Un film magnifique (quoi ! je suis pas le premier à le dire !?), plein de sensibilité et de poésie, qui me bouleverse toujours, même lorsque je ne fais qu'y re-penser. Même si l'avis est assez minoritaire, certains reprochent à ce film d'ironiser ou mépriser l'horreur de la shoah au prix d'une sensiblerie mièvreuse.. Je pense exactement le contraire ! Si la réputation de ce film n'est plus à faire, avec du recul je trouve ce parti pris de tenter de mettre de la "légèreté", de l'amour et de la poésie dans ce film (ou plutôt cette "fable" comme l'annonce l'affiche, nuance importante) plutôt risqué et réussi car un manque de finesse aurait pu être désastreux alors que justement le titre bien représentatif de l'histoire du film, "La vie est belle", ne choque pas malgré le décalage avec la réalité factuelle de l'Histoire. Emouvoir par le tragique de la situation, comme l'ont fait des dizaines de films, c'est plutôt ce point de vue que je trouve très commercial et à la limite indécent s'il est fait grossièrement, faire du pathos sur le dos d'atrocités. Ici, l'horreur n'est pas niée mais suggérée, ce qui est plus juste et digne selon moi. Ce film tente, 50 ans après la vraie guerre, de pousser à la résilience (qui n'est pas l'indifférence !). La résilience, un des véritables et difficiles courages de cette vie, pas toujours belle mais dont la poésie naturelle de l'homme peut lui permettre d'espérer pour lutter, pour avancer. C'est bien le message du film. Car ce film ne prend pas la guerre à la légère, il met en contact direct deux réalités bien trop différentes pour ne pas ébranler : l'innocence des enfants (et des grands enfants) et la bêtise violente et aveuglée de peur et de pouvoir de certains adultes. Le personnage de Guido n'est alors pas un doux rêveur bien naïf mais au contraire un père désespéré qui fait tout pour épargner son fils en se raccrochant à notre nature fondamentale : la tendresse, l'amour. En plus, ce difficile rapport Parents/Enfants face à cette situation a bien dû être la réalité de milliers voire de millions de personnes si on élargit aux autres guerres même actuelles. Dans ce contexte, vouloir épargner ses enfants, est-ce vraiment indécent et irréaliste ??? Certes par ce décalage horreur/innocence, les voies de l'émotion deviennent des boulevards mais il fallait y penser et l'oser et aussi, il faut malgré tout du talent pour tenir cette atmosphère sur un film entier (en général ce qui paraît fluide et naturel dans l'art est en fait le fruit d'un grand talent et d'un gros travail, ce que je pense de ce film)