Quelle déception... Je retardais fréquemment le moment où je me déciderais à voir ce film car je savais d'avance que celui-ci ne serait pas à la hauteur des deux précédents. En effet, je dois dire que je suis un très grand fan des deux premiers films de la saga Le Parrain, que je considère comme des chefs d’œuvre de notre histoire du cinéma et dont je place le deuxième volet ("Le Parrain, IIème partie" sorti en 1974, sommet de la carrière de Coppola) dans mon top 5 de mes films de gangsters préférés, un genre que j'estime grandement. Seulement voilà, ce "Parrain IIIème partie", sorti 16 ans après le deuxième volet, et réalisé par un Coppola à ce moment là au bord du gouffre après les échecs cuisants et successifs de plusieurs de ses films, a toujours été considéré comme une fin extrêmement décevante pour tous les fans de la saga. C'est pourquoi j'ai longtemps hésité avant de voir ce film, me paraissant dommage de conserver du Parrain une dernière image peu reluisante et détachant sur le prestige de cette saga. Mais bon, après tout aimer ou ne pas aimer une œuvre est avant tout quelque chose de subjectif et il me fallait donc me faire mon propre avis sur cette IIIème partie. J'ai donc vu le Parrain,IIIème partie... Et en effet, quelle déception. Non seulement le Parrain, IIIème partie est une très mauvaise fin pour la saga, mais je n'hésiterais pas à dire (selon mon point de vue personnel bien sûr) que c'est un mauvais film. Pour commencer, parlons du scénario, j'avoue ne pas avoir du tout été conquis par les affaires financières de Michael avec le Vatican, trouvant ce récit complètement assommant et étouffant les intrigues secondaires, pourtant plutôt réussies, notamment l'affrontement entre Michael et Joey Zasa qui se terminera malheureusement trop vite. De plus, il y a beaucoup de temps morts dans le film qui rendent, je trouve, de nombreux passages beaucoup trop longs. Le problème majeur que je souhaiterais aussi souligné est le jeu des acteurs. Autant je trouve que Diane Keaton joue toujours aussi bien et que c'est une vraie joie de retrouver son personnage, autant je suis très déçu par Al Pacino. Je trouve qu'il ne retrouve jamais vraiment l'essence du personnage de Michael Corleone et qu'il se perd dans un jeu, le plus souvent assez triste et fatigué, et au fond très vide et même inexpressif à certains moments, ce qui fait que je trouve sa performance très décevante. Andy Garcia est plutôt bon, mais son personnage manque de profondeur et je n'ai pas été conquis par la performance de Sofia Coppola. Les seconds rôles ne sont vraiment pas marquants ce qui est dommage quand on pense aux jeux excellents de tous les acteurs des premiers films. Le dernier problème que j'aimerais aborder est l'approche du personnage de Michael Corleone. Son ascension, narrée dans les deux premiers volets, nous le montrait comme un personnage froid, dur, un véritable chef de guerre n'hésitant pas à sacrifier des personnes proches,
notamment son frère Fredo,
pour l'honneur de la Famille. Dans ce film, on nous montre Michael comme un personnage repenti, essayant de recoller les morceaux avec sa femme Kay
, à qui il avait pourtant clairement fait comprendre à la fin du deuxième volet qu'elle ne ferait plus partie de la Famille, lui ayant laissé la garde de ses enfants, regrettant la mort de son frère...
Ce qui me paraît d'une part profondément incohérent avec ce qui nous était présenté dans "Le Parrain, IIème partie" et de plus assez absurde quand on connaît le caractère de Michael. Je doute fort que celui-ci ai pu faire un tel virage en quelques années car pour moi, Michael Corleone est un personnage très déterminé et parfois impitoyable mais ayant toujours dans l'idée d'agir pour la Famille. En tout cas, c'est la vision que j'ai de ce personnage mais je peux aussi comprendre que Coppola ait voulu montrer une évolution chez Michael, mais celle-ci me semble tout de même assez abrupte.
Il n'y a cependant pas que des défauts dans le film, Coppola s'en sort grâce à une mise en scène toujours aussi élégante et forte de quelques scènes mémorables, comme la dernière partie à l'opéra. De plus, le choix de la musique est toujours très bien réfléchi et organisé, j'ai été très heureux d'entendre la "Cavalleria Rusticana" de Pietro Mascagni, musique magnifique, qui m'a donné envie de revoir l'un de mes films préférés, "Raging Bull" de Martin Scorsese.
En bref, malgré quelques scènes fortes et une réalisation fidèle à l'univers de la saga, "Le Parrain, IIIème partie" est tout de même pour moi une déception. J'aurais, je pense, préféré que la saga se termine sur le final magistral du deuxième volet, Michael Corleone, dans un flashback, assis seul à la table familiale pendant que la Famille fête l'anniversaire de Vito Corleone et en parallèle, quelques décennie plus tôt, le départ de Vito Corleone de Sicile avec Michael dans ses bras et toujours en parallèle, quelques décennies plus tard, Michael Corleone, assis dans son domaine, il n'a jamais été aussi seul mais il n'a certainement jamais été aussi puissant.