En chair et en os, 1997, de Pedro Almodovar, avec Javier Bardem, Liberto Rabal, Francesca Neri, Angela Molina et, juste pour la scène extraordinaire de l’accouchement, Penélope Cruz. Vingt six années se passent entre la vision d’un triste Madrid, une nuit de Noël et celle, joyeuse, d’une capitale animée de l’Espagne libérée du franquisme. Juste le temps, pour Victor, de naître, de connaître l’amour et de devenir père. Une romance ? Oui, mais racontée par le grand Pedro, qui n’omet jamais de déjanter ses personnages, et de combiner sexe, drogue, tendresse, drôlerie, dans un scénario toujours bien écrit. Ici, point de transsexuel, de boîte de nuit, juste une petite chanson au début, et, rare, un handicapé sportif pour lancer un « thriller d’amour » (oui, il y a deux flics dans l’affaire !) astucieux, riche en rebondissements. Deux couples et demi (si on compte avec la logique d’Almodovar, ça fait donc, potentiellement cinq histoires, d’amour ou de sexe) vont échanger, comme dans un jeu de ballons, des situations de passion, de culpabilité, de rejet. Du rythme, de l’action, de la folie et une interprétation parfaite.