Le titre résume très bien le film : le regain, au sens propre, est constitué par les herbes qui repoussent dans les prairies après leur fauche et par extension, le retour d’une chose avantageuse qui paraissait perdue ou finie. C’est le thème du film et du roman qui prend son origine dans la désertification de la Haute-Provence et la solitude de ceux qui restent. Ici, à Aubignane (hameau abandonné, reconstitué à la demande de Pagnol), où ne vivent plus que 3 habitants, Gaubert (Edouard Delmont, 54 ans), forgeron qui part habiter chez son fils Jasmin (Charles Blavette, 35 ans), Panturle (Gabriel Gabrio, 54 ans), chasseur et la Mamèche (Marguerite Moreno, 66 ans), veuve italienne (dont le mari est mort en creusant un puits). C’est grâce à elle que le rémouleur Urbain Gédémus (Fernandel, 34 ans), exploitant de façon machiste Arsule (Orane Demazis, 42 ans), de son vrai nom, Irène Charles, chanteuse, ancienne couturière, ayant été violée par des charbonniers, se rend à Aubignane. Le film, aux dialogues savoureux (« Les costumes pour obéir ne sont pas les costumes pour travailler ») et parfois anarchiste, évoquant la liberté et l’autorité [cf. la scène à la gendarmerie entre Fernandel et Robert Le Vigan qui joue un gendarme soupçonneux et retors], est toujours aussi émouvant, sans misérabilisme, ni mièvrerie, au thème universel, même s’il décrit un monde qui a disparu, car il traite des gens simples et leur décence ordinaire, ou common decency de l’écrivain britannique George Orwell (1903-1950).