Trois ans après avoir clôturer l'haletant tournage du premier volet de la franchise Indiana Jones, Les aventuriers de l'Arche Perdue, Steven Spielberg, George Lucas et Harrison Ford rempilent pour une nouvelle aventure, cette fois, mais cela n'a plus la moindre importance, sous forme de préquel. Le temple maudit s'affiche clairement comme un concentré d'aventure ne rendant que très peu hommage à la tradition propre au docteur Jones, initiée précédemment et que l'on retrouvera sur la dernière Croisade. Ici, l'archéologue est un individu détaché de toute appartenance, un baroudeur errant en quête de gloire, de fortune, comme il le dit lui-même. D'une altercation improbable dans un cabaret de Shangaï, Indiana Jones se retrouve rapidement rescapé d'un crash en pleine Inde profonde, prédestiné, en compagnie d'une drôle de bonne femme et d'un charismatique gamin, à sauver la population locale d'une malédiction.
Point d'introduction poussive, pas de rhétorique sur le valeur quelconque d'un trésor, le Dr. Jones n'est pas ici de son plein gré et il se doit de composer avec les circonstances et les personnalités qui l'entourent. Oui, Steven Spielberg et George Lucas se sont lâchés, conscients du risque d'une dépersonnalisation de leur héros mais certain de l'atout d'un film d'aventure hyper rythmé, un film ou l’improbable côtoie le rêve, ou l'action succède à l'humour, l'horreur et la cruauté à la comédie. Oui, d'une scène sacrificielle d'une violence étonnante à une course poursuite en chariots, on nous entraîne pour assister à un repas hilarant, à une suffocante confrontation sur un tapis roulant, sans parler d'une chute du ciel à l'intérieur d'un canot de sauvetage. Tout y passe, et plus important encore, tout y est assumé, parfait ersatz de divertissement, essence même de la notion de rêve que vendait Hollywood durant ces fastes années.
En dépit de sa relative perte d'identité, le héros du moment n'a rien à voir avec celui que le public aura découvert en 1981, le charisme d'Harrison Ford explose littéralement, dans un tourbillon de grâce d'interprétation et d'intelligence. Kate Capshaw, depuis lors madame Spielberg à la ville, implique une intrusion perpétuelle d'humour dans une aventure qui n'aurait que semer horreur et esprit de vangeance derrière elle. La recette du succès est savamment dosé, un must qui pourtant aura laissé quelques fans sur le bas cotés, certains floués d'avoir perdu leur Indiana Jones au profit d'un aventurier bourrin auquel on ne peut fixer d'attaches. Oui, le temple maudit est un cas à part, un film complet et saisissant qui trouve pourtant sa place dans une franchise pourtant majoritairement différente de celui-ci.
Peu importe l'esprit critique qui voit en ce temple maudit un film au raz des pâquerettes, un film improbable, composer d'un ensemble de scènes d'action improbables. N'ayons pas peur de le dire, Le temple maudit est un chef d’œuvre d'inventivité, une ode au rêve et aux espoirs d'un cinéma fous mais charismatiques. Pour toutes ces raisons, l'histoire n'oubliera pas la confrontation d'un héros occidental, le chapeau vissé sur le tête, une barbe de trois jour, un accoutrement de cowboy et d'une poignée d'hindous retombés dans les vices d'une secte séculaire. Un pur moment de plaisir coupable. 18/20