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Yves G.
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2,0
Publiée le 26 août 2018
La petite Irma vit seule avec sa mère. L'adorable fillette a trouvé chez les enfants des voisins, en pâmoison devant sa grâce, une cour d'admirateurs conquis. Mais l'arrivée d'un nouveau petit voisin qui refuse de reconnaître sa beauté la plonge dans le désespoir.
Inédit en France, "La Belle" a été tourné en noir et blanc en 1969 par le réalisateur lituanien Arunas Žebriūnas. Sa sortie - confidentielle - sur quelques écrans parisiens est l'occasion de découvrir qu'existait avant la Chute du Mur, avant Sharunas Bartas et Alanté Kavaïté, un cinéma en Lituanie.
Ce film de soixante-trois minutes est minimaliste. Il ne quitte pas d'une semelle la gracieuse Inga Mickyté - dont on serait bien curieux de savoir ce qu'elle est ensuite devenue. L'inspiration de Arunas Žebriūnas est aisément identifiable : la Nouvelle Vague et "Les Quatre cents coups" de Truffaut. Pour autant, il ne s'agit pas, comme chez Truffaut de filmer les facéties de l'enfance ou ses révoltes rentrées. Le cinéma de Žebriūnas emprunte plutôt au réalisme poétique, embarquant la gamine dans une quête, un brin poseuse, de l'essence de la beauté qu'elle recherche dans un bouquet d'aurone en fleurs. Le tout sur une musique très référencée qui rappelle l'acoustique de François de Roubaix.
Ce qui frappe aujourd'hui dans ce film tourné un an seulement après le Printemps de Prague est son absence de tout caractère politique - sauf à considérer que l'histoire d'une enfance qui s'ennuie dessine en creux le portrait d'un système qui l'étouffe. Témoignant de ce que le pouvoir soviétique autorisait l'expression des cultures locales, on s'exprime en lituanien tout le long du film et non en russe (mais je n'ai pas réussi à vérifier que les dialogues étaient d'origine ou résulteraient d'une post-synchronisation plus récente). Et "La Belle" montre Vilnius, le va-et-vient indolent de ses habitants, les berges paisibles de la rivière qui la traverse, comme n'importe quelle ville au monde.
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3,5
Publiée le 26 août 2019
C'est sans aucun doute le film le plus connu de Arūnas Žebriūnas! Mais aussi l'une des oeuvres maîtresses du cinèma lituanien! Sortie la même annèe que "Easy Rider", "La belle" impose l'èvidence de sa rèussite poètique! Pour qui est sensible à l'enfance et à ses blessures, il y a quelque chose d'èmouvant à voir l'auteur avouer sa sensibilitè pour la jeune Inga Mickyte! Ce bout de femme de huit ans crève littèralement l'ècran! C'est un joli film plein de tendresse et d'humanitè, qui bouleverse par sa vèritè et le rèalisme de l'enfance qu'on y sent! Le bruit court que la Cinèmathèque va organiser prochainement une importante rètrospective lituanienne : acceptons en l'augure et espèrons enfin voir "Hallelujah the Hills", "Personne ne voulait mourir" et pourquoi pas l'oeuvre dans son intègralitè de Šarūnas Bartas...
Très belle découverte que ce film lituanien qui possède une mise en scène d'une grande beauté, une histoire touchante et une interprétation magnifique de la part de la petite Inga Mickyte. A découvrir d'autant qu'il a été inédit en France pendant près de 50 ans.
Film à ne voir que par celles ou ceux qui considèrent que le cinéma est un art porteur de messages émotionnels. C’est un mélange harmonieux de mise en scène, de jeu inné chez la jeune Inga, de musique artificielle légère, intermittente, discrète. Du tout se dégage une vraie poésie trop rare dans le septième art, ce qui fait de ce film une exception. Nous ne quittons pas les enfants grâce aux cadrages serrés, aux travellings appuyés et aux gros plans dégageant beaucoup d’émotions, mieux vaut aimer tout cela pour en sortir heureux. En dehors de l’enfance, un autre thème ressort, c’est celui de l’attente. Une attente sereine bien qu’un peu triste. Entre Inga, sa mère ou le chien cette attente semble faire partie intégrante de leurs vies ce qui ne manque pas de nous faire réfléchir, c’est une bonne surprise.
