Madame Bovary filmée par Sophie Barthes à la sauce hollywoodienne. La seule sobriété littéraire du film réside en son banc titre académique blanc sur fond noir. Après une crispante litanie de producteurs, de partenaires, la langue américaine surprend. Puisque le film est baptisé Madame Bovary, il est donc question de Flaubert sinon il aurait été appelé Les Tribulations d’une bourgeoise campagnarde ou bien Vivre au pays de Caux au temps de Flaubert ou tout simplement L’Ennui. Donc, on est bien d’accord, Madame Bovary c’est Flaubert. Je veux bien que ce film soit conçu pour un public américain, mais dans une salle obscure au cœur de la Normandie, écouter Flaubert en Yankee et lire la retraduction des dialogues pour les sous titrages cette fois en français, Diable Flaubert est loin ! Mais point de mauvais esprit on pardonne beaucoup à nos amis Américains.
Les premières images nous déconcertent, ainsi ces champs de maïs, inconnus à l’époque de Madame Bovary puis les maladresses s’accumulent, les paysages très vallonnés ne ressemblent en rien au plateau de Caux où se situe l’action, la demeure de Charles et Emma, cette bâtisse en pierres est tout aussi invraisemblable, aucune vache normande ne pointe son mufle au comice agricole où paraissent des prim’ holstein, comment imaginer des fiacres circulant dans les allées gravillonnées du jardin de l’Evêché à Rouen alors que de nombreuses ruelles existantes s’y prêtaient à merveille, quant à la chasse à courre en haut de forme elle se pratique ainsi en Grande Bretagne, en Amérique pas cheu nous. Je limite mes récriminations, pour passer au texte. Charles Bovary est le grand absent, Sophie Barthes n’ayant d’yeux que pour Emma, d’ailleurs le film s’achève sur la mort de l’héroïne, une mort bien douce, l’arsenic ce ne doit pas être aussi violent qu’on le prétend. Sacré Gustave, tu nous as trompés avec l’horrible agonie d’Emma ! Le roman poursuit son cheminement avec la découverte par Charles de son infortune et sa mort mais ça n’intéresse personne, l’intérêt étant de dénoncer la morne vie des femmes de petite bourgeoisie la pellicule s’arrête sur le dernier regard d’Emma au cœur de la forêt automnale. Après tout, connaissez-vous une œuvre littéraire adaptée à l’écran qui ait été respectée ?
Evidemment Mia Wasikowska, omniprésente, remporte les suffrages des critiques. Me permettra-t-on de la juger sale gosse, capricieuse et sournoise ? C’est ce que j’ai lu dans son jeu. Mais je ne suis pas un spécialiste, simple spectateur un soir venteux de novembre au pays de Flaubert.