèmes communs et, surtout, aucune continuité temporelle. Dès lors, que reste-il à sauver dans ce troisième "Mad Max" ? Comme toujours, la poursuite finale… qui, comme par hasard, a été mise en boite par George Miller ! Ce n’est, en effet, que lors de cette longue scène
(dans laquelle Max et ses compagnons d’infortune fuient Bartertown, poursuivis par la ville entière)
que le film renoue, enfin, avec l’essence de la saga et son approche viscérale. On retrouve, ainsi, les véhicules de folie, les cascades hallucinantes, les prouesses de Max… ce qui restent assez peu pour sauver l’ensemble. Quant à Mel Gibson, il est toujours aussi monstrueux de charisme… même s’il semble bien moins concerné ici, peu aidé, il est vrai, par l’écriture de son, personnage qui perd beaucoup de son aura de guerrier de la route. La saga "Mad Max" s’achève, ainsi, sur une note un peu gênante, venue raviver le souvenir intense de l’épisode 2… qui restera comme son opus le plus représentatif.