Aki Kaurismaki est encore ici au début de sa carrière et il n'a pas trouvé dans tous ses opus le style qui fera sa marque de fabrique.
" Go America" reprend une partie du casting de "calamary union" ( un des opus les plus faibles du cinéaste) pour proposer un vague regard sur les usa, à partir d'un groupe russe qui part en tournée de NYC jusqu'au Mexique.
A part la présence de Jim Jarmusch dans le petit rôle d'un vendeur de voiture et une version réussie de " born to bé wild" des Steppenwolf, cet opus réalisé l'année de la chute du mur de Berlin, manque sa cible.
Les gags ne sont pas formidables et ne sont pas à la hauteur du talent encore en dent de scie du réalisateur finlandais.
Le seul moyen d’imaginer une comédie de la part d’un gars qui a fait une trilogie toute tristoune sur le prolétariat finlandais, c’était qu’il renoue avec l’absurde de Calamari Union, où figuraient d’ailleurs déjà les proto-Leningrad Cowboys. Kaurismäki est responsable de l’existence aussi bien du film que du groupe, ayant eu la chance que son sens de la plaisanterie soit pris au sérieux dans les deux arts & lui permettant de produire cette œuvre parfaitement complémentaire méritant plus que nulle autre l’épithète de comédie musicale.
Création qui ne fait pas exprès d’être internationale, elle est de ces ovnis brillants nés d’une blague prise suffisamment au sérieux pour séduire exactement l’audience qu’il faut pour la rendre mystérieuse & exubérante sans qu’elle se décompose sur place, telle une étude à la fois solide & sans substance dans le registre lynchéen mais cocasse, cohérente en elle-même comme si elle contenait l’entièreté de son propre sous-genre ; comment en serait-on arrivé sinon à faire patauger un idiot du village finlandais dans le bayou de Louisiane à la recherche d’un groupe de polka-jazz-rock nourri d’oignons qui traverse les États-Unis avec des coupes pompadour ?
C’est aussi une œuvre du voyage, qui a le courage d’aborder le genre apparemment infini du road trip afin d’emporter son monde de la taille d’une voiture à des endroits où il pourra exprimer tout le bien-être d’un cinéma libéré, de bric & de broc mais très humain – de quoi retomber sur l’obsession de Kaurismäki pour le monde des travailleurs, mais sous un regard insouciant qui semble vraiment lui & qui commençait à lui faire défaut. C’est non seulement un monument accompli de l’absurde mais une biographie fictive des Leningrad Cowboys qui est… loin d’être fausse.
Complètement déjanté c'est le mot,complètement stupide c'est encore le mot et pourtant c'est un spectacle délectable. Apparenté à un film muet musical,il y a tant à voir et à écouter que le temps passe vite. C'est aussi du pur kaurismäki ,dans un autre registre car il ne se prive pas ,grace à des plans larges, de montrer le mauvais coté américain tel qu'il es,t. Dans ce film,on fume,on boit,on prend la vie comme elle vient sans s'occuper de rien ni de personne mais on est si copain qu'on amène partout un cousin congelé...Il faut oser. Je ne pense pas que cela soit le hasard que le mur de Berlin soit tombé la même année ni que Jim Jarmusch joue un petit rôle (le vendeur de voitures) dans cette oeuvre ultra libertaire. Le réalisateur est trop engagé pour que ce film « n'importe quoi » n'ait pas un sens qui pourrait être :mieux vaut cela qu'une dictature. C'est un OVNI à voir pour son coté comique,sa poésie et aussi sa tendresse devant les choses simples: comme ce musicien dont une photo de son tracteur lui tient lieu de petite amie restée au pays.
Revu plus de 25 ans après sa sortie. Je me souvenais que ce film m'avait déçu, parce que j'étais déjà un inconditionnel de l'univers de Kaurismaki et que ce dernier me semblait moins à l'aise dans la comédie pure. Pourtant, ce premier opus des Leningrad Cowboys n'a pas du tout vieilli. Il a même acquis une patine qui le rend attachant, tout comme la prestation de cette troupe de pince-sans-rire, bien souvent hilarants, à l'image du génial Matti Pellonpää, alter-ego du cinéaste hélas disparu depuis. Certes, tout cela est répétitif, mais à l'image des burlesques du temps du muet, crée une dynamique qui finit par emporter l'adhésion (comme la capacité du groupe à adapter son répertoire à l'audience d'un soir). Ma scène préférée reste celle où leur seul fan, compatriote abandonné qui a suivi les Cowboys en Amérique, demande à se faire coiffer d'une "banane" à un barbier incrédule.
Le film mérite d’être mis dans son contexte : il est tourné au moment de la glasnost, de l'ouverture et de la libéralisation de l'Union soviétique. On a un mélange très particulier de burlesque et d'absurde froid, pas très loin de certaines bandes dessinées. Ça donne des moments très drolatiques (ah l'ouverture dans la toundra, avec apparition d'une guitare électrique et d'un rocker en dessous, au milieu de tracteurs dignes de la grande imagerie soviétique !) mais aussi pas mal de longueurs entre. C'est intéressant mais un peu vain.
Un chef d'oeuvre d'humour froid slave. Ce petit film de la tribu finlandaise des Kaurismaki où l'absurde cottoie constament le grotesque nous sort un peu des sentiers battus cinématographique. Les Leningrad Cowboys (groupe existant rééllement) se sont forger assez facilement grace à leur look et au film le statut du plus mauvais groupe de rock au monde (ce qui est très exagéré mais très bon pour le marketing). Si vous ne les connaissez pas encore, préparez-vous à une rencontre hors du commun.
Ce road-movie musical est aussi décevant que les autres épisodes de la série "rock’ n roll burlesque" des Leningrad Cowboys. Basé sur un humour noir basé sur une parodie de l’ouverture de l’ex-URSS sur la culture occidental, les bons gags sont rares et, finalement, seul le look des personnages est véritablement amusant. Trop de paradoxes empêchent au film d’être efficace : D’une part, le groupe est présenté comme mauvais alors que la BO n’est pas mal et, d’autre part, Kaurismäki dirige ses acteurs ici pareils que dans ses autres films, or si la retenue de jeu des acteurs rend ses drames sociaux plus crédibles, il n'est pas approprié dans une telle comédie.
Un film énigmatique, sorte de road-movie muet et musical retraçant la tournée misérable aux USA d'un groupe sans le sou venu des confins de la Sibérie. Souvent touchant, drôle par endroit, on culpabilise presque de rire des mésaventures de ces bons musiciens embobinés par un manager véreux. Au fond, c'est plus mélancolique que comique.
J'ai adoré ce film tout comme la série des Leningrad Cowboys : l'humour toujours décalé tout en abordant des thèmes bien sérieux (les rapports entre le manager et le groupe est fantastique, nous renvoyant directement à l'attentisme dans les sociétés démocratiques par ex).
Ce road-movie musical nous montre à quel point Kaurismaki est unique et talentueux.