En quelques minutes fulgurantes d'efficacité, Akira se pose d'emblée comme une oeuvre à part. Tout est fait pour aider le spectateur à oublier qu'il est devant un dessin animé. Les mouvements des protagonistes, leur animation fluide, naturaliste et sobre leur donne une consistance, une réalité, qu'aucun autre D.A n' jamais su créer.
La scène d'ouverture du bar pose tout: personnages, contexte, ambiances, dans une formidable démonstration de mise en scène.
Puis, en une poignée de plan titanesques de Neo-tokyo by night, Otomo met une grande tarte dans la tête du spectateur: on est pas là pour rigoler !
Et en effet, au cours de deux trop courtes heures, il nous livre une oeuvre majeure, qu'il serait injuste et réducteur de catégoriser "manga SF".
Non, Akira est un vrai film, qui s'impose comme un jalon dans la SF, un film séminal, puissant, d'une mise en scène sobre, hargneuse, racée.
En plus, Akira à le bon gout de ne pas prendre son spectateur pour un neuneu. Le scénario est complexe, cherché, avec de multiples niveaux de lecture. Oui, entre deux scènes de destruction massive hallucinantes de maitrise, il faut se creuser le citron, être attentif aux dialogues et à la psychologie des protagonistes.
Ce n'est pas juste un film de "monstre qui gonfle" et de "gamins qui font péter des chars". C'est bien plus ambitieux que ça, et la fin, si abstraite pour beaucoup, achève quiconque à un coeur et à assisté au calvaire de Tetsuo, dévoré par un pouvoir qu'il aurait voulu l'outil de son émancipation.
Le son de sa voix, apaisée, déclamant "je suis tetsuo" laisse à chacun la libre interprétation des événements auxquels il vient d'assister.
C'est beau un film qui fait appel à notre cerveau !
Pour en finir, l'alchimie quasi-miraculeuse entre la musique et l'image est, sans conteste, la cerise sur le gâteau, et la marque d'une oeuvre pleine et achevée.
Ouais, définitivement beaucoup plus qu'un simple "manga".