Outre son influence sociale à l'époque (Otomo fut l'un des principaux instruments de la propagation de la culture manga en dehors de l'archipel) , Akira demeure - bientôt 30 ans après sa sortie - une œuvre monumentale, à classer parmi les plus grands chef d’œuvres de l'art cinématographique. Bien qu'il ne couvre que le premier arc narratif du manga dont il est issu, le film d'animation est servi par une bande son exceptionnelle, une technique et des doublages irréprochables.
Satire sociale dystopique d'une pertinence rarement égalée, Akira critique au vitriol la société japonaise, à la fois quant à son modèle éducatif étouffant, ses rapports générationnels archaïques, l’ambiguïté des rôles respectifs de l'argent, de la technologie et de l'armée dans le japon moderne ou encore sa démographie, déjà en chute libre à l'époque.
Katushiro Otomo saisit avec une acuité extraordinaire l'âme d'une époque, en premier lieu au Japon mais, plus généralement, dans l'ensemble des sociétés industrialisées.
L’œuvre explore un champ thématique extrêmement large : les dangers de la science, l'abandon d'une frange de la jeunesse, le rapport de l'homme à la violence, les risques liées aux armes de destruction massive, le rapport fraternel, la religion et ses dérives, le militarisme, l'impact des produits stupéfiants sur la société moderne, la corruption du monde politico-financier, la révolution contre le pouvoir, etc..
Ce foisonnement n'est jamais indigeste et créé au contraire un lien entre ces différents domaines pour former un tout cohérent qui lui donne toute sa force.
Au-delà de sa dimension politique, Akira ne perd rien de la poésie désenchantée et du pessimisme mélancolique propres à son auteur, à travers le prisme d'adolescents livrés à eux-mêmes et d'enfants qui n'en ont que l'apparence.
Œuvre intemporelle et géniale à tous les niveaux, Akira est un incontournable du cinéma (et non du seul sous-genre de l'animation).
Pour conclure sur une anecdote personnelle : ce film, que j'ai vu plus de 150 fois en salle à l'époque où il était en diffusion permanent à paris, m'a tellement marqué que j'étais en état de choc, assis sur un banc à sa sortie pendant plus de deux heures, incapable de parler. Chacun de mes enfants porte en second prénom celui d'un personnage central de l’œuvre. Au-delà de ses qualités techniques et scénaristiques, Akira est avant tout l'une de ses œuvres majeures capables, si vous lui an laissez le loisir, de bouleverser vos conceptions intellectuelles et votre vision du monde.
Un chef-d’œuvre.