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Hotinhere
569 abonnés
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2,5
Publiée le 16 juillet 2023
Entre polar noir et mélo, la fuite en bout de course d’un amour en liberté conditionnelle, ternie par un scénario invraisemblable malgré une idée de départ séduisante et un rythme soutenu. 2,25
Douglas Sirk à la réalisation, Samuel Fuller au scénario et un résultat en demi-teinte. Le récit de Fuller a été retravaillé par les studios et probablement pas pour le meilleur. Sirk y trouve sans doute son compte, puisque ce petit film noir ressemble pour une large part à un mélo, alors que ce personnage de femme marquée annonce en quelque sorte ceux de Barbara Stanwyck dans All I Desire ou Demain est un autre jour. Le problème est que les deux genres se marient mal, surtout sur une durée aussi courte. Beaucoup de rebondissements sont expédiés au mépris de la vraisemblance et l’ensemble reste assez prévisible. Le film est quand même agréable, bien interprété, honnêtement filmé et pas inintéressant.
Avant de devenir le maître du mélo flamboyant, en fin de carrière, Sirk a tourné, entre autres, quelques excellents films noirs (Des filles disparaissent, L'homme aux lunettes d'écaille), au style plus impersonnel mais impeccables et souvent originaux. Jenny femme marquée, qui joue sur les doubles personnalités de ses héros, est habile à brouiller les cartes jusqu'au dénouement, imprévisible. De la belle ouvrage, servie par un Cornel Wilde crédible et surtout une Patricia Knight plus que photogénique qui préféra la tranquillité familiale à une carrière hollywoodienne (seulement 5 films à don actif).
Ça commence comme un film noir avec une mise en scène grandiose, les plans sont étudiés au cordeau et les trouvailles abondent; Sirk s’applique et puis d’un seul coup le film vire au mélodrame, c’est plus fort que lui, Sirk ne peut pas y résister. Il se laisse alors entraîner par son scénario et ses acteurs et soigne moins sa mise en scène qui garde cependant un excellent niveau. On quitte la réalité pour le roman avec une situation digne de Corneille et la révélation à nos yeux et aux yeux de l'héroïne de la vraie nature de l’homme qui a une emprise absolue sur sa volonté. C’est loin d’être évident à jouer pour Patricia knight alors que toutes les lumières du film est dans ses mains. Une meilleure comédienne nous aurait entraîné dans ses émotions, ce n’est pas le cas. Il reste cependant de beaux moments et une fin réussie (elle aurait été ratée dans le contexte film noir mais pas dans celui du mélo) malgré le ‘’happy end obligé’’ qui annoncent la suite de la carrière de ce grand réalisateur.