Si je ne suis pas tombé follement amoureux de ce monument de l'animation Japonaise, c'est quand même difficile de ne pas voir ce qui en fait un véritable film culte. L'animation est bluffante, le dessin aussi, le design est follement inspiré et la bande originale est peut-être bien la meilleure que j'ai pu entendre dans un anime. Mais ce qui l'a rendu à ce point emblématique c'est son histoire complètement vouée à l'analyse et l'interprétation, tout en pure symbolisme et très complexe, en particulier lorsqu'on n'a pas lu les livres (comme moi malheureusement) qui rend ce "Akira" très difficile d'accès et nécessite une bonne concentration de deux heures pour ne pas en perdre une miette. En ce qui me concerne j'ai beaucoup aimé les différents discours du film: comme une grosse majorité des œuvres de sciences-fiction, l'arrogance scientifique est pointée du doigt. Akira est un Dieu, né dans un corps d'enfant (comme quoi sans le discours de Kay sur l'évolution, tout le film serait resté incompréhensible), un pouvoir naturel et pur. Mais comme seul Dieu est naturel et pur, ce même pouvoir ne peut être recréé par les humains, il serait impossible de le contrôler et amènerait à une ignominie comme la dernière métamorphose de Tetsuo, qui déboucherait inéluctablement sur la destruction. On sent aussi très fortement à quel point "Akira" est ancré dans la culture Japonaise, la peur d'un cataclysme nucléaire se fait sentir dès les premières secondes, et le peuple manifeste clairement sa haine du gouvernement tout-puissant tout au long du film. La fin du film en a apparemment laissé plus d'un sur le banc de touche niveau compréhension et pour cause elle part dans une sorte de délire métaphysique comparable à celui de "2001, l'odyssée de l'espace", sauf qu'ici je pense avoir à peu près compris. La fin semble montrer la renaissance d'une nation plus pure que jamais après le cataclysme, même si cela tranche pas mal avec le reste du discours. "Akira" c'est donc un film avec de l'ambition, et les couilles pour la réaliser. Mais comme beaucoup d’œuvres cultissimes, j'ai souvent préféré ce qu'en on retenu d'autres réalisateurs talentueux après lui, car "Akira" compte pour moi quelques défauts gênants. Par exemple j'aime que les informations sur le background soient distribuées au compte-goutte, mais ici le spectateur qui n'a as lu les mangas doit limite faire travailler son imagination pour trouver certaines explications. Ou le personnage de Tetsuo par exemple, qui n'est pas assez exploré, alors qu'il est au centre de l'intrigue et que ses motivations sont censées être limpides pour le spectateur. En ce sens j'ai préféré "Chronicle" qui s'inspire énormément de ce film, et qui réussit pour moi beaucoup mieux à créer un lien avec le personnage, grâce à des scènes beaucoup plus intimistes, bien que l'ambition ne soit évidemment pas du même ordre. Le travail fourni autour de ce film impose quand même le respect et pour tout ce qu'il a inspiré après lui, il mérite quand même largement le détour.