Coup de folie !!! Coup de cœur, battements en chamade, coup de joie !!
Sous l'hospice d'un film de guerre, Roberto Benigni traite son sujet sur le ton de la légèreté tout en relatant les faits historiques. D'où un scénario bridé, nazifié à souhait. Too much délicat !
Synopsis : en Italie, un homme simple, qui vient d'ouvrir une bibliothèque, se retrouve rattrapé par ses origines. Par amour, sa femme monte dans le train qui emmène son mari et son fils dans le camp de la mort : Auschwitz.
Le scénario monte en intensité au fur et à mesure que le film avance, tout comme les dialogues, bruts de décoffrage, mitonnés avec une adresse hors norme de la part de Roberto. Une perle, que dis-je ?, les dialogues valent non seulement leurs pesant d'or mais détruisent en morceau la dénonciation de la guerre. Tous mes chapeaux Roberto !! D'ailleurs, en parlant chapeaux, les gags visuels sont non seulement drôlissimes à souhait mais conjuguent le verbe aimer à tous les temps de l'indicatif. Du pur bonheur !
Si l'on revient sur le scénario (écrit par l'ami Roberto !), on peut s'apercevoir que la montée du fascisme se fait d'une façon acide (voir le cheval peint en vert) qui peut à la fois frustrer et faire rire. Du coup, nous avons, ici, affaire à l'humour grinçant italien que l'on retrouve dans les comédies italiennes des 60's et70's ("Parfum de femmes", "Les monstres"...). Roberto Benigni l'a très bien écrit et le transcrit d'une manière si simple (dans tout le film, d'ailleurs, et plus particulièrement en première partie) qu'on ne s'en rend pas compte du tout. Encore du très joli boulot, Roberto !!
Dans la joie et la bonne humeur (ambiante bien sûr !), Benigni nous convie avec sa Princesse de cœur (et sa femme à la ville comme à l'écran), Nicoletta Braschi (vue chez tous les Benigni : "Le monstre", "Le tigre et la neige"...) qui illumine l'écran d'une présence radieuse et ensoleillée. Avec aussi Horst Bucholz ("Les 7 mercenaires"), toujours très bon, pour l'anecdote. Giorgio Cantarini, quant à lui, impressionne. Super bon point Cantarini ! Pas étonnant qu'on le retrouve au casting de "Gladiator" !!
Et de ne pas oublier Roberto Benigni, qui en profite pour faire l'acteur, de nous montrer sa présence et son aura sur "La vie est belle". Une prestation tout à fait hors-norme pour des récompenses amplement mérités dont le Grand Prix à Cannes en 1998. Un joyau, une perle, un peu le Luchini italien, je dirais. Une niac aussi qui époustoufle et qui nous fait marrer. Grandiose !!
Parachevons avec une musique agréable et qui sonne toujours agréablement juste. Merci à Nicolas Piovani. D'abord compositeur chez Bellochio ("La marche triomphale", "Le saut dans le vide"), il travaille ensuite avec Nanni Moretti ("La messe est finie"), Benigni, puis s'exporte en France avec Lioret notamment : "Je vais bien...", "Welcome".
Pour conclure, "La vie est belle" mérite bien son statut de petit chef d’œuvre et peut se targuer d'être un classique à l'italienne. Roberto Benigni dénonce et disqualifie le fascisme avec une habileté déconcertante.
Vous avez dit émotion amis spectateurs ? Moi, je dis : Roberto !!!