Leçons de ténèbres s'ouvre sur une citation de Blaise Pascal, indiquant que le système solaire allait finir comme il a commencé, dans la beauté. Le lien avec le film ? La Terre fait partie du système solaire. Il ne faut rien de plus pour que Herzog filme, quasiment sans interventions de sa part, des paysages magnifiques sur fond de musique wagnérienne. Mais ces paysages sont en réalité les puits de pétrole koweïtiens ayant pris feu. D'où le lien avec Pascal.
On assiste à l'absurde beauté du monde, qui détruit tout... tout est envahi par ce pétrole, qui, vu du ciel, semble si beau. On voit ces hommes au travail, et j'aime voir les hommes travailler, prêts à prendre des risques, à s'embourber dans le pétrole, à ressortir et dégoulinant... Ce travail qui devient petit à petit le sens de leur vie. Si bien que lorsque l'on a trouvé comment éteindre ces feux, comment canaliser ce pétrole qui jaillit, il n'y a plus qu'une seule solution : tout enflammer à nouveau afin que la vie reprenne son sens.
On a très peu de témoignages, deux, si j'ai bien compté. Et là c'est très intéressant de faire le parallèle avec un navet du genre Human de YAB. Ici on n'a pas l'impression, malgré la beauté des feux, de voir une pub pour Canon, nouvelle imprimante aux couleurs éclatantes... Ici Herzog laisse parle, laisse s'exprimer, et surtout ne coupe pas lorsque la personne termine de répondre. Il filme dans leur environnement, pas dans un décor neutre... Ce qui fait que tout à coup, ces gens existent, ils sont là, on comprend ce qu'ils disent, ce qu'ils pensent, ce qu'ils ont vécu (enfin si on peut le comprendre). C'est ça que j'aime dans un documentaire, c'est voir ces moments informels, ces moments où on sort du cadre, on filme les petites choses, les détails, où il ne se passe rien, alors on regarde l'homme (enfin, dans ce cas, la femme).