Partagé entre une volonté de saisir l'imaginaire d'un enfant, la relation avec sa mère et une réflexion sur la beauté, "La belle" parvient en une heure à lancer plusieurs pistes sans jamais les explorer, réussissant l'exploit de dire très peu mais d'être incroyablement confus. Le film n'est pas exempt de beaux moments, notamment quand la mise en scène parvient à exprimer un désir d’apesanteur et à magnifier le visage solaire de sa jeune actrice, mais ses problèmes majeurs d'écriture empêchent d'être captivés et, à un degré moindre, de comprendre la vision d'un cinéaste qui n'a visiblement pas su ordonner ses idées. Si la piste la plus intéressante semble être l'esprit fabulateur d'Inga, il est étonnant que Zebriunas ne filme pas davantage le monde qui entoure la fillette alors qu'elle ne pense qu'à l'apprivoiser. Rivé à son visage, il réalise là un contre-sens formel au regard de l'idée qui tend vers une approche singulière du monde : c'est cette absence de déploiement que l'on regrette, lequel nous aurait évité une répétitivité lassante, symptôme d'un regard beaucoup trop étroit.
un miracle ! bien sùr on l'a attendue longtemps cette petite merveille , unique , venue de si loin aussi bien dans le temps que dans l'espace ... La Belle ! A ma connaissance il n('existe guére de film consacré de façon si poétique à l' Enfance , du moins sans tomber au pire dans le social larmoyant , au mieux dans le néoréalisme à la Sciuscia , ou joliment dans les Jeux Interdits , chef d'oeuvre de sensibilité campagnarde ; Rien de comparable à ce court poéme Lituanien de 1969 . un miracle , vous dis-je !
En regardant ce film, il ne faut pas s’attendre à un chef d’œuvre cinématographique qui laissera le spectateur complètement déboussolée à son terme. Ce film possède une autre force. Il faut s’attendre à être touché là où les autres films ne vous on pas éprit.
Tout d’abord, l’esthétique de ce film est révolutionnaire, les travellings ne cessent de nous surprendre puisqu’ils sont réalisés aux bons instants et avec une grande précision. Lorsque Inga se met à danser pour jouer au jeu « La belle », on ne peut qu’être en admiration devant ce mouvement de caméra si fluide et si naturel.
On est plongé dans l’atmosphère d’une petite fille où sa beauté si chère à ses yeux est remise en cause par un garçon, un nouveau. On la voit passer par plusieurs étapes pour plaire à celui-ci (salons de coiffures, aide au nouveau pour promener ses chiens...). Ce fut en vain, le garçon la rejette en l’insultant. L’art de ce film réside dans la démonstration avec beaucoup de réalisme et d’empathie de ce que sont les problèmes de cette petite fille lituanienne, on comprend dès lors tout le drame de cette histoire dans son fond alors que dans la forme le problème n’est qu’enfantillage. Le réalisateur nous offre aussi des moments de silences bouleversants où la jeune fille oscille entre le rire et la tristesse pour au final éclater en sanglot. Le film illustre avec poésie le bouleversement de l’individu humain. A l’image de plusieurs éléments du film, la fille attendait un compliment du garçon en vain, la mère attend le retour de son mari en vain, le chien attend le retour de son maître décédé en vain. Comme dit le vieil homme : « Il y a des choses qu’on attend en sachant qu’elles ne reviendront jamais ». Il s’agit sûrement d’un écho politique discret à l'espoir des habitants de voir l’URSS s'effondrer et les beaux jours revenir.