Alors en plein effervescence après avoir écrit plusieurs œuvres incontournables reconnues dans le monde entier ( Carrie et Shining en tête ) , Stephen King livre en 1987 , un de ses romans les plus personnels Misery. Et une fois n ' est pas coutume ce nouveau roman ne contiendra aucun élément surnaturel , mais ce basera uniquement sur une histoire de relation toxique entre un romancier ( James Caan incroyablement juste ) et une de ses admiratrice ( Kathy Bates LA révélation , mais j ' en parlerais plus tard) .
Forcément , fort du succès du livre dés sa sortie , l ' industrie du cinéma ne tardera pas a s ' intéresser au projet et c ' est donc à Rob Reiner qui incombera d' adapter le film de la page à l ' écran . Ce sera le seul et unique essai dans le domaine du thriller du réalisateur , et pourtant il a signé la un tour de force qui pousse à l' admiration.
Le vrai brio de cette adaptation , c est de livrer un sentiment de tension permanent avec au final quasiment rien . Un huis clos , deux personnages ( ou presque , quelques rôles de soutien dont celui du shériff de la ville sont également de la partie) et une montée progressive dans une terreur sourde.
C est peut être sur ce point que l ' on arrive à voir le talent d ' un cinéaste et sa compréhension du récit d' origine ; cette capacité à créer un sentiment de malaise constant avec quasiment aucune artifice. Juste une parfaite compréhension de l ' utilisation de l' espace , de la gestion du rythme , de la découpe de ses plans ( beaucoup de longs plans et plans séquences pour diluer le suspense ) et surtout la compréhension du roman de King.
Comme le personnage du romancier Paul Sheldon , on comprend vite que celui ci à était sauver de la mort par Annie Wilkes , mais que son ange gardien , vas vite devenir son bourreau.
Ce sentiment de fatalité et d impuissance face à cette situation de séquestration face à la folie d' Annie Wilkes est constant pendant toute la durée du métrage. On sait que la situation à un moment ou à un autre vas déraper , le plus horrible c ' est de savoir quand et comment.
Je le répéte , je connais peu de films avec une si bonne gestion du suspense , on ne peut que penser à Hitchcock dans ce travail de la montée progressive de la menace , et du fait que la situation vas inévitablement finir mal.
Ici rien n ' est précipité , tout suspense est diluer dans la durée pour que la tension soit crescendo jusqu' a une confrontation finale extrêmement tendue. Et pourtant Reiner n' oublie pas ( en adéquation avec le roman) de ponctué son métrage de scènes chocs et quelques montées de violence ( elle reste dans la tête de tous les cinéphiles cette fameuse scène " du sabot") . Le film est rarement gore ou explicite et il n ' en a absolument pas besoin , l' essentiel est toujours dans la progression du suspense et le réalisateur l ' a bien compris.
Mais la réussite du film ne se trouve pas uniquement dans sa parfaite réalisation , mais aussi ( et surtout même ) dans l ' incroyable performance de ses deux acteurs principaux. On dit que sur certains métrages ( notamment les huis clos) le détail qui fais la différence est dans la performance de ses acteurs , et ça n ' a jamais était aussi vrai que dans Misery.
Au départ ni James Caan , ni Kathy Bates étaient pressentis pour jouer les roles principaux. Et pourtant quand je vois le film , je ne peux voir que eux dans ces rôles.
James Caan absolument parfait dans le rôle de ce romancier à succés Paul Sheldon , victime d' un accident de voiture , alité et au prise au piège d ' une admiratrice littéralement folle à liée. Il est présenté comme un personnage au début compréhensif de son état , et reconnaissant face à la personne qui l ' a sauvé de la mort. C ' est aussi une personnalité très intelligente et c 'est cette meme intelligence qui lui permettra de se sortir de cette situation.
LA révélation totale du film , vous l ' aurez compris , c ' est Kathy Bates dans le role de l ' infirmière Annie Wilkes. Personnage nuancé , que l ' on devine au bord de la folie, au fur et à mesure de la progression du récit , mais également dans une certaine solitude émotionnelle . Veuve , pieuse , quasiment coupée du monde ( sa maison est isolée de plusieurs kilométres avec le centre ville ) , avec un passée trouble , et aux tendances colériques assez soudaines , on devine vite que Annie n ' est pas un personnage des plus stable.
Au début avenante et voulant bien faire , Annie sombre peu à peu dans la folie et dans la dépendance affective vis à vis de son romancier préférer , et de l ' univers fictif qu' ' il à crée , refusant de le voir un jour partir , quitte à ce donner la mort avec lui.
Kathy Bates donne vie à ce personnage torturé de la plus brillante des manière et ce n ' est pas anodin si elle à était récompensée à plusieurs reprise pour son incroyable prestation.
Les deux comédiens se donnent la réplique de façon brillante , si bien que aucune des situations ne parait exagérée ou grotesque , au contraire cette relation toxique entre le bourreau et sa victime sonne en tous points juste.
Le métrage s ' achèvera d ' ailleurs dans un climax absolument étouffant , dans une dernière explosion de violence, avec , et où j ' ai retenu mon souffle à chaque secondes.
Misery est une grande œuvre comme on en voit rarement. Un parfait alignement de talents que soit devant ( merci Rob Reiner d ' avoir si bien transposé et compris le roman de King) et derrière ( encore une fois James Caan et Kathy Bates très marquants dans le rôle ) la caméra.
Sans artifice , sans aucune jump scare , même 30 ans après sa sortie , ce film reste un modèle dans la création du suspense. Un film qui met les nerfs même les plus aguerris à durs épreuves.