L'Enfer : les secrets du tournage

L'Enfer est le deuxième long-métrage de Danis Tanovic. No Man's Land qu'il a précédemment réalisé lui a valu le Prix du Scénario en 2001 au Festival de Cannes.

Ecrite par le cinéaste Kryzsztof Kieslowski, la trilogie "Le Paradis" "L'Enfer" "Le Purgatoire" devait être adaptée au cinéma par son auteur et son scénariste, Kryzsztof Piesiewicz. Mais le réalisateur polonais décède en 1996 alors que son projet n'a pas abouti. Danis Tanovic s'est inspiré de l'idée originale de Kryzsztof Kieslowski pour son deuxième long-métrage L'Enfer, adaptation du deuxième volet de la trilogie.

"Le Paradis", premier volet de la trilogie est le seul pour lequel Krzysztof Kieslowski a écrit un scénario. Le cinéaste allemand Tom Tykwer à qui l'on doit Cours, Lola, cours en a réalisé une adaptation : Heaven (2001), qui réunit Cate Blanchett et Giovanni Ribisi. Mais, le film n'obtient pas le succès escompté et conduit à un échec commercial. La société Miramax des frères Weinstein qui l'a produit décide alors d'abandonner les deux autres scénarios. Il y a un an, leur option sur les droits du "Purgatoire" et de "L'Enfer" ont expiré.

Après s'être intéressé de près au conflit bosniaque dans No Man's Land, le réalisateur s'exprime sur son choix d'adapter L'Enfer: "Après une première lecture avant le tournage de No Man's Land, j'avais plutôt été tenté par une adaptation du "Purgatoire", dont le thème sur la guerre me concernait plus directement à ce moment-là (...) En fait, entre temps, je me suis marié, je suis devenu père...Le sujet me parlait différemment, je découvrais de nouveaux centres d'intérêts. J'étais surtout séduit par cette approche intime des personnages féminins, jusque-là mes films tournaient autour de personnages masculins plongés dans des conflits guerriers." A 35 ans, Danis Tanovic va bientôt être le père d'un troisième enfant.

L'Enfer aborde le sujet complexe des liens familiaux, le cinéaste s'explique : " Leur drame vient du non-dit qui s'est installé entre elles. (...) Ces quatre femmes vont se rapprocher en reprenant un dialogue interrompu. Etre adulte, c'est s'affronter soi-même, se confronter à ses propres questions, à sa propre vérité. (...) Le film montre aussi que la société occidentale européenne a perdu la notion de famille."

Kryzsztof Kieslowski et Kryzsztof Piesiewicz avaient respectivement situé "La Paradis", "Le Purgatoire" et "L'Enfer" en Italie, en ex-Yougoslavie et en France. Un choix respecté par les réalisateurs puisque Tom Tykwer a tourné Heaven en Italie et Danis Tanovic L'Enfer en France.

Le tournage de L'Enfer a eu lieu à Paris d'octobre à décembre 2004. Une partie du film a eu lieu dans les rues de la capitale notamment dans le quartier du Père Lachaise, l'autre en studio. Cette partie du travail en intérieur a conduit à un travail minutieux de la part de la chef décoratrice, Aline Bonetto. Elle a reconstitué à l'identique un étage de l'hôtel, "L'Hôtel" à Saint Germain des Près. Lieu où se trouve l'escalier en spirale présent en arrière-plan sur l'affiche du film.

Emmanuelle Béart a auparavant tourné dans un long-métrage intitulé L'Enfer réalisé par Claude Chabrol. Elle y incarnait une jeune mariée confrontée à un époux jaloux. Un film sans rapport avec L'Enfer de Danis Tanovic.

Chacune des trois soeurs a inspiré à Danis Tanovic une couleur. Pour Sophie l'aîné interprétée par Emmanuelle Béart , "c'est le rouge de la passion, de l'amour, de la jalousie", pour Céline, incarnée par Karin Viard , "c'est le bleu de la tristesse, de l'attente, de la mélancolie", et pour Anne la cadette jouée par Marie Gillain , "c'est le vert de l'innocence et de l'éclosion". Ces trois couleurs sans être clairement affichées sont déclinées tout au long du film.

Emmanuelle Béart évoque les conditions de tournage et ses rapports avec le réalisateur " Comme nous avions des périodes de tournage séparées, Danis a eu l'intelligence de faire croire à chacune de ses comédiennes qu'elle était "la" femme du film. " Karin Viard , elle a été marqué par la personnalité de Danis Tanovic " Il a en lui quelque chose de tragique, de cassé et en même temps d'extrêmement vivant, il est plein d'énergie et de drôlerie." Et pour Marie Gillain ce fût " Un plaisir immense et enfantin d'être dirigé par Danis."