L'Utah enseveli sous la neige, à la veille du XXe siècle. Un monde reculé, presque perdu, ou la civilisation déjà restreinte à quelques baraques en bois ployant sous la neige, est encore amoindrie par ce suprême déchirement de la faim qui tenaille les malheureux. L'hiver est rude ; il n'épargne personne. Portée au vol par nécessité ou par égarement, une part l'humanité de cette contrée se meurt. Elle est la cible de chasseurs de prime sans foi ni loi, des hommes qui remplissent leurs contrats en abattant de sang froid leurs victimes pour ne pas s'en "encombrer" - les ramener vivantes. Ils comptent ainsi exécuter les primes à la chaine, afin de maximiser leurs gains. Contrastant avec la blancheur du paysage ensommeillé, cette noirceur du comportement humain rencontre pourtant un obstacle : Cet homme silencieux, décidé à mettre un terme à l'injustice. Dangereux car déterminé et incorruptible, il est l'archétype de ce bien, imperceptible mais qui rode, prêt à frapper le mal au cœur. Le Grand Silence, c'est cette tension fondamentale qui précède le moment fatidique ou l'équilibre devra être rétabli. Mais c'est, également, le signe d'une absence : Celle de l'état de droit, et de son autorité. Alors, ne reste plus qu'à ceux qui en ont les moyens de se dresser, tant qu'ils le peuvent. Affrontant gravement menace, peu importe leurs chances de succès. La lutte est évidemment inégale ; face à des hommes sans honneur ni morale, le héros est démuni. Ses principes ne peuvent lui être d'aucun secours. Le final révoltant de cette histoire ne désavoue pourtant pour son choix, bien au contraire : Il le magnifie. Dans ce combat constant du bien contre le mal, la décision penchant tantôt de ce côté-ci, tantôt de ce côté-là, Le Grand Silence qui s'est tût, brutalement balayé par une explosion de violence, ne restera pas longtemps sans serviteurs. D'autres personnes surgiront, prêtes à se battre pour faire triompher le bien.