La version longue dure-t-elle trop longtemps? Non, je ne dirais pas cela. Autant j'ai failli m'endormir devant les 3 heures de l'Apocalypse Now Redux de Coppola, autant je ne me suis pas ennuyé une seule seconde durant les 3h45 du bien nommé Danse avec les Loups. Je dirai en revanche que cette durée est très mal répartie: l'élément perturbateur du récit aurait dû arriver avant la moitié du film, et non au début de la troisième heure...Un film lent mais prenant; long mais beau. Des paysages magnifiques, une photographie paisible, une musique harmonieuse (notamment le thème du loup): autant vous dire qu'au départ le film fonctionne presque uniquement grâce aux images et au son. Pourtant le spectateur se prend au jeu puis commence à être envouté par ce spectacle, à s'attacher au personnage principal, à découvrir avec curiosité cette culture indienne. Cette rencontre entre deux peuples, deux cultures, deux civilisations, deux mentalités, s'avère déborder d'humanisme et d'humanité. La caméra de Costner filme avec virtuosié et une certaine poésie cet Orient sauvage, nous livre des plans d'une beauté naturelle assez époustouflante. C'est un fil conducteur, et surtout un fil rouge qui manque finalement au scénario. Qu'importe! C'est beau, c'est sincère, on en demendait pas plus. On a droit à de grandes (et trop rares) scènes épiques (la chasse au bison notamment), à des grands moments humanistes (toutes les scènes entre les Indiens et le protagoniste, en fait) ainsi qu'à des séquences mémorables de poésie (je pense à ces inoubliables scènes où apparaît ce loup). Puis vient, bien trop tard, l'événement perturbateur qui donne (enfin) une tension dramatique palpable au récit. Pourtant, aussi émouvante que soit cette dernière heure, le souffle épique n'explose à aucun moment. La faute en est à Jonh Barry, qui, s'il parvient à charmer nos oreilles avec ces airs à la flute, ne nous livre aucune partition épique digne de ce nom, et à Kevin Costner, qui manque clairement de mégalomanie lors des deux scènes de batailles. Là encore, peu importe: on ressort marqué de ce film, écoeuré de la colonisation, de l'impérialisme, et on se surprend même à regretter ces temps où l'homme vivait en harmonie avec la nature. Après, faut pas avoir du mal avec les clichés, sinon on sera irrité par ce brave-gentil-soldat-poète-rêveur-humaniste-ami-de-la-nature-et-de-l'homme-charmeur-galant-qui-finit-dans-les-bras-de-la-plus-belle-femme-du-village, indigné des crimes de son armée, qui change de camp et finit par affronter ses ancients camarades. Ce schéma narratif a été reprise plusieurs fois par la suite, en cela Danse avec les Loups est un film culte. Avec Avatar, vous avez la version blockbuster. Avec le Dernier Samouraï, la version épique (la meilleure, à mon avis). Avec Danse avec les Loups, la version contemplative.