A mes yeux, Regain est le plus beau film français : la vie et l’humanité à l’état pur. Regain, c’est le renouveau de la vie à la campagne, la renaissance d’un village. Un bourru sédentaire, dernier homme d’Aubignane, en Provence, va prendre une femme nomade et travailler la terre. Les acteurs sont bien choisis : Gabriel Gabrio est le parfait costaud gaillard, travailleur au cœur tendre. Orane Demazis est talentueuse ; elle méritait l’oscar de la meilleure actrice. Fernandel, bien que jouant le bonhomme malicieux, paresseux et égoïste, apporte de l’humour au film, un humour pince-sans-rire. Et Edouard Delmont émeut dans son rôle du vieux forgeron, humble, travailleur, mais impuissant devant la vieillesse. Ce film développe de nombreux thèmes : la vie, l’amour, la gentillesse, la campagne, la nourriture, le travail, l’honnêteté, la vieillesse et la mort. Les scènes que je trouve les plus belles sont celles du pain chez les amis paysans et celles avec le vieux forgeron Gaubert. La musique originale d’Arthur Honegger m’emporte loin, très loin, dans ce monde rural parfait qu’elle dessine. La scène finale des semailles manuelles en couple est poignante, peut-être la plus belle fin de film. Un film de Pagnol d’après un roman de Giono. Que demander de mieux ? Toute ma reconnaissance à MM. Giono et Pagnol, génies de la Provence, de la littérature et du cinéma. Un inconvénient possible : la nostalgie de ce vieux monde paysan, sain et moral, peut vous susciter la révolte contre le monde actuel, pollué et amoral. (C’est mon cas).