Mauro Bolognini n’a jamais caché son aversion du fascisme, ajouté à un vrai sens social, qui, à partir de la fin des années cinquante lui fera prendre le parti des déshérités, à quelques exceptions près. Dans « Liberté, mon amour », son réquisitoire anti mussolinien évite d’aborder ces problèmes de classe, au delà d’un bref discours sur le pouvoir de l’argent, évitant ainsi d’affadir le propos. En effet, l’héroïne, fille d’anarchiste, vit avec un petit bourgeois, politiquement neutre, comme la plupart des italiens de l’époque, qui possède un atelier de confection avec l’armée comme principal client. Pour le cinéaste ils étaient tous touchés par cette dictature et son lot d’arbitraire quotidien, arrestation pour une robe rouge, exil pour avoir aidé des opposants, etc... Le cinéaste décrit dans une reconstruction soigneuse (sa marque stylistique), cette époque noire de l’Italie, comme la couleur des chemises des fascistes, jusqu’à sa fin et sa suite aussi logique que réelle. Mais en parallèle, le réalisateur montre aussi la différence entre fascisme et nazisme. Avec ces derniers, les arrestations ne sont pas suivi de procès puis d’exils, mais de tortures et d’exécutions de masses sommaires, sans distinction d’âge ou de sexe. Cette histoire de passion, d’engagement (remarquable progression de Libera qui de provocatrice deviendra une résistante téméraire) et d’amour est réalisé en 1975 dans une Italie conservatrice. Le film peut être vu comme parallèle avec ce que l’on a appelé les années de plomb, où face au pouvoir autoritaire (que Bolognini dénonce à la fin du film lors de la « récupération » des mussoliniens), répondaient les attentats sanglants de l’extrême gauche révolutionnaire. Le réalisateur montre la tragédie que l’engrenage de la violence provoque, avec la scène finale, renvoyant les extrêmes dos à dos.
Claudia Cardinale trouve ici un de ses plus beau rôle, magnifiquement photographiée et soutenu par un casting des plus juste. La musique d’Ennio Morricone atteint la perfection, notamment dans la scène finale. Malheureusement, à vouloir trop en faire, la crédibilité est atténuée et le propos affadi. Les tenues trop systématiquement rouges de Claudia Cardinale (seules trois scènes sans vêtement rouge) et surtout l’interrogatoire chez les nazis dont l’héroïne sort presque intacte, vivante et libre...
Comment ça Walt Disney ?