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Plume231
3 893 abonnés
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4,0
Publiée le 16 décembre 2014
Nous sommes dans la France de 1461. Le roi Charles VII vient de mourir. Si la Guerre de Cent Ans est définitivement terminée, le nouveau roi Louis XI doit tout de même faire face à des luttes intestines au sein de son royaume. Luttes intestines qui sont symbolisées par le puissant Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, qui ne cherche nullement à cacher ses prétentions au Trône... Le très injustement oublié Raymond Bernard réalisait avec "Le Miracle des loups" une véritable superproduction qui n'avait absolument rien à envier à celles hollywoodiennes de l'époque. Le cinéaste conjugue à merveille scènes intimistes, à l'instar des amours par-dessus un mur de Jeanne Fouquet, protégée du roi, et du chevalier Robert Cottereau, collaborateur fidèle du duc de Bourgogne (inutile de dire qu'à cause de cela la romance connaîtra au cours du film quelques complications !!!), ou encore de la scène où Louis XI se moque de Charles le Téméraire lorsqu'il découvre que ce dernier s'est fait fabriquer une couronne et que celle-ci est brisée, à des séquences spectaculaires qui ne manqueront pas d'impressionner même le plus blasé des spectateurs d'aujourd'hui. Il faut bien dire que pour cela, Bernard avait mis toute la gomme à travers l'extrême soin apporté à la reconstitution de l'époque et une grande profusion des moyens (rien que le nombre de figurants...!!!) et en balançant trois scènes qui déchirent grave : la Bataille de Montlhéry, où le cinéaste utilise habilement la caméra portative, la fameuse séquence qui donne son titre au film, véritable cœur de l'histoire et morceau d'anthologie, qui fait encore frémir par son réalisme, et puis surtout l'apothéose, le Siège de Beauvais, où Jeanne Fouquet, qui deviendra suite à cet exploit Jeanne Hachette, décide courageusement et fougueusement de défendre coûte que coûte la forteresse, donne une demi-heure de très très grand cinéma, d'une tension à couper le souffle. On ajoutera, comme si cela ne suffisait pas, des personnages très bien croqués. Jeanne Fouquet future Jeanne Hachette est une héroïne forte passionnante. Mais celui que l'on retient le plus est incontestablement Louis XI. Le portrait de lui est ici très juste. Loin de l'incompréhensible légende noire dont on l'a affublé par la suite, on a au contraire le portrait d'un monarque qui pouvait certes être cruel et fourbe (mais dans un tel contexte comment pouvait-il en être autrement ???) mais était surtout fin diplomate et rusé stratège ainsi que beaucoup plus proche de son peuple que la très grande majorité des autres souverains à avoir régné sur le pays. Dans la peau de ce personnage fascinant, le charismatique Charles Dullin donne ici une performance mémorable. En résumé, "Le Miracle des loups" est une fresque historique aussi captivante et puissante que spectaculaire qui fait non seulement honneur au cinéma français mais aussi au Septième Art.