(...) Le rythme est très important dans une comédie et la réalisatrice le sait bien. Les dialogues sont débités à une cadence mitraillette tout en restant parfaitement audible car ces derniers sont très importants. C'est en effet lorsque chacun des personnages perd ses nerfs qu'il se révèle vraiment. A la manière des films d'action dans lesquels les scènes d'action servent à développer les personnages, les scènes comiques révèlent les fêlures, les doutes, la vraie personnalité de chacun d'entre eux. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le héros, Victor, est plus souvent spectateur qu'acteur de ses derniers. Il en est même parfois le déclencheur. Alors qu'il vit une journée épouvantable, il ne peut s'empêcher de se plaindre à chaque personne qu'il rencontre sauf que ces derniers ne le laissent pas finir car chacun d'entre eux traverse également une vraie crise. La femme de son ami médecin qui décide enfin de dire tout ce qu'elle a sur le cœur pour sauver son couple et faire le ménage dans tout ce qui ne va pas dans sa vie, une amie de cette dernière qui craque sous une pression extrême, traduisant avec une rare justesse les tourments d'une femme mais aussi qui parle de l'éclatement de la cellule familiale classique au profit des familles recomposées puis ce sera au tour de sa mère (annonçant ainsi la révolution des seniors, qui assument enfin une sexualité tardive et/ou retrouvée, sujet tabou à l'époque), les enfants d'un député (scène magnifique révélant tous les travers d'un homme politique mais aussi cristallisant le rejet d'une génération qui veut rompre avec la rigidité du modèle ancien), de la sœur de Victor (annonçant fièrement la nouvelle indépendance de la femme qui sait s'assumer seule et qui n'a plus besoin d'un homme à ses côtés, cet envahisseur qui étouffera sa personnalité) et enfin de son ami médecin, avec un discours devenu célèbre lui aussi et qui dézingue tout ce qui ne va pas dans notre société tout en annonçant l'actuelle crise de la profession, alors en plein doute et qui se remet en question. Et puis il y a Michou. (...) Derrière la grosse farce, avec des personnages qui disjonctent de manière très théâtrale, il y a bien sûr en creux une description de notre société qui fait largement réfléchir. Comme je l'ai dit plus haut, le film est visionnaire sur de nombreux sujets et grâce au recul que l'on dispose désormais, on se rend compte de tout le côté audacieux, subversif et remarquablement juste de certains dialogues. La philosophie de certains dialogues peut choquer mais avec un peu de bon sens et une écoute attentive, on se rend compte que les avis exprimés ont beau être tranchés et tranchants, ils sont aussi très complexes et il apparaît difficile de les ranger dans une case pré-définie. A la fois écolo, gauchiste, parfois radical, le point de vue général est surtout libre. Libre des tabous, des carcans, des idées pré-conçues. Comme Michou, le film fonce droit devant lui et s'exprime sans détour, presque sans filtre et surtout, il ouvre le débat, provoque le dialogue. (...) La critique complète sur