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Fêtons le cinéma
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4,0
Publiée le 23 septembre 2024
Le Jour des Rois articule dès son titre la banalité d’une journée traitée sous la forme de la chronique et la grandeur des mythes qu’elle convoque, qu’ils empruntent à la Bible ou aux « chinoiseries » : le mouvement du scénario est celui d’une resolidarisation, tant bien que mal, du lien familial sinon abîmé par les différences idéologiques, caractérielles et morales, figurée par le trajet de Suzanne d’abord à la maison de retraite, puis au domicile d’Armande, enfin à la salle des fêtes où se produit sa dernière sœur, Germaine. Cette chaîne construit un film à l’esthétique néoréaliste qui fait se succéder des vignettes tantôt domestiques tantôt exotiques, traduction parfaite de l’ambivalence des relations humaines où l’étrangeté côtoie le connu, où la cruauté n’empêche pas l’amour ; l’unité de temps (une journée) confère à l’ensemble une gravité presque tragique, la pauvre Suzanne devant regagner son appartement et, pire encore, un mari colérique qui la couronnera reine non par élection mais par dépit – elle est la seule femme présente. Marie-Claude Treilhou sonde avec une simplicité pleine de nuances la fatalité inhérente à la notion de famille, interroge la capacité de la parole à y assurer la communication, dirige de merveilleuses comédiennes avec un sens du cadre remarquable. Une œuvre profondément humaine et mélancolique.
Il y a quand même des curiosités qui sont d'un autre temps et dont on se demande comment elles réapparaissent.... Si vieillesse rime avec paresse et mollesse alors le film fait osciller l'ennui, les ragots et la trivialité la plus désespérante "nous avons tous notre lot de souffrances". Peu de scènes au final mais tellement étirées que cela devient ridicule.
Des portraits sans aucune concession de quatre sœurs âgées, plus ou moins meurtries par la vie et une éducation à la fois stricte et fermée, avec leur sens du devoir, leurs rancunes, leurs abandons, leurs sautes d’humeurs, leur susceptibilités mal placées et leurs principes religieux mal assimilés. C’est d’un cynisme absolu et c’est douloureux. Un plaisir aussi de revoir cette distribution d’une autre génération. A voir. Rare.