Le film est à ce point médiocre qu'il importe assez peu finalement de savoir à qui, de Jean Choux ou de Michel simon, revient le déshonneur de sa réalisation. C'est une comédie de boulevard au sujet totalement insipide, assujettie à une mise en scène qui relève de l'amateurisme. Jean de la Lune désigne ici un mari naïf, aveuglément confiant en son épouse pourtant régulièrement infidèle. Cette confiance et sa gentillesse spoiler: lui ramèneront, suivant une idée très morale, l'épouse volage. . Ce n'est pas Michel simon qui joue le rôle-titre; Simon tient celui du beau-frère, personnage dont l'utilité nous échappe souvent, ne serait-ce que parce que le caractère fantaisiste du rôle est pour le moins simplet. Car, si on veut bien excuser la faiblesse de la réalisation, notamment dans la direction d'acteurs et le montage, liée sans doute à l'inexpérience du cinéma sonore, on se demande quand même ce que cette comédie sans rythme peut bien avoir de comique. Le sujet semble désuet, même pour l'époque, héritage d'un théatre de boulevard foisonnant et inégal, et aucun personnage n'a la moindre envergure.
Parmi les premiers films parlants français, Jean de la Lune est l’adaptation cinéma de la pièce de théâtre de Marcel Achard dirigée sur les planches par Jouvet avec le triomphe que l’on sait. Même ferveur au cinéma puisque Jean de la Lune fut à l’époque un vrai phénomène de société. Pourtant, la paternité du film n’est guère évidente puisque certaines sources indiquent que le long-métrage a en grande partie été tourné par Michel Simon, et non par le Suisse Jean Choux. Peu importe en fait puisque le film s’apparente avant tout à du théâtre filmé, ce qui fut la norme à une époque où les systèmes sonores étaient balbutiants. Ici, on suit donc les péripéties typiques du théâtre de boulevard avec ses cocus magnifiques, quelques quiproquos vaguement amusants, et surtout une mentalité petite bourgeoise bien préservée avec sa fin moralisatrice. Toutefois, il n’est pas interdit de prendre plaisir à suivre cette œuvre, certes désuète, mais finalement portée par un trio d’acteur royal. Celui qui s’impose au-dessus de la mêlée étant le phénoménal Michel Simon qui squatte toute notre attention dès qu’il est à l’écran. L’ensemble est donc vieillot, mais charmant.