100 ans après, la guerre des tranchées comme si vous y étiez.
Avec Les Croix de Bois, Dorgeles, par un style dépouillé et populaire, vous enfonce dans la boue des tranchées, on entend les balles qui sifflent, on tient la main des camarades qui meurent. Retranscrire au cinéma l'incroyable intimité que l'auteur parvient à créer entre ses lecteurs et héros de son livre dont il a partagé le destin tragique relevait d'une grande difficulté. Raymond Bernard y parvient en filmant d'une manière moderne, réaliste, sans superflu. Les sentiments des soldats, leur naïveté originelle, leur courage et leur ténacité qui ne saurait exister sans leur solidarité à toute épreuve sont admirablement rendus. A l'image du roman, le film dénonce l'incurie des états-majors qui sacrifiaient par leur aveuglement et leur incompétence tant d'hommes dans un guerre aux objectifs chimériques. Ne meurt-on pas pour libérer un cimetière? Ce film, dont les explosions incessantes et dévastatrices nous font revivre le cauchemar des poilus, rappelle le respect que nous devons porter à ces soldats qui ont vécu l'enfer. De toute nationalité ou origines sociales, ils ont su s'unir pour gagner une guerre face à des machines impitoyables. Le souvenir de leur agonie, telle celle filmée, avec tant de férocité, du première classe Demachie qui clôture ce récit insoutenable de leur ultime sacrifice, doit être perpétué. A l'heure où les français perdent leurs repères, oublient leur histoire, ce film devrait être diffusé de manière beaucoup moins confidentielle afin de rappeler à tous combien la France mérite qu'on la respecte et que l'on fasse preuve de la même volonté de la soutenir en temps de paix qu'aux heures les plus sombre de la première guerre mondiale.