Si la première partie de ce dernier "Parrain" (le "Trois" donc) fait un peu redondance par rapport au "Deux" : Michael vieillissant (nous sommes en 1978) semble assagi, il a toiletté ses affaires jusqu'à les rendre presque toutes légales, il est même en quête de respectabilité (le film débute par la cérémonie d'intronisation dans l'"Ordre de Saint Sébastien", dignité accordée par le Vatican), cependant il lui reste des ennemis, et la vengeance est toujours d'actualité après une fusillade spectaculaire à Atlantic City, alors qu'il vient d'y liquider ses intérêts. La seule nouveauté est qu'il se cherche un successeur : émerge alors le fils (illégitime sans doute, puisque "Mancini" et non "Corleone") de "Sonny", Vincent (Andy Garcia). La deuxième partie du film en revanche relance son personnage jusque là plutôt monolithique, le nuance et l'humanise. La scène est en Sicile, dans le berceau des Corleone, et si la visite du "Don" est officiellement pour y assister aux premiers pas de son fils comme ténor (avec l'avantage de surveiller avec la bonne proximité géographique l'évolution d'une très grosse affaire d'argent où la Banque du Vatican est en position de force, sur fond de grenouillages et d'intrigues diverses - le nouveau pape, Jean-Paul 1er, semble gêner beaucoup de monde), Michael en fait aussi un séjour en forme de nostalgie (son premier et tragique mariage, l'occasion de renouer avec Kay venue soutenir Anthony..). La mort, dont il s'est ri toute sa vie, rôde. Elle va cependant l'atteindre par ricochet seulement, alors qu'il venait de réussir une ultime (multiple) "vendetta", mais de la pire des façons, en frappant sa fille Mary qu'il voulait pourtant protéger à toute force, en venant de lui demander de renoncer à son amour pour son bouillant cousin Vincent, maintenant son dauphin désigné. Coppola met en scène la mort annoncée de Michael avec une somptueuse ampleur, en utilisant la dramaturgie de l'opéra tellement "sicilien" de Mascagni "Cavalliera Rusticana" - le drame se met en place lors de sa représentation à Palerme, avec Anthony dans le rôle de Turiddu - et les péripéties de fiction semblent annoncer la tragédie imminente. Pour cette grandeur baroque, qui donne à la fin de vie du "Parrain" une dimension d'éternité sous le soleil de l'antique Sicile (celle de cet autre chef d'oeuvre, le "Guépard" de Visconti) magnifiée par sa caméra, si loin du sordide du chef de gang new yorkais des "1" et "2" , je donne volontiers "5 étoiles" à ce "Parrain 3".