Misery est un film bien connu, et c’est franchement un très bon métrage, même s’il faut avouer qu’il a tendance à ne pas pousser jusqu’au point limite ses idées.
Niveau interprétation, évidemment c’est Kathy Bates qui emporte le morceau. Actrice que je ne connaissais pas, elle est très impressionnante ici, livrant une composition mémorable d’un personnage non moins mémorable. C’est l’un des meilleurs morceaux d’acteurs qu’il m’a été donné de voir, et elle fascinante dans le rôle de cette femme tour à tour super sympa et détestable. Excellent, vraiment. En face Caan se débrouille lui aussi tout à fait avec les honneurs, et même si son personnage est moins exceptionnel que celui de Bates, il n’en reste pas moins des plus solides. A noter certes la petite prestation de Lauren Bacall, mais surtout celle de Farnsworth, un shérif mémorable. En gros, c’est du très bon de ce point de vue, et de l’exceptionnel coté Bates.
Le scénario est efficace. Idée en or, gradation bien menée, suspens, Misery tient la baraque en s’appuyant sur la figure fascinante d’Annie Wilkes. Maintenant comme je le disais en intro, Misery n’est pas aussi intense que prévu. Le film est d’abord assez long à virer à quelques choses de piquant, après une première partie agréable mais un peu quelconque. Et l’ensemble aurait pu être plus vif, plus incisif, plus surprenant aussi, et je pense qu’il y avait de quoi offrir un métrage exceptionnel avec les personnages. Certes le film est une adaptation, mais il aurait pu être pas mal de travailler plus sur la dimension psychologique. Mais, enfin, c’est tout de même très plaisant.
Visuellement Reiner offre un remarquable travail. Mise en scène percutante (en témoigne le début d’ailleurs), travail brillant pour donner de l’ambiance à ce quasi huis-clos, boulot sur les regards notamment qui vaut le détour, bref, c’est indéniablement maitrisé. Les décors sont eux aussi tout à fait agréable, avec une atmosphère hivernale réussi, et une maison qui, bien que très simple finalement, à de l’allure. C’est là où l’on se rend compte qu’un rien sur les décors peu parfois transformer un film. La photographie est elle aussi de qualité, sans fioriture mais d’une grande propreté et d’une grande élégance. La musique est en revanche un peu en retrait, ce que j’aurai tendance à regretter tout de même.
Misery n’atteint pas le niveau de Shining, mais j’ai beaucoup retrouvé de similarité dans le style. Certes il y a King à la base pour les deux films, mais on sent des points communs, notamment en matière visuel, dans le travail brillant sur les personnages avec des choix d’acteurs judicieux. J’ai hésité entre 4 et 4.5, mais finalement, à relire ma critique, je crois qu’elle justifie plus un 4.5. Misery a en effet très bonne tenue, souffrant donc légèrement d’un rythme lent en première partie, et d’une bande son faiblarde.